Sacrée soirée! Il y a bien sûr longtemps que l'émission TV de ce nom a disparu (1). Il n'en demeure pas moins que Genève continue à faire des siennes. Imaginez-vous la chose. Le 17 mai, qui était un jeudi, jour où il existe une dérogation horaire, musées et galeries se sont conduit comme des supermarchés. Ils ont tous ouvert en même temps. Le MEG et le Musée d'art et d'histoire (MAH) ont vernis hier leur unique exposition de l'année. Voire même de deux ans, vu que le MAH n'en organisera pas en 2019. Ils ont en plus choisi la même date que la «Nuit des Bains» et que Papiers Gras en l'Ile. Et je ne sais pas tout! C'est ce qui s'appelle du gâchis, d'autant plus que nombre de Genevois étaient déjà parti pour fêter sous d'autres cieux la Pentecôte.
Devant le MEG, il y avait tout de même la foule, que l'on faisait rentrer par petits groupes. Devant le MAH je ne sais pas, vu que je n'étais pas invité. Le perdant de l'affaire semblait sans conteste les Bains, qui ne vont par ailleurs pas bien. Ils ne sont pas les seuls à rétrécir au lavage, comme le rappelle un exposant. Partout en Europe les galeries se retrouvent à la peine. Leur volume a dû se voir divisé par deux en quelqques années. Je vous ai déjà dit il y a quelques jours qu'Art en Vieille Ville subissait la même forme de rétrécissement. Les associations locales tentent maintenant d'éviter de passer au dessous de la barre des dix membres. Le seuil psychologique. A moins, il faut se contenter de l'étiquette un peu vague de «vernissages communs».
Je vous ai déjà raconté le MEG. Le MAH attendra. Je parlerai une autre fois de Martial Leiter , qu'expose Roland Margueron à Papiers Gras. Que dire des Bains, saison de printemps? Un certain nombre de choses. Tout d'abord, il n'y avait pas à proprement parler de vedette, à part peut-être Sarkis chez Mezzanin. Chez Art Bärtschi & Cie, Cornelia Parker présentait un certain nombre de choses, dont des broderies et des inscriptions sur plusieurs tableaux noirs prudemment mis sous verre. L'Anglaise possède un nom. Il y a beaucoup de discours autour, brillamment tenu lors du vernissage. Mais où est l’œuvre au milieu de tout ça? Xippas reprend dans l'un de ses deux espaces le Brésilien Waltercio Caldas , qu'avait présenté le Centre d'art contemporain en 1995. Il s'agit d'une approche «néo-concrétiste» de la sculpture, avec beaucoup de tiges de fer. «L'énergie latente» du lieu fait le reste. Je ne vous en dirai pas davantage.
Laurence Bernard présente Didier Vermeiren . Le Belge part du polyèdre que l'on trouve dans «La mélancolie» de Dürer et qui était déjà revenu faire des siennes chez Giacometti. Cela donne des tableaux, tout à fait comestibles, et une sculpture. Il y aussi deux grosses boîtes ajourées de forme de dés. Photos chez Joy de Rouvre, où se presse une assistance dénotant chez la galeriste un joli carnet d'adresses. Aimée Horving propose des choses aimables pour le public et sans doute difficiles à réaliser pour elle. C'est séduisant et un peu léger. On reste comme de coutume plus rigoureux et sévère chez Skopia, qui a collé aux murs des images ultra-tramées de Pierre-Olivier Arnaud . L'acheteur éventuel en reçoit cent exemplaires. A lui de les économiser.
On revient à la peinture abstraite, qui fait terriblement sage à côté, chez Patrick Cramer. Ce dernier reprend pour la huitième fois André du Besset . De grandes toiles, et puis de toutes petites dans un large cadre de chêne. Elles se retrouvent posées sur une table, comme des objets. Il y a des aquarelles du Genevois Heinrich Richard Reimann chez Andata Ritorno. Des lignes horizontales très colorées. Elles s'empilent sur la feuille jusqu'à la remplir complètement. L'accrochage se révèle particulièrement satisfaisant pour l’œil. Normal, il est de Joseph Farine. Quark abandonne son espace à Thomas Koenig . Trois grands tableaux à l'eau de Javel semblent flotter dans une sorte de piscine bleue. La galerie est tendue de plastiques de cette couleur aquatique.
Le Centre d'édition contemporaine ne pouvait pas s'abstenir. Il propose les «Entrelacs» de Victor Man et Navid Nuur . Le premier est un peintre roumain, dont le public voit des aquarelles étrangement classiques pour un lieu aussi avant-gardiste. Le second produit cette fois des céramiques. Quel rapport avec le multiple, au fait? Eh bien le Centre propose le fac-similé des BD que Victor produisait sous Ceaucescu, quand cette forme d'expression se voyait naturellement prohibée. L'édition est donc cette fois celle d'un livre.
Une petite surprise pour terminer. La maison de la Fanfare municipale était entrouverte jeudi soir pour des « néo-tags » de Cédric Vionnet , «artiste néoniste». Je vous explique brièvement la chose. L'homme est souffleur de verre, formé dans le canton de Vaud, puis à Paris. Il crée des tubes qui reçoivent des néons de couleur. Cédric aligne ainsi des mots, anglais comme il se doit. La chose se regarde agréablement. Je signale. Il faut toujours soutenir les outsiders qui ont le courage de se lancer au milieu de gens déjà épaulés.
(1) L'émission a fait les beaux soirs de TF1 de 1987 à 1994.
Photo (Galerie Joy de Rouvre): L'une des photos d'Aimée Hoving. - Prochaine chronique le samedi 19 mai. Des livres.
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GENÈVE/Embouteillage! La Nuit des Bains était aussi celle du MEG et du MAH