JUSTICE/Jean Claude Gandur victime d'un antiquaire parisien?

On apprend beaucoup de choses en lisant. Surtout par hasard. Tenez! J'ai entre les mains le numéro 469 de «Le Journal des arts». Celui du 9 décembre 2016. En page 23, je découvre ainsi une «Nouvelle mise en examen chez les antiquaires». Je commence l'article du toujours bien informé Vincent Noce, qui travailla longtemps pour «Libération». Qu'a-t-il bien pu encore arriver après l'affaire des faux meubles de Versailles, suivie d'interpellations, puis de l'incarcération durant quatre mois de l'expert Bill Pallot (1)?
Eh bien, un serpent de mer refait surface! Jean Lupu, qui a eu pignon sur rue jusqu'en 2014 à côté de l'Elysée, se voit cette fois accusé de contrefaçon. Le nombre de meubles mis en cause «pourrait atteindre la centaine». Le préjudice subi par ses clients porterait du coup sur une bonne centaine de millions d'euros, la maison Lupu n'ayant jamais eu la réputation d'être bon marché. Deux clients doivent aujourd'hui se sentir lésés, même si l'un d'eux a d'autres soucis en ce moment. Fils du dictateur guinéen, Théodorin Obiang «doit bientôt répondre de l'accusation de détournements». Et qui est l'autre client? Je vous le donne en mille. C'est Jean Claude Gandur. Le Genevois a diversifié ses collections en sortant de l'art antique et de la peinture abstraite des années 1950. Il suffit de regarder son site www.fg-art.org au chapitre arts décoratifs. Il y a là de spectaculaires meubles du XVIIIe siècle. L'époque préférée par Jean Lupu.
"Améliorations"
Comment procédait en apparence (l'innocence étant comme on sait une présomption) la maison Lupu? Pas «ab nihilo», comme pour les chaises de Versailles ou la commode prétendument d'Oppenord qu'a failli acheter le Louvre. Le patron faisait «améliorer» par les artisans de son atelier des meubles assez simples. Une table à jeu authentique, acquise en 2011 chez Christie's à Paris, s'est ainsi retrouvée parée de 26 plaques en laque du Japon du XVIIIe. Un honnête secrétaire signé Boudin a refait surface surchargé de bronzes dorés. Etc... etc... Lupu parle de «pratiques courantes dans son métier», ce qui donne une assez triste image de celui-ci. La Justice devra donc voir s'il y a eu restauration, restitution ou tromperie.
La suite au prochaine épisode. Un long feuilleton. Il y a plus de dix ans que le milieu des grands antiquaires parisiens se retrouve secoué par divers scandales. Son Syndicat national, qui s'occupe d'une Biennale annuelle désormais nommée Biennale Paris, aura du pain sur la planche. Une planche qu'on espère authentique. L'association vient de se retrouver, après un scrutin serré, un nouveau président. Il s'agit de Matthias Ary Jan, qui vend pour sa part de la peinture du XIXe siècle.
(1) Libéré sous caution, Bill se montre aujourd'hui dans Paris comme si de rien n'était. Béatrix Saules, conservatrice à Versailles, a opportunément pris sa retraite il y a quelques semaines.
Photo (Google Map): L'enseigne, aujourd'hui disparue, de la maison Lupu.
Texte intercalaire.