Quelle semaine! Du lundi 25 mars audimanche 31, Paris aura vécu sous le signe du dessin. Ancien.Moderne. Contemporain. Je vous en avais déjà parlé sous formed'annonce. Bien entendu, une partie de ce que j'avais dit s'estrévélé fausse. C'est toujours ainsi quand on se lance dans lavoyance. Et comme, en plus, tout le monde n'informe pas avec larigueur voulue, il peut y avoir des confusions! J'ai ainsi découvertun quatrième participant suisse au Salon du Dessin. Il s'agit dugenevois Reginart. Carine Tissot se situe toujours quelque part dansles coulisses de Drawing Now. Il y a enfin eu davantage de ventes auxenchères encore que prévu. Un après-midi, l'Hôtel Drouot enproposait ainsi trois à la même heure. Voilà ce qui s'appelle dela concertation!
Autrement, tout s'est déroulé selonle rituel habituel. Une centaine d'élus se sont retrouvés le lundi auCabinet des arts graphiques du Louvre, aujourd'hui dirigé par XavierSalmon. Les galeristes avaient à ce moment-là déjà présentéleurs trouvailles chez eux, hors Salon. Il s'agit pour eux de sesituer aussi en amont que possible afin de trouver des bourses encorepleines. De belles feuilles génoises se voyaient chez EmmanuelMarty de Cambiaire dans une arrière cour, très chic tout de même,de la place Vendôme. Un tutti frutti de luxe garnissait rueSaint-Honoré les murs de Nicolas Schwed. Une collection àdisperser se retrouvait chez Benjamin Peronnet, qui vient d'ouvrirson officine dans d'anciens bureaux rénovés, près de laBibliothèque Nationale (1). En général, le meilleur s'était déjàvendu, et bien vendu. J'ai notamment noté là deux lavis fabuleux deFragonard. Saisis au vol.
Peu de chefs-d'oeuvre
Après le Louvre, qui présentaitnotamment ses nouvelles acquisitions (dont un Cornelis Troost achetéla peau des fesses à New York), le Salon du dessin se vernissait lemardi soir dans l'ex-Bourse. Un endroit idoine pour les jeuxd'argent. Il y avait là 39 marchands. Une qualité moyenne au dessusde la moyenne, mais peu de chefs-d’œuvre. Ils se font rares dansle domaine de l'ancien. Notons qu'ils sont en général vite partis.Un Bernardino Lanino à faire tomber les chaussettes (il s'agit, pourceux qui ne le sauraient pas, de l'un des plus grands peintrespiémontais du XVIe siècle) s'est vu happé d'emblée chez le vétéranJean-Luc Baroni, associé pour l'occasion au sémillant Marty deCambiaire. Idem pour les deux Lanfranco l'encadrant. Des études pourdeux pendentifs de Santo Andrea della Valle. Une référence en ce quiconcerne le premier art romain baroque. Dans un genre plus facile, ungrand Guardi signé s'envolait chez les Aaron. Venise resteratoujours Venise...

Laissés dans l'ombre (les marchands sepromènent en général avec une liste déchiffrable d'eux seuls), lesprix étaient sans doute au niveau des attentes. Enormes. Mais il yen avait d'autres qui sentaient le cou monté, pour ne pas dire lecoup monté. Avec 925 000 euros, vous êtes tout de même en droitd'avoir un sommet de la création du Belge Léon Spilliaert. Ils'agit d'un grand artiste symboliste, dans le genre dépressif ayantperdu son tube de Prozac. Eh bien, ce n'était pas le cas chez Lanczde Bruxelles! Une feuille de François Boitard, qui anticipait vers1700 les artistes bruts, vaut normalement dans les 2000 euros. Venude New York, Christopher Bishop demandait pour le sien (il est vraiparticulièrement grand) 63 250 euros, «vu la conversion du dollar».J'ai d'abord cru que j'avais vu un chiffre en trop. C'était quasi lemême prix qu'un superbe autoportrait à l'huile sur papier d'AntonioMancini chez Pandora et davantage que la sublime maternité deCharles Angrand chez Jill Newhouse. Allez y comprendre quelque chose,même un verre de champagne à la main!
Abstraction dure et hyper-réalisme
Jacques Elbaz proposait, à des tarifsmusclés, les œuvres en couleur de Jean-Baptiste Sécheret, né en1957. Du contemporain figuratif très sage. Ce «solo show» auraittout aussi bien ou se retrouver à Drawing Now, ouvert aux invitésle lendemain. Septante deux galeries (soixante-douze puisque nous sommes en France). Le haut de gamme aurez-de-chaussée du Carreau du Temple. Le fond du panier (comprenezpar là des émergents) dans les sous-sols. Comme je vous l'ai déjàdit, cette foire s'est gentryfiée, même si ses organisateurspréfèrent dire qu'elle est «aujourd'hui mieux installée». Laprésence d'entreprises comme Lelong, Thaddaeus Ropac, Xippas ouKarsten Greve accentuaient cette impression d'art arrivé. Peu de maisons suisses présentes, à part la Galerie C de Neuchâtel. Une habituée. Deuxtendances lourdes chez les artistes. D'abord une abstraction pure etdure. Et, comme les années précédentes, un hyper-réalisme à mêmede démontrer le beau métier. J'avoue avoir été soufflé par celuide João Vilhena, qui remplissait les cimaises d'Alberta Pane.D'immenses compositions basées, mais en partie seulementaffirmait-il, sur des photos volées sous les toits de Paris. Celadit, pour en revenir à mon propos précédent, biens des standsm'ont semblé interchangeables avec ceux des participants les plusmodernes du Salon. Le caricaturiste Chaval, dont je vais vousparler bientôt était ici chez Semiose. Pourquoi pas à la Bourse, aprèstout?
Un jour encore, et c'est DDessins quiest entré dans la danse. L'endroit, situé au fond de la cour du 60, rue de Richelieu restaittoujours aussi séduisant. Mais là aussi, l'embourgeoisement menaçait, même s'il n'y avait strictement aucune publicité.Bob Vallois, qui fut un des rois de l'art Déco avec son épouseCheska (une dame aux allures de cartomancienne) y était représentés avec sa nouvelle galerie de dessins contemporains! Il y avait heureusement aussi des débutants, comme Georges Franck, que j'aiconnu dans l'art ancien. Et bien d'autres, exposant avec plus aumoins de succès. Il n'en s'agit pas moins d'un vivier pour lescréateurs présents et surtout à venir. Comme me le martelait la directrice, histoireque je fasse passer le message, bien des gens «aujourd'hui souscontrat dans des grandes galeries parisiennes ont commencé là.» Ily avait du coup des prix très doux. Mais pas toujours! C'est touteune nouvelle génération de collectionneurs qu'il s'agit pourtantaujourd'hui de former.
Je vais maintenant refermer la page.Pause entracte. Une case plus bas dans le déroulé de cettechronique, je vous raconte en effet les ventes. J'y étais. Du moinsà quelques-unes.
(1) Dans le même immeuble du 10, rue de Louvois, le Lyonnais Michel Descours va prochainement installer une antenne. Il ne gardera à Lyon que sa galerie et sa librairie, renonçant ainsi à son magasin d'antiquités et son "Antiquariat" de livres d'art d'occasion.
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La Semaine du Dessin à Paris, du côté des trois Salons
Salon du Dessin, Drawing Now, DDessins. Tout s'est chevauché, il y a quelques jours. L'ancien garde la cote. Le contemporain s'embourgeoise. L'émergent trouve tout de même sa place.