GENÈVE/Les Cyclades des Barbier-Mueller en visite à l'Ariana

Ce n'est pas le dernier maillon de la chaîne, mais nous approchons tout de même de la fin. Le Musée Barbier-Mueller, qui devait proposer plus de vingt mini-expositions afin de marquer les quarante ans de son ouverture, doit encore rendre visite au Muséum d'histoire naturelle de Genève (1). Il vient de débarquer à l'Ariana pour une présentation aussi restreinte que réussie. Elle occupe en tout et pour tout une vitrine isolée, en haut de l'escalier menant au premier étage.
Et qu'y a-t-il là? De l'archéologie. La collection de Josef Müller abritait en effet aussi une exceptionnelle série d'«idoles» (le mot se voit aujourd'hui très contesté) des Cyclades. Ces îles grecques élaborèrent à la fin de la préhistoire des sculptures de marbre aux formes dépouillées. Figures et vases. Des spécialistes ont tenté depuis de les répartir par périodes supposées. Celles appartenant au Musée Barbier-Mueller se sont ainsi vues analysées il y a bien longtemps par l'archéologue Jean-Louis Zimmermann. L'ensemble avait ensuite fait l'objet d'une exposition et d'une publication.
Le goût d'une époque
Les Cyclades étaient très à la mode des années 1930 à 1950. Elle correspondaient au goût de l'époque, qui visait à l'essentiel. Leur fortune a été presque simultanée à celle de l'art roman ou à la Chine la plus archaïque. Le présent revisite toujours le passé. Celui-ci se voyait ainsi relu à travers le filtre du Bauhaus. Moins il y a de choses, plus c'est pur, et donc beau. L'archipel a perdu depuis de son aura. Notons cependant que le Louvre en propose un florilège remarquable. Il le doit pour bonne partie à une donation Cordesse des années 1980.
Dans la fameuse vitrine, il y a donc quelques statuettes venues de la rue Calvin. Elle se retrouvent entourées de céramiques illustrant leur tardive influence. Revendiquée, d'ailleurs. Le potier vaudois Edouard Chapallaz (1921-2016) a ainsi créé à partir de 1976 une série de vases «Cyclades» pour lesquels il avait inventé un émail restituant le côté beige et granuleux du marbre ancien. Il y a, sur la gauche, deux de ses créations. A droite, ce sont des pièces de Hans Coper (1920-1981). L'Anglo-Allemand a lui donné, avec un émail blanc, des «Cyclad Arrows». Vues de loin, leurs pièces modernes s'intègrent si bien au contexte que l'unité reste parfaite. Il s'agit là sans conteste de la présentation la plus réussie de la série avec celles du Mamco et des Collections Baur. "Small is beautiful"!
(1) Le Muséum présentera les Gan du Burkina Faso dès le 10 novembre.
Pratique
Ariana, 10, avenue de la Paix, Genève, jusqu'au 3 décembre. Tél. 022 418 54 50, site www.ville-geneve.ch/ariana Ouvert de 10h à 18h, sauf le lundi.
Photo (Musée Ariana): Une partie de la fameuse vitrine.
Prochaine chronique le lundi 6 novembre. Les colloques universitaires servent-ils vraiment à quelque chose?