
L’été et l’automne sont apparemment de bonnes saisons pour les nominations. Surtout en France dans les musées nationaux cette année. Cécile Debray vient ainsi de se voir agréée par Emmanuel Macron sur proposition de Roselyne Bachelot, qui n’a pas dû elle-même avoir l’idée toute seule. Elle dirigera dorénavant le Musée Picasso, abandonné par Laurent Le Bon, ce qui peut sembler normal pour une «vingtiémiste». En quittant l’Orangerie, qui dépend plus ou moins d’Orsay, cette femme de 54 ans grimpe donc d’une marche l’escalier menant vers les sommets. Je vous ai déjà maintes fois dit que le parcours administratif français tenait du «Cursus honorum» à la romaine ou plus prosaïquement de la course au sac.
Petite fille de l’écrivain Georges Duhamel (auteur de deux cycles un peu oubliés, «Vie et aventures de Salavin» et «La chronique des Pasquier»), Cécile Debray est née en novembre 1966. Son parcours lisse correspond à tous les critères fixés outre-Jura, où l’on n’apprécie guère la diversité quoiqu’on en dise. L’adolescente a fait l’histoire de l’art à Nanterre. Elle s’est perfectionnée à Montréal, une touche d’Amérique faisant bien dans le paysage international. Puis elle a intégré en 1996 l’Institut national du patrimoine. Il ne restait plus qu’à entrer dans la pratique. La chose ne demeure aujourd’hui possible que pour les bons élèves bien sages. Selon l’usage, Cécile a débuté en province. Ou plutôt en régions. C’était à Châteauroux, dont elle a dirigé les musées entre 1997 et 2000. La débutante est parvenue à faire parler de sa programmation, ce qui tient de la performance. Châteauroux n’est pas le genre de villes où les Parisiens se rendent tous les jours.
"Elles@centrepompidou"
Cécile Debray a ensuite passé au service de la Ville de Paris. Elle y est restée de 2000 à 2005. A suivi un séjour à la Réunion des musées nationaux de 2005 à 2008. La conservatrice désormais confirmée conseillait le Grand Palais. Un travail de l’ombre. Retour à la lumière de 2008 à 2017. La femme s’est retrouvée au Centre Pompidou. Elle y a organisé des expositions marquant les esprits. Je citerai «Elles@centrepompidou», une présentation des collections dans une perspective à la fois féminine et féministe. Vu son succès, cet accrochage s’est vu prolongé de 2009 à 2011. Il s’agissait là d’un travail pionnier accompli avec sérieux en compagnie de Camille Morineau. Il y a aussi eu «L’aventure des Stein» (la famille de Gertrude) au Grand Palais en 2016-2017 ou «Marcel Duchamp, La peinture même» à Beaubourg en 2015. Je vous ai parlé de tout cela à l’époque.
En 2017, Cécile Debray a émigré à l’Orangerie. Son premier poste directorial, en remplacement de Laurence des Cars promue à Orsay. Le lieu conserve certes les «Nymphéas» de Monet et la Collection Walter-Guillaume, mais il se permet des incursions dans un XXe siècle même avancé. Cécile a donc pu y montrer la Portugaise de Londres Paula Rego (qui est bien vivante!) ou un remarquable Apollinaire critique d’art. La chose ne l’a pas empêchée de revenir à Beaubourg pour l'intéressant «Préhistoire, Une énigme moderne» en 2019. Après le grand sommeil de 2020, la programmation de l’Orangerie (où le nouvel accrochage de la Collection Walter-Guillaume m’a je dois dire beaucoup déçu), il y a eu d’autre expositions réussies dans ce lieu intime. Je viens ainsi de vous dire mon enthousiasme pour le Soutine-De Kooning.
Anniversaire Picasso en vue
Au Musée Picasso, en perte de vitesse, Cécile Debray devra fidéliser le public parisien. Créer un tam-tam international. Et surtout préparer la célébration des cinquante ans de la mort de l’artiste en 2023. Tout cela a bien sûr été nappé dans une épaisse sauce de grands mots par le gouvernement français. Il n’y aura plus maintenant qu’à remplacer Cécile à l’Orangerie. On verra si le jeu des chaises musicale, ou «La ronde» selon le dramaturge autrichien Arthur Schnitzler, continue. Vous avez sans doute remarqué qu’on prend toujours les mêmes. Ils se déplacent comme sur un échiquier. Aucun pion inédit pour le moment dans le jeu. Il faudra pourtant aussi une nouvelle tête pour le Petit Palais déserté par Christophe Leribault. Tout a bougé depuis les retraites de Serge Lasvignes et de Bernard Blistène à Beaubourg, plus l’éviction de Jean-Luc Martinez au Louvre. La fameuse continuité a pris un méchant coup en 2021.
Attention!!!! Changement de site!!!!
Le dimanche 31 octobre, à minuit pile, le site de «Bilan» que vous voyez depuis des années se verra remplacé par un autre. La chose aura des conséquences pour la suite des parutions. La configuration de la maquette ne sera plus exactement la même. Vous ne retrouverez pas toujours les articles où vous avez l’habitude de les voir et leur forme sera légèrement différente. Le changement aura également des répercussion sur les textes anciens. La plus importante me semble valoir pour les photos. Les images carrées, et a fortiori en hauteur, ne sont pas prévues (du moins pour l’instant) par le nouveau système. Vous risquez donc un consultant un vieil article de retrouver les illustrations sauvagement recadrées, avec un certain nombre de personnages décapités. Ne vous en formalisez pas trop et lisez tout de même. Je profite pour vous rappeler qu’il est toujours possible de suivre ma chronique en utilisant comme mots clefs «bilan» et «dumont». On verra pour la suite!
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Chaises musicales. Cécile Debray passe de la direction de l'Orangerie à celle du Musée Picasso.
Encore un remplacement à l'interne. L'historienne de l'art a pour elle un joli parcours ponctué d'expositions importantes, notamment à Beaubourg.