En allant l'autre jour au Musée d'Artmoderne de la Ville de Paris voir l'exposition consacrée ausculpteur anglo-américain Thomas Houseago (j'y reviendrai, ofcourse!) je n'avais pas fait attention aux fenêtres du bâtiment.J'adore pourtant ce dernier, construit pour l'Expositioninternationale de 1937. Il me semble l'un des plus indiscutableschefs-d’œuvre de l'Art Déco tardif, avec son élégantearchitecture à colonnes et son décor sculpté d'Alfred Jeanniot.
Les fenêtres ont en revanche tapédans l’œil d'Ellsworth Kelly, qui a (tout comme son homonyme GeneKelly) joué les Américains à Paris entre 1948 et 1954. La capitalefrançaise gardait alors son aura artistique. Il s'agissait d'unespace de liberté face à une Amérique en plein maccarthysme.Surtout pour un soldat démobilisé, plutôt du genre gay. Il y avaitlà de quoi respirer, et pourquoi pas, innover dans une petitechambre de l'Hôtel de Bourgogne. On sait que Kelly (Ellsworth, pasGene!) tendra toujours davantage par la suite vers l'épure. Degrands monochromes aux formes incurvées. Le tout en gardantparallèlement, comme Lucio Fontana, une pratique du dessinfiguratif. A la Matisse. Un simple trait. Du reste, le CentrePompidou avait déjà rapproché les deux maîtres, l'alors jeune etl'autre en fin de vie.
Un ensemble austère
C'est Beaubourg toujours qui proposeaujourd'hui les «Fenêtres» d'Ellsworrth Kelly au quatrième étage,dans une immense salle indiquée par aucune flèche. Il s'agit enpartie de remercier pour un don. L'institution a reçu en 2015 d'unartiste alors âgé de 92 ans le «Window, Museum of Modern art,Paris». C'est l'occasion de le réunir avec les cinqautres versions, dispersées. Il y a en plus aux murs de nombreusesœuvres de cette époque française, que le visiteur lambda n'a guèreeu l'occasion de voir. Elles viennent du MoMA, de la FondationEllsworth Kelly ou de Jack Shaer le compagnon de l'artiste. Leregardeur attentif peut ainsi découvrir comment fonctionnaitl'«already made», qu'il ne faut pas confondre avec le «readymade» de Marcel Duchamp. L'artiste copie fidèlement une choseexistant déjà. Il ne l'emprunte pas telle quelle.
Tout cela peut apparaître austère,d'autant plus que Kelly se limite ici au noir et au blanc.L'accrochage réglé par Jean-Pierre Criqui dans une sorte de grandhall vide n'arrange rien. L'exposition, qui se termine avec ladernière œuvre de Kelly réalisée en 2015, juste avant sa mort,doit se mériter. La rétrospective de la Fondation Lambert d'Avignonl'été dernier, avec une explosion de couleurs, n'avait pas le mêmecôté raclé jusqu'à l'os.
"La fabrique du vivant"
Beaubourg propose parallèlement, pourquelques jours encore sur sa mezzanine, deux présentationscontemporaines, le sixième étage devenant de plus en plushistorique. La première est dédiée à la Brésilienne ErikaVerzutti, née en 1971. L'invitée propose une gigantesque installation,composée avec nombre de ses pièces. Elle en fait en quelque sortela somme, avec une sorte de dolmen dans un coin. C'est très réussi.J'ai éprouvé plus de peine avec «La fabrique du vivant», qui mêleart et science. Nous sommes, avec ce nouveau volet de«Mutation/Création», dans les nouvelles technologies à la foismécaniques et biologiques. Le plateau se divise en quatre espaces.«Il y a le design perçu comme artefact vivant, une architecturebio-computationnelle, la programmation du vivant et la recherche dematérialité.» C'est très bien fait. Très intelligent. La preuve,c'est que je n'ai à peu près rien compris. Très bien en scèneégalement. J'ai noté au passage deux artistes suisses à soutenir.Il s'agit de l'Uranaise Pamela Rosenkranz et du Vaudois JulianCharrière.
Pratique
«Ellsworth Kelly, Fenêtres»,jusqu'au 27 mai, «La Fabrique du vivant» et «Erika Verzutti»,jusqu'au 15 avril. Centre Georges-Pompidou, place Georges-Pompidou,Paris. Tél. 00331 44 78 12 33, site www.centrepompidou.fr Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 11h à 21h.
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Beaubourg présente les "Fenêtres" d'Ellsworth Kelly, Erika Verzutti et le vivant
Le Centre regorge d'expositions secondaires, sans être mineures pour autant. Le quatrième montre l'artiste américain récemment décédé, tandis que la mezzanine se fait toute contemporaine.