Cette fois-ci, ça y est, Le MCB-a lausannois a été inauguré jeudi
Discours et visites. Je vous résume. Je vous décris aussi les parties auxquelles je n'avais pas encore eu accès, de la librairie à l'Espace Projet du rez-de-chaussée

Les mappemondes de Julian Charrière. En plein dans le sujet!
Crédits: Odile Meylan, 24 Heures.Cette fois-ci, ça y est. C'est devenu
réel. Concret. Le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne (MCB-a de son
petit nom) a été inauguré le jeudi 3 octobre. En deux fois. Il y a
eu une première fournée officielle le matin, la presse ayant été conviée le 1er octobre. Et le soir, à 17 heures,
c'était au tour des gens de musées, des collectionneurs, des
galeristes et autres personnages du petit milieu de l'art. Discours
(au pluriel) sous une tente dressée près de la gare. Puis visite
libre des locaux abritant jusqu'en janvier l'exposition «Atlas,
Cartographie du don».
Comme à chaque grande étape du chantier, ils étaient six orateurs. Dans le même ordre que la dernière fois. Priés de faire bref. Cinq minutes chacun. Ce n'est pas que le temps semblait précieux, mais il y avait tout de même du monde. Et qui dit monde pense tout de suite dissipation. Le public savait qu'il aurait droit à beaucoup d'hommages, même «s'il est impossible de remercier tout le monde.» Et puis les gens avaient tout de même envie de voir un accrochage qui se déploie tout de même sur 3200 mètres carrés.
Humeur optimiste
Nicole Minder a donc ouvert les feux,
alors que le soleil brillait dehors comme en signe d'approbation. Un
soleil qui était déjà bien là pour la journée d'avril 2019 où
les mêmes assistants, ou presque, découvraient le bâtiment vide.
La cheffe des affaires culturelles vaudoises souhaitait la bienvenue
pour un «moment historique». Elle a rappelé que le 70 pour-cent
des Suisses visitait au moins un musée dans l'année. «Rien ne
remplace le contact avec les originaux. Je pense que ce type
d'institutions a encore de beaux jours devant lui.» L'humeur était
à l'optimisme.

Pascal Broulis, Conseiller d'Etat en charge de la construction, a ensuite souligné le caractère pérenne des musées et de leurs collections. «Les politiques ne font que passer.» Le politicien s'exerce à la modestie. Puis est venue Cesla Aramelle, Conseillère d'Etat chargée de la culture. «La prospérité d'un pays dépend du niveau d'éducation de ses citoyens. Il faut donc encourager la culture sans pour autant la dicter. Notre devoir est de la rendre accessible à tous. Il s'agit là d'une tâche noble.» Catherine Labouchère est venue rappeler le rôle de la Fondation de soutien de Plateforme10. André Malraux et Victor Hugo ont été cités au passage.
"Fier, heureux et soulagé"
Président du Conseil de fondation du
MCB-a, Olivier Steimer s'est dit «fier, heureux et soulagé». Dix
ans de travail, c'est long. «Et pourtant nous n'en sommes qu'aux
débuts.» Il faudra maintenant faire vivre l'institution, notamment
par ses expositions temporaires. «Le but premier reste de faire
rayonner le musée comme un élément majeur du paysage en Suisse et
à l'étranger.» Vaste ambition, vu la concurrence, ne serait-ce que
nationale. Mais on sait que l'équipe dirigée par Bernard Fibicher
compte monter entre huit et dix manifestations par an.

Bernard Fibicher a comme de juste conclu la partie orale. Il a commencé par remercier les artistes, dont beaucoup parsemaient l'assistance, du trublion Gianni Motti à Vincent Kohler en passant par Olivier Mosset «C'est pour eux que se crée un musée.» Il a ensuite rappelé devant un parterre de donateurs (et surtout de donatrices) qu'«Atlas» constitue une «mappemonde de la générosité». L'actuelle exposition se limite à 349 œuvres, mais cela fait déjà beaucoup.
Un escalier bien utile
Il n'y alors plus eu qu'à gagner
l'entrée. Au passage, la foule remarquait les bancs circulaires
formés de ronds de béton penché, signés INCH. Il y a aussi la
locomotive verte, rappel du passé ferroviaire. Une coproduction
entre Mosset le Français Xavier Veilhan. Je n'ai pas pu me retenir
de grimper sur l'escalier menant à l'avenue Ruchonnet. Un
escalier qui deviendra bien utile quand la gare voisine entrera en
travaux. J'ai admiré d'un côté les beaux immeubles 1930 de la rue.
J'ai surtout constaté que l'édifice devant abriter en 2021 l'Elysée
et le Mudac arrivait enfin à fleur de terre. Des ouvriers s'y
activaient. Et ce n'étaient pas des figurants, comme dans certaines
galeries chic new-yorkaises, chargés de faire venir les vrais
visiteurs...

Le bâtiment, maintenant. Je vous ai déjà presque tout dit. Je n'avais cependant pas vu la salle finale. «Atlas» se termine par un «Index». Une immense halle où les oeuvres apparaissent comme des citations, de Balthus à Jannis Kounnelis. Le portrait de Marie de Nemours, princesse de Neuchâtel, par Rigaud met là une touche ancienne. D'autres ponctuations se veulent hyper-contemporaines. Il y a des curiosités. J'ai ainsi remarqué un Emile Chambon. Un vrai Chambon. Pas un de ces petits machins comme on en voit tout le temps en salles de vente.
Qui sont les donateurs...
En refaisant le parcours pour arriver
au rez-de-chaussée, j'ai lu les cartels qui ont été ajoutés
depuis ma première visite. Un peu sommaires, je dois dire. Le plus
intéressant est d'y noter les provenances. Alice Pauli pourrait
presque se voir associée au sigle du MCB-a. Elle a énormément
offert. Le couple formé par Alain et Suzanne Dubois (Alain est
aujourd'hui décédé) a également signé une très importante
promesse de dons. Avec des pièces un peu dans le même style
qu'Alice. Il y a un envoi personnel de Pierre Soulages. On m'a présenté un
monsieur qui s'est séparé de plusieurs Vallotton particulièrement
originaux. Il ne faisait pas le fier pour autant.
Au rez-de-chaussée, il me restait à découvrir la librairie, particulièrement réussie. Un peu de maximal dans un musée à l'architecture par ailleurs minimale. Du noir à la place du blanc, avec des livres et quelques objets. Je vois mal ce qu'une râpe à fromage, même signée Alessi, vient faire ici, mais elle présente très bien dans une vitrine. Juste à côté, autre découverte pour moi en ce jeudi, il y a l'Espace Projet. Beaucoup de contemporains, avec un grand Alexandre Calame venu jouer les grands-pères. Au milieu de l'espace trônent quatre Sylvain Croci Torti ronds (énormes évidement, comme tout ce que fait le Vaudois) formant un carré. Un défi à la géométrie.
Pratique
Il y avait encore beaucoup de monde, mais c'était la fin. On attendra samedi pour les portes ouvertes. Prévoyez une ruée si vous y allez samedi ou dimanche. Je rappelle vite le site, www.plateforme10.ch Une foule d'animations sont agendées. Visites. Animations. Concerts. Regards. Ateliers. Et j'en passe. Pour tout dire, je ne suis pas encore arrivé au bout du dépliant...