
A quelques jours d’Artgenève, qui commence le mercredi 29 janvier pour les privilégiés (1), si tant est que le fait de se retrouver entassés comme des sardines dans un vernissage constitue un privilège, les Bains proposaient leurs premières présentations communes de 2020. C’était le 16. Un jeudi comme de juste. Parcours plutôt réduit. Il y a des années que je vous répète que le quartier ne possède plus rien de flamboyant. Aujourd’hui, ce seraient plutôt les derniers feux. A mon avis, il doit rester moins de dix galeries, et radio vipère murmure que deux d’entre elles seraient en danger.
La rue des Bains elle-même semble à demi morte. Le 16 janvier, l’habitué ne pouvait qu’être frappé par la disparition de l’énorme annexe de Xippas. La multinationale se contente désormais de ses espaces de la rue des Sablons. En face, un lieu mineur voué au design était encore pris des travaux dont on attend depuis longtemps la fin. Pour tout dire, il ne reste là que Laurence Bernard, qui présente «Impatiences» de Stéphane Thidet. Un monsieur dont j’avais adoré l’exposition parisienne où il détournait l’eau de la Seine pour la faire passer à travers la Conciergerie. Quelques sculptures au sol, dont une a failli provoquer jeudi des chutes. Deux beaux dessins abstraits. Des photos peintes surtout, que je ne saurais vous dépeindre (3).
LaChapelle en très grand
Soyons justes! Il y a aussi, au 22, la Galerie des Bains qui a abandonné pour une fois le «street art». Elle expose David LaChapelle. Il y a donc d’énormes machins dégoulinants de mauvais goût. Un mauvais goût assumé, je veux bien. Le photographe américain ne se rapproche pas moins le public des galeries bis vendant aux jeunes cadres de mauvais tableaux. Marilyn ou Mickey, sans compter les chiens peints en rouge et les crânes endiamantés (en toc, tout de même!)
Bonne surprise chez Skopia. Ici, la maison s’agrandit. Elle possède dorénavant une troisième arcade, servant de bureau et de «show room». Un lieu meublé "années 1950" comme il se doit. A part ça, Pierre-Henri Jaccaud montre rue des Vieux-Grenadiers des artistes emblématiques de sa ligne dure. Pierre-André Ferrand. Franz Erhard Walther. Christoph Rüttimann (qui sera la vedette de son solo à Artgenève). Francis Baudevin. Plus Olivier Mosset bien sûr, qui aura tout le Mamco pour lui dès la mi février. Il y a tout de même de l’Alain Huck au bureau. A côté de ses confrères, c’est de la crème chantilly. Juste à côté, mais pour un soir seulement, Cédric Vionnet présentait en indépendant le 16 ses nouvelles œuvres en néon. Plus petites que d’habitude. Du texte. Très chouette. C’est quelqu’un qu’il faut encourager.
La barre de salle de bains
La fin de la rue est occupée par Joy de Rouvre, qui présente son petit monde réuni sous le signe de «1984». La gravure qu’elle édite cette fois est signée John Armleder. Là aussi, on retombe dans l’austère. Sylvain Croci-Torti. Guillaume Pilet. Delphine Renault. Il y a des pièces devant lesquelles je me suis tout de même interrogé gravement. Je pense à celle en «acrylique sur toile sur barre de salle de bains» d'Arthur Fouray, avec serviettes bien sûr. Mais il est vrai que nous sommes aux Bains. Rien à signaler comme d’habitude chez Mezzanin, qui vend à des prix parfois record la vétérante italienne Isabella Ducrot (89 ans). Comme d’autres, cette enseigne d’origine autrichienne a éprouvé jeudi du mal à attirer les foules. Celles-ci, à quelques galeries près, ont d’ailleurs depuis longtemps déserté le quartier.
J’ai terminé ma promenade rue du Vieux-Billard. A un bout, Patrick Cramer montre une nouvelle fois le Bâlois Fifo Sticker (3). De l’ancien et du nouveau. Le vieux, ce sont les grandes gouaches où l’artiste propose des animaux plus ou moins transformés en machine. L’actuel se compose d'étranges compositions abstraites faites de traits de pinceau entrecroisés. Il paraît que c’est sa vision au réveil. «Shut your Eyes». Il devrait à mon avis consulter un oculiste. L’autre présentation est celle de Wilde. Fabrice Gygi. Le Genevois aligne cinq sculptures de bois. Identiques. Des plots carrés composés de vingt éléments. Il y a surtout, dans la lignée de son exposition précédente dans la même galerie, de grands dessins aquarellés où le Genevois trace des étoiles tracées au millimètre. Du noir et blanc et de la couleur. Un coup de pinceau géant, mais parfaitement maîtrisé. Une calligraphie géométrique. Un travail impressionnant. Et pourtant, je ne suis pas particulièrement impressionnable…
(1) Du 30 janvier au2 février pour le public. - (2) Certaines phrases de la feuille de salle me laissent perplexe à propos de Stéphane Thidet. «Aux fantômes de l’imaginaire collectif auxquels sa pratique renvoie souvent, l’artiste ajoute ce tressaillement qui tient d’une contemplation déjouée.» - (3) Théoriquement, l’exposition Stricker est terminée, mais...
Pratique
Site www. quartierdesbains.ch
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Genève a propose ses premiers vernissages de 2020 aux Bains. C'est pauvre!
Les galeries disparaissent ou rétrécissent, à part Skopia. Les expositions déçoivent. Je vous sauve Fabrice Gygi et Fifo Stricker. Que sera Artgenève dans quelques jours?