On les connaît par la photographie. Onen a souvent vus dans des expositions. Sa Gracieuse Majesté prêtevolontiers, même si la rumeur veut que ce soit à des conditionsfinancières drastiques. La Royal Collection, l'un des ensembles lesmieux gérés du monde, doit bien trouver de quoi vivre. Aujourd'hui,les dessins de Léonard de Vinci se retrouvent comme de juste à laQueen's Gallery de Londres. Du moins en bonne partie. L'album entréà la fin du XVIIe siècle en possession des co-souverains William etMary en comporte 550. Notez que si le Louvre assure avoir mis dix ansà organiser sa toute proche exposition Léornard de Vinci (1),Martin Clayton n'a ici eu besoin à mon avis que d'une petite semainede réflexion. Tout était là. Il suffisait d'extraire de cettemasse, ordinairement conservée à Windsor, 200 bonnes feuilles.
L'exposition a commencé en mai. Sanspanique. Sans réservation obligatoire. Sans «sur-booking». Nous nesommes pas à Paris. Ici, les gens sont des professionnels. J'ai donctenté ma chance, même si l'on peut naturellement prendre billet enligne. De passage dans la capitale britannique, je suis allé dèsl'ouverture à la Gallery, qui jouxte le palais de Buckingham. Fileraisonnable. Files au pluriel, du reste. L'une mène à la caisse, oùune employée de cette maison résolument multiculturelle porte levoile. L'autre conduit vers les salles, accessibles après unefouille en règle, effectuée par des gens extrêmement bien élevés.Mon billet ne sera pas pour toute suite. D'accord. Mais dans lajournée c'est possible. J'ai une heure fixe pour entrer. D'ici là,quartiers libres.
Tournée anglaise
Revenir un peu avant le délai ne sertà rien. L'exactitude est la politesse des rois. J'ai donc le tempsde me promener dans le «shop», où je note que le catalogue, en«paper back», coûte un peu moins de trente livres. La reine a desprix populaires. D'ailleurs le ticket d'entrée est moins cher (13,5livres) que dans les autres musées de la capitale. En plus, si je le garde, il me donne droit à une autre entrée gratuite dansl'année. Je lis en attendant, dans la préface signée par le PrinceCharles, que l'actuelle présentation s'est vue précédée pard'autres, partielles, dans douze villes d'Angleterre, d'Ecosse, duPays de Galles ou d'Irlande du Nord. Le tout ira ensuite àEdimbourg, où Elizabeth II a ouvert une seconde galerie. On sait que lareine, d'origine écossaise par sa mère, passe une partie de l'annéedans le nord d'un royaume semblant désormais désuni pour tout le monde saufelle.

Cette fois, je peux entrer. J'ail'impression d'avoir passé par la «gate» d'un aéroport, même sile lieu, inauguré en 200, se veut d'un luxe volontairement suranné.Les salles en haut de l'escalier de marbre ont été peintes de couleurs vives.Il y a du rouge pétard. Du bleu roi (une tonalité qui s'imposait).Un vert bien vert. Montés dans des cadres, les dessins figurent biensûr aux murs. Mais, vu l'abondance et la faible taille de nombred'entre eux, il y en a aussi sur des supports, placés au centre dessalles. Le parcours se veut si chronologique que le premier numéroest aujourd'hui donné à Verrocchio, le maître de Léonard. Unebranche de lys. La suite va de Florence 1481 à la France des années1516 à 1519. Certaines parties se révèlent tout de mêmethématiques. Il y a par exemples les dessins militaires ouscientifiques. Il s'agissait d'illustrer le spectre entier desintérêts de Léonard, ce touche-à-tout et ce finit-rien (oupresque).
Toutes les techniques
L'attention se focalise forcément surles chefs-d'oeuvre. Il y en a beaucoup. Ce sont des études dedrapés. Des chevaux. Des profils de femme. Des paysages souventtempétueux. Des caricatures. Le maître y utilise toutes lestechniques. Elles vont de la plume, reflétant l'ardeur des premièrespensées, à une sanguine se prêtant aux estompes. Il y a aussi lesclassiques associations d'encre noire et de rehauts blancs. Lesnombreuses études anatomiques, dont certaine sont ultra-célèbres,regroupent pour leur des croquis et des annotations, écrites commeon le sait à l'envers. Tout cela est sobrement montré. Très bienexpliqué. De manière claire. La Queen's Gallery possède le cotédidactique des Anglo-Saxons. Ces gens là ne se rengorgent pasd'effets de vocabulaire, comme nous. Ils n'oublient pas non plus quenombre de visiteurs gardent une connaissance assez sommaire del'anglais.

Je suis ravi d'avoir vu ce Léonard,comme j'ai eu le plaisir d'avoir dégusté à Venise «L'Homme de Vitruve»,presque seul, à l'Accademia. Ou le «Portrait de musicien» et desfeuillets du «Codex Atlanticus» en compagnie de quelques élèvespolonais à l'Ambrosiana de Milan. Parce qu'au Louvre, cesera coton. Tout a été fait afin d'attirer des foules. Et cela pour voir moins de choses que prévu au départ. Si unaccord a tout de même été trouvé in extremis avec l'Italie, qui menaçait deretirer ses billes, la Joconde elle-même (trop fragile) ne sera pasdu parcours. Le «Saint Jérôme», allez savoir pourquoi, a étéprêté par le Vatican à New York. L'Ermitage enverra la «MadoneLitta» à Milan cet automne (2). Les Offices (dont je dois bientôtvous parler des derniers aménagements) ne vont pas dégarnir leurnouvelle salle contenant notamment «L'adoration des Mages».J'ignore en plus si la version londonienne de «La Vierge auxrochers» sera présente. Pour la National Gallery, elle est en effet deLéonard «himself». Pour le reste du monde, il s'agit là d'uneoeuvre d'atelier. Le cartel du Louvre risque du coup de créer davantage qu'un incident diplomatique. Un crime de lèse-majesté. Un problèmequ'Elizabeth II se saurait bien évidemment commettre vis-à-visd'elle-même.
(1) Du 24 octobre au 24 février 2020. - (2) Elle sera du 8 novembre au 10février 2020 au Museo Poldi Pezzoli.
Pratique
«Leonardo da Vinci, A Life inDrawing», Queen's Gallery, Buckingham Palace, Londres, jusqu'au 13octobre. Tél. 0044 303 123 73 01, site www.rct.uk Ouvert tous les jours de 9h30 à 17h30 Puis dès le 22 novembre àHolyrood Palace d'Edimbourg. Fin le 15 mars.

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La Queen's Gallery de Londres montre 200 dessins de Léonard de Vinci sans bousculade
La Royal Collection détient 550 feuilles du maître depuis le XVIIe siècle. Ont été retenus les chefs-d'oeuvre, plus des études militaires ou scientifiques. Le tout ira ensuite à Edimbourg.