Adieu «Art/7». Bonjour «Art/Carouge». Bien sûr, l'emballage change, mais il n'y a pas que cela. «Je pense qu'ainsi les choses deviennent plus claires», précise Christine Ventouras, de la galerie Krisal, servant sert de porte-parole à l'association dans la mesure où c'est toujours elle qui parle la première. D'abord les fondatrices ne sont plus sept depuis longtemps. Une galerie a définitivement fermé. Une participante a claqué la porte. D'autres gens sont venus frapper au même huis, comme on dit en français littéraire (1). L'actuelle brochure, annonçant les festivités du samedi 4 et du dimanche 5 mars, compte du coup neuf lieux. Et tout le monde n'est pas là! Pourtant fraîche arrivée, Joy de Rouvre a sauté un tour, comme Maya Guidi. Il faut dire aussi qu'annuels au départ, les vernissages collectifs sont devenus semestriels.
Pour mon tour de table, tout le monde était présent, sauf NOV. Et encore! Par un étonnant tour de passe-passe, le photographe Jörg Brockmann, qui tient une galerie à l'étage dans un immeuble moderne, loin du centre, se retrouve comme artiste chez NOV. «J'y montre une série de photos de Louise Bourgeois, que j'ai réalisées en 1996-1997 à New York.» L'homme a su créer un contact confiant avec cette dame pour le moins difficile, «mais tout a mal commencé.» Il faut dire que le journaliste devant accompagné Jörg avait oublié de venir. L’artiste octogénaire l'a ainsi autant laissé entrer tant chez elle que dans son atelier. Un souvenir marquant.
Bijoux en titane
Chez lui, Jörg montrera comme de coutume le 8 e art. Il a invité Vasantha Yogananthan, 32 ans. Mi-Français, mi-Cinghalais, «l'homme a cette fois retrouvé ses origines». Il s'est attaqué à un gros morceau, puisqu'il s'agit du «Ramayana», un texte indien antique qui n'en finit plus de se voir réinterprété. «Vasantha travaille à la chambre. Autant dire que son art est lent et méditatif. L'éclairage a pour lui une importance énorme. Il aime surtout la lumière du matin.» Le débutant est bien parti. Il vient de recevoir plusieurs prix destinés aux photographes émergents. Profitez du week-end. Le reste du temps JB (Jörg Brockmann, donc) ne reçoit que sur rendez-vous.
Annick Zufferey reste très bijoux. «Pour moi, cet art en réunit beaucoup d'autres, dont la sculpture.» Elle a prié pour la troisième fois Fabrice Schaefer, qui proposera «A fleur de peau». Le Genevois, qui enseigne le «design bijou» à la HEAD, joue ici des oppositions. «Il y a du titane, qui peut adopter plusieurs couleurs selon la manière dont on le chauffe, de l'or et de l'argent.» Le titane se traite en fusion comme de la pâte à modeler (en évitant de toucher, bien sûr!). «Il constitue ainsi le squelette des créations actuelles de Fabrice, toutes en légèreté.» Rappelons que ce dernier est aussi l'animateur de la galerie TACTILe (avec "e" minuscule) en Vieille Ville.
Dessins à la pointe d'argent
Ce sont les «Thin Spaces» de Carol Prusa que les visiteurs retrouveront au Salon Vert, dirigé par Angela Wollny. L'Américaine utilise la pointe d'argent, jadis employée par Dürer ou Léonard de Vinci et aujourd'hui réactivée. «Elle dessine sur bois ou sur fibre de verre, en multipliant les couches.» Rien de vraiment spontané dans ces pièces, dont certaines sont des boules, ou plutôt des sphères. «Elle possède une double formation d'artiste et de scientifique, qui l'a fait s'intéresser aux grandes théories mathématiques.» Je précise que Carol Prusa, à l'image de bien d'autres artistes d'«Art/Carouge», sera présente. «Elle compte bien profiter de son voyage pour visiter le CERN.»
Il y aura de la peinture et des dessins chez Véronique Philippe-Gache, à la tête de la Galerie LIGNE Treize. «Alexandre Holland, qui est un monsieur d'un certain âge, vu sa naissance en 1933, a été plusieurs fois vu à Genève.» Notamment chez Michel Foëx. Il est d'origine hongroise, «arrivé comme bien d'autres après l'écrasement de la révolte de Budapest par les Soviétiques en 1956.» L'homme pratique la nature morte, qu'il appelle à l'ancienne «la vie silencieuse». «Tout devient chez lui une expérience de la vision. Je suis ce que je vois.» Il s'agit donc d'un art méditatif ET d'observation. «Chaque œuvre constitue pour lui une expérience.»
Miroirs brisés
Christine Ventouras accroche elle pour la première fois les «Broken Mirrors» de Torsten Solin, pour lesquels j'avoue éprouver beaucoup de mal. «C'est un Berlinois. Il travaille depuis dix ans sur le thème des miroirs brisés. Ils impliquent fatalement une distorsion et une fragmentation de l'image.» Cet homme de 40 ans, «attiré par les extrêmes», multiplie les sujets féminins. «Il y aura cette fois soixante-dix images dans ma galerie. Je vais les présenter avec une sorte de profusion. Un peu de kitsch, ça ne fait pas de mal de temps en temps.» Reste que soixante-dix images, cela fait beaucoup de kitsch, même si certaines photos couleurs restent en fait petites.
A Séries Rares, dont s'occupe Mireille Excoffier avec Exem, il y aura un revenant. Il s'agit de Jean-Marie Borgeaud. Les Genevois l'ont redécouvert une première fois en 2014 avec une exposition de sculptures céramiques au sous-sol de l'Ariana, puis une seconde en 2016 grâce à d'autres pièces à la Corraterie chez Lionel Latham. «Ce sera assez différent. Nous sommes allés dans son atelier de Presinge. Nous y avons découvert toutes les pièces que l'artiste crée sans but précis. Nous en avons retenu des œuvres de petite taille, correspondant à notre espace.» Elles représentent parfois des humains, comme prévu, mais aussi des animaux.
Estampes par gaufrage
Si le Musée de Carouge se contentera d'animations les 4 et 5 mars en marge de la rétrospective Yvan Larsen, commencée depuis longtemps, Marianne Brand ne présentera cette fois pas de poteries. «Ce sera de la sculpture, du dessin de l'estampe.» L'ensemble aura pour auteur Pascal Liengme, qui travaille entre Genève et la Bourgogne. «Il s'est formé à l'ESAV, qui est devenue la HEAD, et au CEPTA pour ce qui est des techniques de la pierre.» Liengme a déjà beaucoup exposé. Il suggérera cette fois des «territoires et investigation». «Il y aura chez moi, qui dispose pourtant de peu de mètres carrés, une soixantaine de pièces.» Signalons les estampes. Elles constituent en fait de très graphiques gaufrages, «sur un papier que je trouve magnifique.»
(1) D'où le fameux huis-clos.
Pratique
«Art/Carouge», samedi 4 et dimanche 5 mars, divers lieux dans Carouge. Site global www.artcarouge.ch Ouvert de 11h à 17h. Chaque lieu reprendra ensuite son horaire habituel.
Photo (Le Salon Vert): L'une des sphères traitées à la pointe d'argent par l'Américaine Carol Prusa.
Prochaine chronique le samedi 4 mars. Lausanne, Mudac et Musée cantonal des beaux-arts.
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GALERIES/"Art/Carouge", qui succède à "Art/7", c'est pour ce week-end!