Il était reparti sur la pointe despieds, lassé des tracasseries administratives et surtout de latutelle imposée par un directeur de la Bibliothèque de Genève,révoqué depuis. Revenu à Besançon où il enseigne, FrançoisJacob n'en a pas oublié Voltaire et son musée pour autant. Aprèsavoir donné chez Gallimard une biographie remarquée de l'écrivainen 2015, l'homme propose aujourd'hui un petit livre, «Jadis lesDélices». Un ouvrage bien tourné où les siècles se mélangent.Le lecteur passe ainsi du XVIIIe au XXe, voire au XXIe. Une maisonoffre l'avantage de vivre bien plus longtemps que ses propriétaireset occupants successifs.
Tout commence avec un «prologue»,situé en 1755. Le philosophe contestataire et contesté achète lapropriété. Elle est alors entourée d'un immense parc, aujourd'hui réduit àla taille d'un jardinet. C'est le début d'une longue affaire, àlaquelle François Jacob se verra un jour mêlé. Se succéderontainsi les Tronchin, la Ville de Genève (qui sauve l'immeublede la démolition) et un «Musée et Institut» à la naissancedifficile, puis à l'existence chaotique. Le tout à cause d'unpersonnage pour le moins coloré. J'ai parlé là du richissimeTheodore Besterman, qui s'installe dans les lieux en 1952. Lemilliardaire anglais est un voltairien à la fois convaincu etconvainquant. Il parviendra finalement à obtenir la création d'uneinstitution pérenne. Oh, non sans mal! Il reste toujours difficile,pour ne pas dire suspect, de venir jouer les généreux à Genève.
Remplacement indispensable
François Jacob parle très bien de cethomme complexe et de ses rapports avec une cité dontl'administration semble parfois plus proche de Kafka que de Rousseau.Il dit au passage tout le mal nécessaire du service des parcs etjardins, dont activités tiennent de nos jours davantage de celles dubûcheron que du jardinier. Les Délices vivent ainsi sous uneconstante menace, qui n'est pas uniquement d'ordre scientifique.Notez qu'il y a aussi ici péril en la demeure. François Jacob n'apas été remplacé. Il semble que l'actuel directeur de la BGE ypense. Mais les autorités, qui elles ne pensent guère, yconsentiront-elles? L'avenir le dira.
La suite de l'ouvrage mêle doncTheodore, son successeur Charles Wirz, Voltaire et François Jacoblui-même dans l'exercice de son difficile quotidien. Il fallait uneconclusion grave à ce qui restait jusqu'ici dit sur un tondouloureusement badin. Il s'agit de l'avenir des lieux, à triplevocation. A la conservation d'un ensemble voltairienn'ayant son équivalent qu'en Russie, s'ajoutent le proposscientifique «appelé à faire date dans les étudesdix-huitiémistes» et le discours citoyen. Important, ce dernier! «Qu'est-ce que latolérance aujourd'hui? Les idéaux des Lumières ont-ils étéoubliés? Autant de questions qu'on ne pourra résoudre qu'à l'issued'un retour aux textes source de notre patrimoine intellectuel.»
Pratique
«Jadis les Délices», de FrançoisJacob, aux Editions La Ligne d'ombre, 163 pages.
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"Jadis Les Délices" s'interroge sur le passé et l'avenir la maison de Voltaire à Genève
Ancien directeur de l'institution, François Jacob brasse les siècles pour raconter l'histoire d'une demeure et celle d'un patrimoine intellectuel toujours vivant.