
C’est ce que l’on appelle une «joint venture», avec ce qu’elle peut offrir d’exotique. La Galerie des Bains, que l’on connaît surtout pour ses présentations de «street art» (qui n’est pas ma tasse de thé, pour autant qu’on boive encore du thé dans ces milieux-là), propose une exposition résolument classique. Presque Mamco, puisque nous nous trouvons à un jet de pierre du musée genevois d’art moderne et contemporain. Intitulée «Bush Off», elle regroupe des œuvres exécutées depuis les années 1960 sans pinceau. Tous les moyens semblent aujourd’hui bons aux artistes, même si la rétrospective Luca Giordano du Petit Palais de Paris a révélé qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Ce Napolitain des années 1600 peignait souvent dans sa hâte avec ses doigts.
Mais revenons à Genève, où l’accrochage propose aussi bien Hans Hartung (sa spatule n’est pas un pinceau) que François Morellet (maniant des grillages) ou John Armleder (présent avec des coulées). Le thème reprend l’idée développée par le critique Clement Greenberg en 1964. L’Américain avait alors parlé de «post painterly abstraction». L’année d’avant, en France, Martin Barré, récemment présenté au Mamco, avait posé sa palette. Il travaillait désormais à l’aérosol, qui constituait à l’époque une nouveauté. Bernard Frieze, récemment honoré à Beaubourg (je vous en ai parlé, rappelez-vous) mélangeait ses couleurs dans une cire posée en aplats. Certains monochromes allaient bientôt se voir exécutés au rouleau ou au pistolet, comme s’il s’agissait de peindre un mur. L’exposition en présente notamment deux d’Oliver Mosset, qui sera au Mamco dès la mi février.
Prix fixes
Des noms plus récents figurent bien sûr à l’affiche de cette collective. Ils vont de Katharina Grosse à David Ostrowski en passant par Jiri Georg Dogoupil, un artiste que Cédrik (avec un «k») Pagès Meylan, cofondateur de la Galerie des Bains, apprécie beaucoup. Ce lieu largement vitré se voue ainsi depuis 2018 à la création contemporaine, photo comprise. Il étalait il y a peu celle, grandiloquente, de David LaChapelle.

Un Hartung exécuté avec une spatule. L'artiste passera ensuite à des moyens plus radicaux comme la peinture au pistolet. Photo Succession Hans Hartung, Galerie des Bains, Genève 2020.
Pourquoi ai-je tout à l’heure parlé de «joint venture»? Parce que l’événement est coproduit avec Phillips, qui vient dans les pays anglo-saxons très loin derrière Christie’s et Sotheby’s certes, mais tout de même à la troisième place. Phillips se voit comme de juste représenté à Genève, mais la maison ne s’occupe ici que de montres. D’où cette exposition formée avec des œuvres toutes à vendre, mais à prix fixes. Rien à voir avec des enchères. Si les montants changent, c’est parce que les éventuels clients tentent de marchander. En échange, la Galerie des Bains devrait aller à Hongkong chez Phillips. Je dirais bien «devrait». D’abord, les affaires se révèlent souvent compliquées en Chine. C’est donc à Hongkong, qui connaît quelques turbulences politiques. Enfin, je ne sais pas si vous avez lu, mais il paraît qu’il y aurait là-bas comme une épidémie…
Pratique
«Brush Off»,Galerie de Bains, 22, rue des Bains, Genève, jusqu’au 20 mars. Tél. 022 320 51 70, site www.galeriedesbains.ch Ouvert du mardi au vendredi de 9h30 à 18h30, le samedi de 11h30 à17h30
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La Galerie des Bains montre à Genève "Brush Off". La peinture sans le pinceau
L'exposition est montrée dans un lieu voué au "street art" en coproduction avec Phillips. Il y a aussi bien là Hartung que John Armleder ou Bernard Frieze. C'est très classique.