
Ici, au 38, rue de Monthoux, on se déclare prêt tôt. En ce moment, les murs sont déjà garnis de tableaux à l’ancienne, autrement dit alignés sur plusieurs rangs. Les objets ont pour la plupart trouvé la place dans une vitrine. Les bijoux, se sera pour plus tard. A Genève Enchères, tout se filme afin que les amateurs puissent pratiquer leur choix à distance. Particulièrement en ce moment! «L’impression de visite réelle donne plus ou moins l’échelle des objets», assure Olivier Fichot. Grand, petits ou immenses? Voilà qui peut se révéler décisif. A ce propos, attention! Il y a cette fois au catalogue, qui existe aussi sous forme physique, quelques monstres, dont plusieurs canapés d’une largeur peu commune. Trois mètres! «Ils n’avaient pas l’air si grands que ça ans la maison dont ils proviennent», explique Cyril Duval. Tout reste affaire de proportions…
Au départ, pour assurer une série de ventes tenant la route, il faut si possible une collection. Un ensemble tout fait, bien ficelé et sur lesquels la maison adjudicatrice puisse raconter une histoire. «Un gentleman genevois», dont le nom ne se verra comme de juste pas communiqué. Un Sassoon installé à Lausanne. Une baronne Lambert, dont quelques miettes photographiques se verront encore proposées dans quelques jours. Cette fois, il s’agit des Pernet-Villaverde. «Le contenu de leur maison de Champagne (Champagne canton de Vaud, NDLR!) représente 600 lots en tout, en comptant les ventes en ligne», comptabilise Olivier Fichot. «Nous montrons les meubles et les objets in situ dans une petite vidéo supplémentaire, afin que les gens sentent l’atmosphère de la maison.» «Une maison qui se retrouve également à vendre, mais pas par nous», complète Cyril Duval. «C’est là que la famille de Candolle s’est réfugiée lors de la Révolution genevoise de 1794.»
De l'importance des tapissiers
Qui sont les Pernet-Villaverde? Un couple formé par deux messieurs, au goût classique (1). Enfin, je me comprends. Un goût traditionnel aujourd’hui en voie de disparition, comme le panda géant ou les coraux océaniques. Il suffit de regarder les images reproduites dans le catalogue. On se croirait en train de feuilleter une revue de décoration remontant aux années 1960. Lustres à pendeloques. Canapés Louis XV débordant de coussins assortis à la garniture du siège. Chines montés en lampes. Grands rideaux. «Nous proposons du reste cette fois beaucoup de tentures en bon état», reprend Olivier Fichot. «Vu les prix actuels de fabrication, ce genre d’articles intéresse beaucoup de gens.» Effectivement! J’aperçois dans les salles deux canapés (No 614) recouverts d’un somptueux brocart de Lyon tissé chez Prelle, où tout coûte le lard du chat. Vert lumineux. Importante passementerie. Presque neuf. Une façon qui a dû exiger des heures et des heures de travail. Il y en a au jugé là pour 20 000 francs. Au bas mot. Eh bien, l’estimation, aussi douce que la soie utilisée, tourne entre 800 et 1200. Plus le prix du transport, il est vrai. Ces chérubins mesurent 280 centimètres…

Le Charles-Clos Olsommer. Succession Charles-Clos Olsommner, Genève Enchères.
Et autrement? «Eh bien, autrement, nous avons de la marchandise proposée par 113 autres vendeurs», reprend Cyril Duval. «Des gens nous faisant confiance.» Il y a peu de lots ruineux, à part une paire d’aigles et or un brin endiamantés, d’un style pour gens du Golfe (No 178, 15 000-20 000 et No 179, 20 000-30 000). Beaucoup d’objets parviennent sur place à séduire. Une chose qui leur reste plus difficile en photo dans le catalogue. Et encore davatantage sur le site, où tout se retrouve comme aplati par l’écran. Je remarque que sur les sièges, le tissu reste impeccable. «C’est devenu une condition pour que nous les prenions», explique Olivier Fichot. «Autrement, les frais de tapissier se révèlent trop onéreux et trop longs pour les acquéreurs.» C’est un peu comme retaper une maison historique payée une bouchée de pain. Là aussi, avec un peu d’imagination, il semble possible de réaliser des choses. Seize chaises à dossier en forme de lyre Biedermeier (No 607) pour 1000 à 1500 francs, voilà qui fait la pige à Ikéa! Le seul ennui, c’est que chez les jeunes générations, pensant «design», la dite imagination n’a pas vraiment pris le pouvoir…
Courbet, Maurice Denis et Tobey
Que dire d’autre? Que parmi les tableaux il y a une jolie Valaisanne d’Olsommer (No 211). Elle fait du reste la couverture. Prévoyez de 3000 à 5000. J’ai retrouvé un petit paysage de Courbet, récemment vu à Délémont dans une exposition dédiée au maître (No 460). Il ne suinte pas le génie, mais là aussi les prétentions restent faibles. Entre 10 000 et 15 000. Il y a également un Mark Tobey pas trop petit (No 835). De 10 000 à 15 000 aussi. Un Maurice Denis cadeau. Comptez 5000 comme minimum. Le sujet reste peu typique: la maison de campagne d’André Gide. Pour un juke-box Wurlitzer (No 932) de la bonne année, 1956-57, il faudra sans doute compter davantage que les 6000 à 8000 prévus. Il risque d’y voir bataille. Comme dans un préau d'école. Côté clientèle, le marché de l’art est actuellement encombré de vieux enfants ayant les moyens de faire des caprices. Souvenirs-souvenirs.
(1) Antonio Villaverde était l’ancien conservateur du Musée de la mode d’Yverdon-les Bains. Une institution pour le moins paradoxale. D’énormes collections, uniques en Suisse. Et pas de lieu d’exposition, sauf une salle au Château.
Pratique
Genève-Enchères, 38, rue de Monthoux, Genève, exposition publique du 4 au 6 décembre, vente à la criée les 8, 9 et 10 décembre (pour davantage de renseignements, lire l’article situé une case plus haut dans le déroulé de cette chronique ). Tél. 022 704 04 04, site www.geneve-encheres.ch adresse électronique contact@geneve-encheres.ch
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Il y aura de tout chez Genève-Enchères. Surtout dans un goût classique qui s'en va
Les vacations de début décembre tourneront autour d'une maison vaudoise vidée de son contenu. On mise déjà en ligne. Il y a sans nul doute de bonnes affaires à réaliser.