
Ce sont des portraits, certes, mais des portraits de musée. Ils ont en commun deux choses. Tous se trouvent dans le giron de la Ville de Paris. L’ensemble des œuvres est dû à Christelle Téa. Une artiste que l’on voit exposée un peu partout depuis quelques années. La jeune femme (33 ans, ce n’est pas vieux!) s’est vue adoubée par ce qui compte en matière de beaux-arts, alors que son style ne répond à aucune mode. Il ne nécessite par ailleurs pas la moindre glose. Christelle dessine comme elle respire. Aucun croquis préparatoire pour ses grands dessins. Elle se lance d’un trait d’un seul. Tout naît rapidement sous ses doigts, reflétant les choses comme elle les voit. Un brin déformées, autrement dit personnalisées. A chacun sa vérité.
Née à Créteil en 1988, la dessinatrice est issue d’une famille chinoise ayant transité par le Cambodge. Elle a failli se lancer dans le chant. Le vrai. Celui qui se pratique sur les scènes d’opéra. Cette vocation avant bifurcation a servi à quelque chose. Christelle Téa a commencé par représenter des musiciens. Puis son cercle de modèles s’est élargi. Une petite notoriété a suivi. Elle ne demandait qu’à grandir. Sont ainsi arrivés les premiers clients, puis des institutions intéressées à acheter comme à exposer. Il ne manquait plus qu’une commande. C’est Annick Lemoine, «dix-septiémiste» en charge du Musée Cognacq-Jay (qui serait, lui, plutôt XVIIIe…), qui la lui a passée en 2019. Pourquoi ne pas portraiturer non seulement la vénérable institution de la rue Elzévir, mais le Petit Palais, les maisons de Balzac et de Victor Hugo ou le Musée d’art moderne?
Au "Salon Boucher"
Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Christelle Téa a passé ses journées à remplir à l’encre de Chine, sans esquisse ni repentirs, ses grandes feuilles de papier. Une forêt de traits modifiant un peu les perspectives et choisissant leurs détails. Le «Salon Boucher» de Cognacq-Jay a ainsi particulièrement inspiré l’artiste. Celle-ci s’inscrit ainsi dans toute une tradition. La description, généralement à l’aquarelle ou à la gouache, d’une chambre ou d’un salon a formé un véritable genre au XIXe siècle. Il y a eu depuis les visions enchanteresses d’Alexandre Sebriakoff et celles, plus décalées, de Philippe Jullian puis de Pierre Le Tan. La formule semble donc loin d’être tarie.

L'un des autoportraits. Chapeau bleu. Photo Christelle Téa.
Cette jolie exposition semble enfin à la mesure des lieux. Problématiques... Cognacq-Jay a toujours vu trop grand. Je vous ai ainsi parlé de la rétrospective du peintre Jean-Baptiste Huet comme du panorama de l’activité des marchands merciers sous Louis XV et Louis XVI. Comment faire entrer un tel programme dans deux petites salles, une autre un peu plus vaste et un corridor en forme de goulet? Ici, les dessins respirent. Enfin! Il s’est même trouvé un peu de place pour montrer sur un mur une trentaine d’autoportraits de Christelle Téa. C’est toujours le même visage, certes, mais le chapeau (seule note de couleur) diffère. L’artiste semble inconcevable sans lui. Il constitue une sorte d’identité. Une identité en l’occurrence changeante...
Pratique
«Christelle Téa», Musée Cognacq-Jay, Paris, 8, rue Elzévir, jusqu’au 5 décembre. Tél. 00331 40 27 07 21, site www.museecognacqjay.paris.fr Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Entrée gratuite.
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Christelle Téa a dessiné pour le Musée Cognac-Jay le portrait des musées de la Ville de Paris
Il y a là des lieux connus, vus d'une manière personnelle. Donc légèrement déformés. Cette petite exposition se révèle enfin à la mesure des lieux.