Connaissez-vous l'Ambrosiana? Non? J'enétais sûr. Eh bien vous avez tort! En plein cœur de ce qu'il restedu Milan ancien, vous avez là une collection restée pratiquementintacte depuis la première moitié du XVIIe siècle. Il y a eu en1618 le don du cardinal Federico Borromeo. Ce cousin de saint CharlesBorromée avait du goût et des moyens. L'institution peut du coupprésenter une exposition autour de Léonard de Vinci et une autreavec une unique œuvre de Raphaël. Mais de taille! Le cartonoriginal pour «L'Ecole d'Athènes», une fresque 1509-1510 setrouvant à la Chambre de la Signature au Vatican, mesure plus de dixmètres de large.
Le public doit se promener dans unesorte de labyrinthe, après avoir trouvé l'entrée du musée. Certaines parties de l'Ambrosiana restent un peu vétustes. D'autresont subi un bain de jouvence. Un soin effrayant a été accordé àl'éclairage. Il y a tellement de «leds» sur certains tableaux quele visiteur se demandent s'il s'agit bien de l'original, et non pasd'une enseigne publicitaire projetant sa lumière. La célébrissimenature morte du Caravage a un côté presque fluo. Sa vision nécessiterait presque des lunettes de soleil.
Les années françaises
En ce moment l'Ambrosiana fait doncdoublement parler d'elle pour des événements. Le premier est laprésentation, dans l'antique bibliothèque épargnée par lesbombardements de 1943, d'un certain nombre de feuillets des annéesfrançaises (1516-1519) du «Codex Atlanticus» de Léonard de Vinci.Compilé par Francesco Melzi, l'élève de Léonard, vendu par sesenfants, le manuscrit a ensuite passé dans les mains du sculpteurlombard Pompeo Leoni avant d'arriver entre celles des Borromée. Ilne compte pas moins de 1119 feuillets manuscrits, ce qui faitbeaucoup de dessins. Techniques. Nous ne sommes pas dans le même casde figure que pour les feuilles figuratives appartenant à la reined'Angleterre, qui en expose en ce moment 200 à la Queen's Gallery deLondres. Des pages qui ont elles aussi transité par Leoni.

Sous verre, il y en a donc un certainnombre de croquis, bien choisis. La salle abrite en son bout le«Portrait d'un musicien» de Vinci, qui appartient aussi àl'Ambrosiana. Une réalisation de jeunesse très demandée cetteannée. Le plus extraordinaire est cependant d'entrer les doigts dansle nez (ce qui n'est pas très bien élevé, je sais) dans l'institution,sans contrôle et en deux minutes. Quand je pense que les gens sebattent déjà pour pouvoir entrer dès le 24 octobre, si tout vabien, dans l'exposition du Louvre. Mais comme je vous l'ai déjàsignalé, on pénétrait tout aussi facilement dans l'expositionVinci de l'Accademia de Venise.
Une immense salle toute neuve
Avant d'en arriver là, le visiteur adû dénicher l'immense salle où se cache le Raphaël. Uneinstallation toute neuve, puisque l’œuvre est revenue derestauration en mai. Il s'agit d'une rare trace du maître lui-même.Federico Borromeo en était conscient. Il écrivait en 1618: «Il y adeux grands cartons de Raphaël, que les amateurs sont en devoir dechérir, car il n'y a aucun doute sur leur authenticité. Si lapeinture n'est qu'attribuée à Raphaël, vu les nombre d'aides dontl'artiste s'entourait, il reste sûr que les grands cartonspréparatoires sont de sa main.» Pourquoi deux? Le catalogue, quej'ai survolé, n'en dit rien. En a-t-on perdu un? Composé de 210feuilles de papier collées sur un support, «L'école d'Athènes»était-elle alors divisée en deux parties? Mystère. Je rappelle que les septautres cartons connus de Raphaël, conçus pour «Les actes desapôtres» tissés à Bruxelles puis à Mortlake, se trouvent auVictoria & Albert de Londres. Un prêt d'Elizabeth II, qui détient décidément davantage de choses que tout le monde.

L’œuvre est présentée sous unevitre antireflets au fond d'une salle, aménagée par l'architecteStefano Boeri. La paroi, à l'entrée, montre le film sur larestauration, menée sur quatre ans, par toute une équipe placée sousla direction de Michele Micheluzzi. Une grande table de réfectoireancienne, entourée de sièges, permet de consulter des livres sur l'artiste. Difficile de faire mieux. L’œuvre qu'on peut aller voirde très près se révèle de plus absolument admirable.
Pratique
Veneranda Pinacoteca Ambrosiana, piazzaPio XI, Milan, l'exposition Vinci durant jusqu'au 15 septembre. Tél.0039 02 806 921, site www.ambrosiana.it Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
N.B. Mon texte sur l'église San Lorenzo de Venise a connu des problèmes techniques. Il est aujourd'hui débloqué.... et donc lisible.
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L'Ambrosiana montre à Milan des dessins de Léonard et le carton de Raphaël
Ce musée un peu secret possède le "Codex Atlanticus", dont il montre quelques feuilles. Il a aussi l'esquisse "L'Ecole d'Athènes", récemment restaurée.