
Les musées doivent publier. Ou du moins ils le devraient. Les collections privées aussi, dans la mesure où elles se veulent pérennes. Erigée en Fondation il y a dix ans, celle de Jean Claude Gandur en arrive aujourd’hui à son troisième catalogue. Un ouvrage de poids, au propre comme au figuré. «Les arts décoratifs, tome 1» (qui se place après «Les bronzes égyptiens» sorti en 2014 et «La figuration narrative» paru trois ans plus tard) compte ainsi 304 pages devant bien totaliser deux kilos de papier glacé. L’idée est de produire non seulement un outil de travail, mais un album à même de séduire les amateurs de sculptures, d’émaux, de majoliques et de tapisseries. Un second volume devrait accueillir les meubles et des objets d’art d’autres types. Dans son rapport d’activité pour 2019, la Fondation Gandur pour l’art reproduisait ainsi en guise d’apéritif une extraordinaire garniture en céramique chinoise bleu turquoise montée en bronze doré à Paris vers 1770.
Le collectionneur le précise bien dans son avant-propos. Les cent pièces retenues pour la publication ont été réunies avec une «certitude instinctive». Autant dire que cet ensemble offre quelque chose de moins construit que le musée antique ou la galerie de tableaux européens de l’immédiat après-guerre. Il ne possède pas la même systématique. «Son unité se trouve dans la valeur esthétique des objets réunis.» Le tout en une décennie à peine, le premier achat étant en 2010 une plaque de reliure en émail de Limoges du XIIIe siècle ornée d’une Crucifixion. Le début d’une série d’œuvres à caractère sacré. Le déroulé du livre peut du coup se caler sur la mythologie antique, puis chrétienne avec les vies du Christ et de la Vierge. La progression thématique s’est en effet vue privilégiée à la chronologie ou la répartition par matières, l’une des plus fréquente étant un ivoire aujourd’hui diabolisé.
Nombreuses pièces inédites
Préfacé par Fabienne Fravalo, conservatrice des arts décoratifs de la Fondation Gandur pour l’art, puis par Marion Boudon-Machuel, de l’Université de Tours, le livre passe ensuite aux œuvres elles-mêmes. Chacune d’elles fait l’objet d’une notice détaillée, accompagnée par des indications sur son état, sa provenance et sa biographie. L’occasion de découvrir pour le lecteur que beaucoup d’objets étaient restés jusqu’ici inédits. Les textes se révèlent charnus. C’est du costaud et du sérieux.
Il y a bien des choses à découvrir, cette part de la collection conservée en France restant plus secrète, en dépit d’une présentation très partielle à ArtGenève en 2018 et de dépôts récents au Musée des beaux-arts de Dijon. Beaucoup de pièces, créées entre le XIIe siècle et le milieu du XVIIIe, apparaissent pourtant spectaculaires. Je pense notamment à la série de Vierges médiévales. Jean Claude Gandur voit ici une filiation avec «l’esprit Rothschild». Il serait aussi permis d’invoquer les mânes de Calouste Gulbenkian. Avec une petite différence toutefois. Au XIXe siècle, voire jusque dans les années 1950, il restait bien plus facile de réunir de belles pièces qu’aujourd’hui.
Pratique
«Les arts décoratifs 1, Fondation Gandur pour l’art», sous la direction de Fabienne Fravalo, aux Editions 5Continents, 304 pages.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.
La Fondation Gandur pour l'art publie son catalogue des oeuvres d'arts décoratifs
C'est le troisième tome que sort la fondation. Celui-ci se concentre sur la sculpture, les émaux, les ivoires, la majolique ou les tapisseries. Il y aura bien sûr une suite.