
La StaatischeKunsthalle de Karlsruhe aura bientôt un nouveau Grünewald sur ses murs. Entendons-nous! De Mathis Gothart Nithart (vers 1475-1528), dit Grünewald, l’institution n’a rien acquis récemment. Il n’y a du reste plus aucune œuvre du peintre allemand sur le marché. Les deux volets en grisaille du «Retable Heller» ont ainsi été achetés dans les années 1970. La dernière occasion, ou peu s’en faut.
Depuis 1900, l’institution possède surtout la grande «Crucifixion» provenant de Tauberbischofsheim. L’un des joyaux de ses collections. Le grand panneau, qui se trouvait là-bas dans l’église Saint-Martin, avait un revers «Le portement de Croix». Ce dernier a beaucoup souffert quand ce côté du retable, alors démodé, s’est vu présenté dans une chapelle près d’un mur humide. Il a subi anciennement une restauration très lourde, qui l’a dénaturé au point que le musée a depuis longtemps cessé de le montrer. Il faut dire qu’en plus les repeints avaient mal vieillis. Jaunis. Il y avait en plus la saleté. Bref. L’œuvre donnait l’impression d’être perdue. Il suffisait pour s’en persuader d’en voir les photos, dont le rare document en couleurs que je vous montre.
Opération sauvetage
Grünewald est un artiste dont les créations sont devenues très rares avec le temps. Les techniques de restauration ont accompli de gros progrès. La Kunsthalle s’est donc lancée dans l’opération sauvetage. Jusqu’à présent, les surprises sont restées bonnes. Il y a bien sûr de gros manques, une fois enlevées les retouches. Mais celles-ci ne concernent pas les visages ou les mains. Les travaux peuvent donc avancer bon train. Karlsruhe a donc décidé de montrer le panneau dans un état intermédiaire à l’occasion de l’exposition Hans Baldung Grien, dont je vous parle une case plus haut dans le déroulé de cette chronique. Les lacunes n’ont pas encore été bouchées de manière discrète. Le visiteur se retrouve donc devant des parties laissées dans un blanc très cru, ce qui fausse un peu sa vision. Mais tout ira mieux quand les délicats travaux seront terminés.
Les choses ont pu s’effectuer dans le calme. On se souvient que le nettoyage du «retable d’Issenheim» à Colmar avait viré au psychodrame. Le chef-d’œuvre, qui devait retrouver ses couleurs d’origine, a vu ses restaurateurs abandonner leur tâche devant les critiques. Celle-ci a repris après une interruption sous la direction d’Anthony Pontabry. Elle n’occupe pas moins de 21 personnes. Fin en 2021. Il faudra par la suite s’habituer au résultat. On sait que certains accusent les musées de vouloir rendre leurs «highlights» semblables à leurs photos retouchées, c’est à dire lumineux au possible. Une opération à hauts risques qui peut créer des dégâts irréversibles. J’ai ainsi de la peine à supporter aux Offices «La naissance de Vénus» de Botticelli dans son état actuel.
Pratique
Staatische Kunsthalle, 2, Hans Thomas Strasse, Karlsruhe, jusqu’au 8 mars. Tél. 0049 721 926 26 96, site www.kunsthalle.karlsruhe.de Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
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Karlsruhe restaure un grand tableau de Matthias Grünewald jugé jusqu'ici perdu
"Le portement de Croix" était dans un état épouvantable. Une équipe de spécialistes travaille à rendre bonne mine à l'oeuvre, montrée au public dans un état intermédiaire.