Comme les festivals de cinéma, les foires artistiques se succèdent à longueur d'année. Avec souvent les mêmes exposants. Certains d'entre eux se livrent ainsi de la mi-janvier à la mi-décembre (il subsiste tout de même une «trêve des confiseurs») à de véritables tournées mondiales. On finit par se demander quand ils sont chez eux. Si vous leur posez la question, ces marchands vous répondront que le commerce ne se réalise plus dans les galeries, du moins hors des soirs de vernissage. Les amateurs ont besoin d'événements, même si déambuler dans les allées d'une foire évoque plutôt pour moi l'idée de courses faites dans un supermarché.
En janvier, c'est la BRAFA de Bruxelles qui ouvre les feux. J'y suis allé l'an dernier. J'ai donc pu vous raconter les ambitions de ce salon généraliste. Il aimerait un jour (mais ce n'est pas demain la veille) détrôner la TEFAF de Maastricht sur la plus haute marche du podium. Le lieu est magnifique, puisqu'il s'agit de Tour et Taxis. Les environs de cette ancienne poste géante «craignent» un peu, comme on disait il y a quelques années. Mais que voulez-vous? C'est Bruxelles. Une ville qui ressemble à une banlieue dès que l'on quitte la Grand Place. Les marchands aiment bien la BRAFA, fondée ailleurs dans la ville en 1956. Il s'agit pourtant d'une foire longue, comme il n'en existe plus beaucoup. Ouverte au public le 27 janvier après une journée de vernissage, elle fermera ses portes le 4 février en 2018. Autant dire que ses derniers jours se retrouveront en collision frontale avec Artgenève (1er-4 février) et Bologna Art Fair (2-4 février). Des manifestations davantage axées sur le contemporain, même si la version genevoise du PAD (Pavillon des Arts et du Design), inclue dans les réjouissances en 2018, va modifier la donne.
Présentation genevoise
Est-ce pour cette raison que la BRAFA, à l'image du festival de théâtre d'Avignon, est venue faire de la retape le 21 novembre à Genève? Priés par les éditeurs du magazine romand «ArtPassions» Ombretta Ravessoud et Jean-Pierre Möri, les invités se voyaient accueillis dans les salons loués pour l'occasion de la Société de lecture. Un cadre jugé valorisant. Il y avait là le Conseil d'administration de la BRAFA, coiffé par son président Harold t'Kint de Roodenbeke. Les petits discours n'allaient pas accompagner les petits fours, vu que ces derniers ont cédé le pas depuis plusieurs années à des choses improbables se consommant dans des verres avec une sorte de cuillère. Il s'agissait tout de même de faire mousser par la parole la marchandise, devant ce qui reste de la presse. Tout le monde n'a pas envie d'aller se geler le bas du dos dans les frimas à Bruxelles, alors qu'on a au même moment une foire genevoise à quelques arrêts d'autobus de chez soi.
Il a donc été question de «continuité et de renforcement international». De «qualité et d'éclectisme». Les responsables ont également expliqué que le succès grandissant de leur entreprise entraînait «l'obligation de ne pas décevoir.» La sélection des exposants, qui seront 132 en 2018, a donc été "impitoyable". Le «vetting» se révélera sans doute de même. Comme le nombre de stands demeurera identique qu'en 2017 et qu'il y a douze nouveaux-venus («des enseignes majeures»), il faut s'attendre à des disparitions. Mais personne ne va s'étaler ici sur ce genre d'ombres déplaisantes. Il s'agit ici de mettre en lumière.
De Phoenix à Opéra
Voilà qui tombe bien! Il y aura plusieurs participants genevois à Bruxelles. Artpassions a eu la bonne idée de leur demander d'amener en voisins un certain nombre de pièces à la Société de lecture. Phoenix, représenté par Ali Aboutaam, a déplacé des objets archéologiques de toute beauté, dont un vase grec intact. «Nous serons pour la treizième fois à Bruxelles, où nous faisons toujours un effort particulier.» Marie-Laure Rondeau, qui se rendra pour la septième fois dans la foire belge, a amené des gouaches napolitaines avec assez de volcans pour réchauffer l'atmosphère. Patrick Pouchot-Lermans, qui occupe sans doute la plus petite galerie de la Grand-Rue (Schifferli, seize mètres carrés!), a déplacé des dessins dont un Gleizes de la bonne époque (les années 1910) et un Bellmer. Opéra, qui donne à Genève comme à Paris dans le moderne tapageur, est venu avec un petit Soulages et un Hantaï. Il y aura aussi Charly Bailly, dont l'émissaire est arrivé trop tard pour procéder aux présentations. Plus Jean-Batiste Fabre dont je ne saurais affirmer que l'enseigne rue de la Synagogue soit très visible de l'extérieur. La maison reste dans le grand XVIIIe, un genre aujourd'hui à la peine. C'est tout ce que j'en sais.
Voilà. Il y aura autrement du beau monde à Bruxelles (1). D'autant plus beau que je n'y serai pas pour faire tache. En dépit d'invitations insistantes, je n'irai pas. Je me réserve pour la TEFAF néerlandaise de la mi-mars. On ne peut pas être partout et, dès le 31 janvier au soir, il faudra par ailleurs que je vous parle d'Artgenève et du PAD. Comme disent les gens sages, il vaut mieux commencer par balayer devant sa porte.
(1) L'animation artistique sera faite avec des pièces de Christo, qui succédera ainsi à Julio Le Parc.
Pratique
BRAFA, Tour et Taxis, 88 avenue du Port, Bruxelles, du 27 janvier au 4 février. Tél 00322 53 48 31, site www.brafa.art Ouvert de 11h à 19h, le 1 er février jusqu'à 22h.
Photo (BRAFA): Un stand moderne lors d'une des éditions précédentes.
Prochaine chronique le mercredi 17 janvier. Toulouse-Lautrec à la Fondation Gianadda.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.
FOIRE/La BRAFA bruxelloise ouvre fin janvier les feux de 2018