FRANCE/Les musée nationaux prêteront 500 tableaux à la province

Le Ministère de la culture a dévoilé ce lundi matin la liste complète des 500 tableaux qui quitteront les cimaises ou les réserves des musées nationaux (1) pour se voir montrés en province. C'est la fin heureuse d'une affaire au départ grotesque. Dans un des cafouillages dont elle a le secret (pourvu qu'elle ne le partage pas!), Françoise Nyssen avait laissé entendre que «La Joconde» pourrait voyager. Refus légitime du Louvre. Il fallait une compensation. Elle me semble bien trouvée.
Certes, tous les chefs-d’œuvre des musées français ne se trouvent pas à Paris. Heureusement d'ailleurs! En écrémant les institutions de région, on pourrait même former un second Louvre. Cela n'empêche pas certaines régions de rester déshéritées. Ou peu visitées. L'envoi d'une œuvre importante constitue un geste que je me permettrais pas d'appeler «fort» afin d'échapper au ridicule. «Le Figaro», à qui j'emprunte mes informations pratiques, cite ainsi Moulins, Lodève, Digne-les-Bains Sens, Roanne ou Saint-Lo. Ce seront elles qui accueilleront en priorité, pour une période allant de douze à dix-huit mois, les pièces retenues. Si leurs installations possèdent les normes requises de sécurité et de «climat», bien entendu!
Versailles très sollicité
On sait déjà qu'au menu il y a aura aussi bien Goya que Le Titien, Van Gogh ou Georges de La Tour. Déjà très prêteur, le Musée Picasso fera un effort supplémentaire. Le Centre Pompidou (qui s'était déjà délocalisé l'an dernier pour ses 40 ans), le Mucem de Marseille ou le Musée de la Renaissance à Ecouen joueront le jeu. Versailles s'est vu très sollicité. Et pour cause! Moi-même je ne suis jamais arrivé à visiter de nombreuses salles du musée, toujours fermées en raison d'une pénurie de gardiens et d'un manque évident de bonne(s) volonté(s). Le château conserve pourtant des portraits historiques qui iront bien en province dans des lieux voués à la saga nationale (même si cette dernière se voit aujourd'hui contestée par certains intellectuels chatouilleux). Des effigies d'écrivains pourront également orner les maisons qui leur sont dévolues, des médiathèques ou des monuments.
Tout cela a bien sûr un prix. «Le Figaro» parle de 6 millions d'euros. Il y a les frais de voyage. D'assurances. Je suppose qu'il faudra ajouter des convoyeurs, à loger et à nourrir. Le problème semble aigu avec les Départements d'outre-mer, à la fois lointains et sous-équipés. Je signale à ce propos que je n'ai pas vu cité dans l'article le Quai Branly, qui s'apprête il est vrai à subir la secousse sismique des restitutions promises par le chef d'Etat.
Choix venus de Roeun et d'Orléans
Ce sont deux conservateurs de région qui ont travaillé sur le projet. Pour une fois, le ministère a eu la main heureuse. Ce sont des gens compétents et sympathiques. Le choix est tombé sur Sylvain Amic de Rouen, dont je vous ai proposé il y a quelques mois la grande interview, et sur Olivia Voisin d'Orléans. Depuis que cette dernière est en place, cette ville bouge. Acquisitions. Rénovations. Orléans vient ainsi d'inaugurer ses nouvelles salles du XVIIIe siècle. D'ailleurs, c'est promis. Je vous en parlerai cette année.
(1) Les Musées nationaux ne sont en fait pas très nombreux. Une vingtaine. La plupart d'entre eux se trouvent dans la capitale.
Photo (RMN): Victor Hugo par Léon Bonnat. Ce portrait iconique, dont vous voyez un fragment, a sa place dans un lieu historique... ou un musée.
Texte intercalaire.