Le parcours céramique ne s'arrête pasà Carouge. Il contamine certaines institutions et galeriesgenevoises. Celles-ci proposent des expositions qui s'inscrivent engénéral dans la durée. En voici quatre d'entre elles.
Masamichi Yoshikawa chez EspaceMuraille. A 73 ans, le Japonais fait partie des potiers stars del'archipel. Sa trajectoire reste cependant insolite. L'homme acommencé par le design, avant de se tourner vers des créationartisanales traditionnelles. Il s'est installé à Tokomame, où il aouvert son atelier en 1975. Il s'agit d'un des six endroits où setrouvent les fours historique du Japon, en raison de la qualitéd'argile disponible sur place. Masamichi a débuté, comme souvent,par de l'utilitaire. Puis il a passé à une sculpture de porcelaineavec des glaçures céladon. Depuis la commande spéciale d'un templeen 2016, il inclut du verre à ses créations. Le public de PasseMuraille, qui a déjà dédié plusieurs de ses présentations à descéramistes, peut s'en rendre compte. Il y a dans la grande salle duhaut d'énormes vases (que les mauvaises langues rapprocherait dessanitaires pour ce qui est de la forme) sur des socles vitrés. SiYoshikawa propose de petites pièces, aux formes architecturales, ildonne en effet volontiers dans le monumental. Le plus spectaculairedes objets visibles chez les Freymond pèse 160 kilos (jusqu'au 14décembre, www.espacemuraille.com ).

Johan Tahon à l'Ariana. Il est Belge.Il a 54 ans. C'est un grand gaillard à cheveux longs qui produit dela sculpture céramique. Celle-ci s'inscrit dans une longue traditionremontant à Luca della Robbia, qui vivait en plein XVe siècle àFlorence. Un héritage que l'homme assume pleinement, même s'iln'apparaît pas chez lui ce désir de perfection qui animait lesmaîtres de la majolique. Ses grands vases ne sont pas parfaitementronds. Ils comportent de larges coulures. Ses statues semblent faitede bric (ou plutôt de briques) et de broc. Tragiques, elles visent à«exprimer la densité et la complexité de la condition humaine»Rien de moins que ça! Très hautes, elle se retrouvent en plussoclées par les tables des salles contemporaines au premier étagede l'Ariana. Cela fait tout un peuple qui semble se tordre de douleuren exposant les stigmates de leur confection artisanale. D'autresœuvres se trouvent au rez-de-chaussée, y compris dans les vitrinesdes collections permanentes. On aime ou on n'aime pas. Moi pas, maisje dois reconnaître que bien des visiteurs du vernissage sesentaient sous le coup de l'émotion (jusqu'au 5 avril 2020, www.ariana-geneve.ch )

Paul Bonifas à la galerie LionelLatham. C'est l'éternel retour. Le galeriste a proposé sa premièrerétrospective consacrée à Bonifas, mort en 1967, courant 1982. Ilse trouvait encore rue Sismondi. Du potier genevois, établi àVersoix, puis à Ferney-Voltaire et enfin aux Etats-Unis, Lionel n'aretenu cette fois que les céramiques «puristes». Autrement ditcelles produites avant la guerre avec des formes apparemment simpleset sans décor peint. La plupart d'entre elles sont blanc crème, oualors lustrées d'un noir un peu roux. Parmi les 47 piècessélectionnées, en parfait état de conservation, il n'y a ainsi,posés sur une table à part, que trois productions vertes. L'amateur(et Bonifas garde les siens) admirera la diversité dans l'apparenteunité. Il suffit d'une application, d'une anse, d'un retrait de laparoi céramique pour créer une nouvelle variation sur un thèmeconnu. L'accrochage est complété par de grandes photos de damestenant certaines des œuvres exposées. Ces dames étant fortdévêtues, les images sont donc de Nicolas Lieber (jusqu'au 6octobre, www.galerie-latham.com Horaire spécial, la semaine de 11à 18h, le week-end de 11h à 17h)

De Terre et de Soie à la FondationBaur. Aujourd'hui dirigé par Laure Schwartz-Arenales, le muséeprivé entend désormais «faire converser céramiques contemporainesextrême orientales ou inspirées par l'Asie avec d'autres artstraditionnels.» Je simplifie un peu la phrase. Il a donc invitéMarie-Laure Guerrier, qui tourne des pièces en grès ou enporcelaine. La Lyonnaise, née en 1955, utilise des techniques larapprochant de la grande école chinoise. C'est particulièrementsensible à l'entrée des salles d'exposition au sous-sol. MarieLaure propose là des «coupes froissées», avec des couvertesnoires ou ivoire. Il y a plus loin des seaux en grès à glaçurecéladon. Pour vraiment donner l'idée d'un art épuré, l'expositioncontient trop de pièces, au risque de faire magasin de vaisselle. Ileut fallu élaguer. Ceci d'autant plus que les spectaculairesbroderies d'In-Sook Son se révèlent prégnantes. La Coréenne, quia refusé le titre de «trésor national vivant» pour ne pas sesentir figée dans une permanence, conçoit des tableaux mais surtoutde grands paravents paraphrasant des peintures anciennes. C'eststupéfiant de virtuosité. Mais cela se serait davantage encore sansrien d'autre avec (jusqu'au 19 janvier 2020, www.fondation-baur.ch )
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Bonifas, Johan Talon ou Yoshikawa exposent en marge du "Parcours céramique"
Le festival carougeois a fait des petits en ville. L'occasion de découvrir de nouvelles expositions de longue durée à l'Ariana, en galeries ou à la Fondation Baur.