C'est l'heure d'été, et donc celle des vacances. Avec toutes les inconnues que la chose suppose si vous voyagez en Suisse. Les routes ont un goût de bouchon. Aller en avion de Genève à Zurich n'est excusable que s'il s'agit d'un gage pour un pari perdu. Prendre le train se révèle à hauts risques étant donné tous les travaux prévus. Notre pays est le seul qui arrive au chaos sans grèves ferroviaires. Un bel exploit si l'on pense que le chemin de fer y est déjà deux fois lents qu'en France (pour les TGV au moins) et trois ou quatre fois plus cher qu'un Italie. En plus les toilettes y sont généralement à bout de souffle. Pensez à prendre votre pot de chambre avec vous.
Cela dit, je vais comme d'habitude vous faire mon hit-parade pour juillet et août. Je n'ai bien sûr pas tout vu dans l'immensité des propositions. J'assume entièrement mes choix et leurs partis-pris. Et sur ce c'est parti!
Les cinq coups de cœur
Monochromes, L'affaire du siècle. Le Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds nous en fait voir de toutes les couleurs. Il y a là des classiques, comme Steven Parrino ou Yves Klein, plus quelques jeunes Suisses d'Alain Huck à Jérôme Hentsch (jusqu'au 30 septembre, )
Hodler-Giacometti. A première vue, le sujet est tiré par les cheveux. Il existe peu de rapports entre le peintre genevois et le sculpteur grison. Le premier aurait pu être le grand-père du second. Le duo fonctionne pourtant très bien au Kunst Museum de Winterthour (jusqu'au 19 août, )
Kunst, Geld, Museum. En 1968, une votation publique faisait entrer dans le patrimoine bâlois deux Picasso majeurs qui auraient dû se voir vendus. L'artiste offrit quatre toiles et Maja Stehlin une cinquième. Une folle histoire très bien racontée au Kunstmuseum (jusqu'au 12 août, )
Je suis ton père. La Maison d'Ailleurs d'Yverdon-les-Bains a travaillé sur les «Star Wars» réalisés, puis produits pas Georges Lucas. Elle est allée très loin pour retrouver le mythe derrière l'image. Une réussite haut de gamme pour petits en grands enfants (jusqu'au 14 octobre, )
Un rêve d'architecte, La brique Falconnier. A la fin du XIXe siècle, Gustave Falconnier (1845-1913) avait imaginé une brique de verre permettant des murs translucides. Les briques étaient soufflées par des artisans. Elles ont conquis la Suisse, puis Paris et même la Russie avant de disparaître vers 1900. Le Château de Nyon raconte une épopée inconnue (jusqu'au 22 avril, )
Les cinq choix raisonnés
Collection Gurlitt. Second volet. Le Kunstmuseum de Berne, héritier de Cornelius Gurlitt, montre cette fois des œuvres à la provenance douteuse. S'agit-il d'art spolié, surtout dans le Paris de l'Occupation? Bonne explications, présentation nulle (Attention! Jusqu'au 15 juillet, )
Soulages. La Fondation Gianadda refait à Martigny le parcours de celui qui aura 100 ans en 2019. L'exposition est organisée en partenariat avec le Centre Pompidou, qui a amené le gros des œuvres. L'itinéraire va de 1948 à 2017. C'est bien, mais sans surprise (jusqu'au 25 novembre, )
Picasso, Lever de rideau. L'atelier, l'alcôve et l'arène. Trois champs de bataille pour Picasso graveur. Le Musée Jenisch de Vevey a tiré de ses cartons 120 des 600 pièces du maître aujourd'hui conservées par le Cabinet cantonal des estampes. Beau, mais prévisible (jusqu'au 7 octobre, )
Potières d'Afrique. La bonne surprise. Je m'attendais au pire dans le genre ethnographique et misérabiliste. Venue des Confluences de Lyon, cette collection de pièces récentes montre l'étendue d'un savoir-faire qui risque maintenant de se perdre (jusqu'au 9 septembre, )
Des jardins et des livres. C'est notre petite bibliothèque d'Alexandrie. La Fondation Bodmer de Cologny se penche aujourd'hui sur l'horticulture ou sur les plantes médicinales. Les ouvrages sont magnifiques. Le catalogue somptueux. Cela reste juste un peu austère (jusqu'au 9 septembre, )
Je n'aime pas beaucoup, voire pas du tout
Picasso-Bacon. Ils se sont rencontrés quelquefois. Il existe de vagues points communs entre leurs œuvres. Les pièces présentées sont de premier choix. La production proposée par la Fondation Beyeler n'en relève pas moins du «block buster» (jusqu'au 2 septembre, )
Manguin, La volupté de la couleur. La Fondation de l'Hermitage se penche sur un peintre fauve tenant davantage du chaton que du tigre sauvage. Henri Manguin (1874-1949) mérite une toute petite place dans l'histoire de l'art (jusqu'au 28 octobre, )
Dutch Mountains. Les paysagistes hollandais du XVIIe siècle ont parfois voulu montrer autre chose que des étendues plates. Ils ont regardé les Alpes. Le Kunst Museum de Winterthour a cette fois raté son coup. Que viennent faire ici Calame ou Caspar Wolf? (jusqu'au 20 janvier, )
Theaster Gates. Le Kunstmuseum de Bâle propose deux générations d'artistes afro-américains. S'il a eu la main heureuse avec l'aîné Sam Gilliam, j'avoue n'avoir rien compris à la «Black Madonna» de Theaster Gates, 44 ans, qui débarque de Chicago (jusqu'au 21 octobre, )
Hodler, Parallélisme. Présentée comme un événement européen, la rétrospective marquant les cent ans de la mort de Ferdinand Hodler propose certes au Musée Rath de Genève des tableaux magnifiques. Ceux-ci n'en sont pas moins tués par une mise en scène absurde et des éclairages aberrants. (jusqu'au 19 août, )
Photo (Studios Georges Lucas/Maison d'Ailleurs, Yverdon 2018): "Je suis ton père" traite les "Star Wars" comme les éléments d'une mythologie moderne.
Prochaine chronique le vendredi 13 juilet. Les expositions en Europe cet été. Je vous en présente juste dix.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.
ÉTÉ/Les expositions à voir ou à ne pas voir en Suisse. Un libre choix