Vincent van Gogh a fait en 1888-1889 un mémorable séjour à Arles. Il perdit dans la petite ville beaucoup de ses illusions et le bout d'une de ses oreilles. Le Néerlandais devait mourir à Auvers-sur-Oise dès 1890. Son frète Theo, guère plus solide que lui, disparut quelques mois plus tard. C'est Jo, l'épouse de ce dernier, éteinte en 1925, qui joua les veuves de fer. Le peintre lui doit sa renommée et le début d'une vertigineuse cote commerciale.
On comprend dès lors que d'habiles marchands soient parvenus à extirper d'Arles toutes les toiles de Van Gogh qui s'y trouvaient encore. Il n'en est bientôt plus restée aucune. Un état de fait jugé choquant, l'ancien fou étant devenu identitaire pour la cité. C'est pour cela que plusieurs tentatives y ont été faites de raviver la mémoire du grand homme, en ramenant si possible quelques-unes de ses toiles. L'actuelle est la Fondation créée par les Hoffmann en 2010, installée dans deux bâtiments contigus de la vieille ville. Ici, pas de collection permanente. Une exposition estivale avec, en écho, une présentation contemporaine.
Deux sources d'approvisionnement
Cette fois, l'enjeu tourne autour de «Van Gogh en Provence: La tradition modernisée». Trente et une peintures ont été empruntées aux deux sources auxquelles il est le plus facile de s'abreuver. Il s'agit du Musée Van Gogh d'Amsterdam et de du Kröller-Müller Museum d'Otterlo, qui conservent tous deux des fonds importants. La chose n'a rien d'extraordinaire. Si la carrière du Hollandais est demeurée courte, il n'en a pas moins créé plus de 2000 toiles et dessins entre 1880 et 1890. La chose explique l'incroyable disparité des réussites. Si Van Gogh avait du génie, il ne possédait pas le talent à même de sauver du désastre ses mauvais jours.
Les 31 pièce réunies se révèlent dans l'ensemble assez moyennes. Pas de chef-d'oeuvre immortel. La meilleure chose reste l'«Autoportrait au feutre gris» de 1887, réalisé alors que l'artiste se trouvait encore à Paris. Il y a aussi là le célèbre paysage, avec bateaux, brossé aux Saintes-Marie-de-la Mer.
A la découverte de Glenn Brown
Glenn Brown sert cette fois de contrepoint à Van Gogh. A 50 ans, l'artiste est sous contrat chez Gagosian après avoir beaucoup souffert au moment de son apprentissage, même si les écoles anglaises n'ont jamais décidé, à l'instar de leurs homologues françaises, de faire table rase du passé. Comme bien des Britanniques, Brown est demeuré fidèle à la peinture de chevalet. Mieux encore, il produit un art référentiel, où Raphaël, Jordaens, Rembrandt (Greuze, surtout) se voient réactualisés grâce à lacis de traits virtuoses mêlant plusieurs motifs de base, plus ou moins reconnaissables. Brown produit aussi de la sculpture peinte, très matiériste, dont il demeure plus difficile d'identifier les origines.
C'est courageux de le montrer à Arles. Les Français éprouvent beaucoup de peine face aux Anglais contemporains, qui les décontenancent. En Provence, Brown a l'air d'un ovni. Il est vrai que les Britanniques rendent bien la monnaie de cette pièce aux jeunes créateurs venus de Paris ou de province. Ils les jugent insipides. Reste que les Français, eux, sont rarement promus à des prix astronomiques par Gagosian...
Pratique
«Vincent van Gogh en Provence, Glenn Brown, Suffer Well», Fondation Vincent van Gogh, 33ter, rue du Docteur-Fanton, Arles, jusqu'au 11 septembre.Tél.00334 90 93 08 08, site www.fondation-vincentvangogh.org Ouvert tous les jours de 11h à 19h, le jeudi jusqu'à 21h.
Photo (Museum Vincent van Gogh, Amsterdam): "Autoportrait au feutre gris", 1887. L'artiste l'a encore peint à Paris.
Texte intercalaire.
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ARLES/Vincent van Gogh revient dans sa fondation avec 31 tableaux