JUSTICE/Le Kunstmuseum de Berne est bien l'héritier de Cornelius Gurlitt

C'est apparemment le dernier épisode de la première série du feuilleton. Je vous rappelle en gros l'affaire. En 2014, Cornelius Gurlitt mourrait à 81 ans, faisant du Kunstmuseum de Berne on héritier à la surprise générale. L'institution alémanique devait ainsi recevoir le contenu de sa sulfureuse collection familiale. Gurlitt père avait été un marchand très actif sous le Troisième Reich. Le Kunstmuseum, non sans hésitations et consultations juridiques, a fini par accepter le legs. Il fallait démêler ce qui aurait été spolié de ce qui ne l'était pas, comme les œuvres des Gurlitt artistes. Plusieurs membres de la famille ont en effet peint, et il y a là le stock.
C'était compter sans la colère d'une cousine, qui s'estimait du coup elle aussi spoliée. Le vieux monsieur n'aurait plus eu toute sa tête en testant. Notez que l'irascible Uta Werner n'était pas très fraîche, elle non plus. La dame affiche aujourd'hui 87 printemps au compteur. Elle a donc intenté un procès, puis recouru. Uta vient de perdre à Munich sa dernière bataille. Berne a bel et bien droit à son cadeau empoisonné.
Recherches en cours
Les choses vont dormais pouvoir aller de l'avant. Il y a déjà eu des recherches, entreprise par une «taskforce» (1). Elles n'ont pas donné grand chose. Peu d’œuvres justifiaient une restitution. Notez qu'Anne Sinclair, de la famille des marchands Rosenberg, a obtenu un Matisse en retour (2). Ce qui complique les choses, dans cet ensemble surmédiatisé dont l'ensemble a été mis en ligne par le Kunstmuseum de Berne, c'est le nombre très élevé de petites choses. Et surtout de multiples, comme les précieuses gravures expressionnistes. De quel exemplaire s'agit-il ici?
Beaucoup d'encre va donc encore couler sous les ponts, si je puis risquer la métaphore. Berne a annoncé depuis longtemps qu'il proposerait une première exposition. Histoire de préparer le terrain, préjugeant de la décision de Justice, son musée a d'ailleurs consacré l'été dernier une vaste manifestation sur le rapport ambigu des musées et collectionneurs suisses avec le régime nazi entre 1933 et 1944.
(1) Un avocat anglais enquête parallèlement pour demnder et obtenir des restitutions dans un but qu'il assure désintéressé.
(2) Il y a aussi un Max Liebermann et un Camille Pissarro en souffrance. J'ignore s'ils ont été aujourd'hui rendus aux héritiers légitimes.
Photo (DR): L'entrée, côté Hodlerstrasse, du Kunstmuseum de Berne.
Texte intercalaire.