«Nous organisons cette fois deuxexpositions et demi.» Et ce dans une moitié de bâtiment, puisquele premier étage reste fermé cet été pour travaux. Nouveaudirecteur du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, DavidLemaire a bien rempli l'espace qui lui reste. «Il y a d'abordLéopold Robert, né dans cette ville il y a 225 ans. Puis Claudia etJulia Müller. Elles se sont inspirées de son œuvre afin de créerdes peintures murale éphémères.» Et la demi, alors? Eh bien ellevoit représentée par Jenny Eckhardt. Une complète inconnue, morteen 1850, dont les artistes bâloises se sont également inspirées.J'y reviendrai.
Robert, pour commencer. Ses tableaux,qui occupaient de tout temps une grand salle du premier, ont étédécrochés. On dit d'ailleurs David Lemaire (qui vient pourtant desoutenir sa thèse sur Eugène Delacroix «peintre religieux») tentépar le tout contemporain. Une tendance assez forte aujourd'hui. «Lesamis du musée gardent cependant un fort attachement à Robert.» Unhomme dont la principale artère de la cité porte le nom. «Il yavait un projet d'Antonia Nessi au Musée des beaux-arts de Neuchâtelpour 2021. Seront à ce moment présentées les principales toiles del'artiste, dont le Louvre montre deux grandes composition de manièrepermanente.» La Chaux-de-Fonds n'allait pas couper l'herbe sous lespieds de la conservatrice. Son musée devait trouver autre chose.«Nous montrons donc le laboratoire de Robert. Il y a d'un côté lesdessins préparatoires. De l'autre, les répétitions et gravuresd'édition.» L'homme a en effet connu un phénoménal succès populaire,prolongé par son frère Aurèle après son suicide à Venise en1835. Chagrin d'amour, ce qui en fait un artiste éminemmentromantique. Léopold s'est tranché la gorge, comme un de ses frèresl'avait fait dix ans avant, à La Chaux-de-Fonds pour la mêmeraison, dans un cadre il est vrai moins valorisant.
Des répliques à la demande
«Léopold Robert a réalisé peu de«grandes machines» de Salon, et ce après beaucoup d'efforts. Ellesont plu à toute l'Europe, d'où un nombre considérable de répliquespour faire face à la demande. Au départ, il y a des variantes. Lesujet se voit inversé. Les couleurs sont modifiées. Puis Aurèle secontente de refaire.» Le laboratoire évoqué par David Lemairecomprend aussi les travaux académiques exécutés à ses débutsdans l'atelier de David à Paris. Une usine à fabriquer des peintres. «Robert a gagné en 1814 un second prix pour sa gravurereprésentant un nu masculin. Cette récompense ne lui permettait pasd'obtenir un séjour à Rome. Il espérait décrocher la timbale en1815.» L'histoire ne l'a pas voulu. En 1815, Neuchâtel n'étaitplus française, mais à la fois suisse et prussienne. Robert s'estretrouvé hors jeu, devant gagner Rome à se frais. «C'est là qu'ila réalisé ses portraits de brigands en costumes», précise ArianeMaradan, que j'ai connue comme galeriste, et qui a beaucoup poussé àla roue Robert auprès de David Lemaire. «Ces bandits étaientincarcérés à Rome, où toute une génération d'artistesdécouvraient leur pittoresque, les utilisant comme modèles. Roberta acheté certain de leurs costumes pour des utilisationspostérieures.»

Un cabinet iconographique accueille lafamille Robert, où l'on se veut volontiers artiste. «Léopold n'apas eu d'enfants, mais Aurèle oui», explique Ariane Maradan. «Danscette véritable dynastie, on connaît surtout Léo-Paul, ledécorateur de l'escalier du Musée d'art et d'histoire de Neuchâtel,ou Théophile, tourné vers le grand décor religieux. Mais il y en aquantité d'autres, et ce jusqu'à aujourd'hui. Cela fait ainsi cinqgénérations.» Mieux que les frères Barraud, qui sont aussi, je lerappelle, de La Chaux-de-Fonds!
Travail sur place
Léopold Robert se retrouve doncrepensé dans deux salles du musée par Claudia et Julia Müller,nées respectivement en 1964 et 1965. L'une enseigne à la HEADgenevoise. L'autre en Allemagne. Les duettistes se retrouvent quand elles le peuvent dansleur atelier commun bâlois. «Elles ont ici travaillé sur placeavec deux assistants pendant trois semaines», reprend David Lemaire.«Ces artistes explorent la construction de la mémoire.» La leur, etcelle de Léopold Robert. Des fragments tirés de certains tableauxet dessins présentés à côté se retrouvent par conséquent auxmurs, en taille géante, aux côtés de dérivations des photosqu'elles ont collectionnées au fil du temps. En toute subjectivité.La gloire locale constitue pour elles une matière première. Toutcomme Jenny Eckhardt.
Mais qui est cette dernière, au fait?Une oubliée, dont le Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonddétient l'intégralité de l’œuvre connu. Ne vous attendez pas àun fonds énorme! Celui-ci se résume à sept toiles, dont sixportraits, que l'institution montre en attendant les restaurationsnécessaires. «On sait peu de choses sur cette femme née dans unmilieu très modeste en 1816», explique David Lemaire. «Sa vocationest issue de Léopold Robert. Elle a réussi à se former àDüsseldorf, qui constituait alors un grand centre pictural. On peutla considérer comme le symbole même de la précarité. Jennylogeait chez ses modèles, le temps des séances de pose. Puis il luifallait repartir. Elle a fini par mourir d'un refroidissement à 34ans.» On voit ce qui peut attirer en elle non seulement des peintrescomme les sœurs Müller, mais les historiens actuels. Le genre.L'aspect social. Un petit talent aussi. L'impression de découvrir,même si c'est sur le plan anecdotique. N'est pas Léopold Robert quiveut!
Pratique
«Léopold Robert, Un état des lieux»,«Claudia et Julia Müller, Der weiche Blick», Musée desbeaux-arts, 33, rue des Musées, La Chaux-de-Fonds, jusqu'au 29septembre. Tél. 032 967 60 77, site www.mbac.ch Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h.
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La Chaux-de-Fonds revisite Léopold Robert avec l'aide de Claudia et Julia Müller
Le peintre est né il y a 225 ans. Le Musée des beaux-arts présente son "laboratoire", esquisses, gravures et répétitions. Il y a aussi les fresques des soeur Müller.