C'est un cadeau. Comprenez par là quel’œuvre vous est offerte sans l'attente d'une compensation ou d'unretour. L'«Esquisse murale» d'Ariane Monod n'est pas à vendre. Iln'en restera d'ailleurs bientôt rien. Quelques jours encore devisites possibles à Andata Ritorno, et ce sera fini. Avec un aidevenu pour l'assister, l'artiste va tout effacer. Les deux pièces dela galerie peintes au fusain et à l'eau reviendront à leur étatnaturel. Un blanc qu'il faudra sans doute raviver. De l'aventure nesubsistera qu'une poignée de photographies. Cela fera peu pourrestituer l'immersion dans un décor conçu sur deux mois. Tout justeun aide-mémoire.
Joseph Farine, dont c'est la 325 e exposition en trente-sept ans, a confié son espace à l'artistegenevoise pendant l'été. Le calendrier était bien réfléchi. Elleaurait les deux mois de fermeture annuelle afin de créer une œuvre enrésidence. Ariane n'a pas été cloîtrée pour autant. Elle avoueavoir passé cinq semaines et demi à l'ouvrage, le reste ayantconsisté en un voyage au Japon. Un pays où elle aime à se rendre.Il lui apportait cette fois en prime la distance voulue avant unereprise de son travail. L'«Esquisse murale» tient en effet pour laGenevoise de l'avancée dans l'inconnu. Du saut dans le vide. C'estun peu comme si l'immense image, qui couvre deux murs dans lapremière pièce et trois dans la seconde, se créait progressivementen partant d'elle-même.
Un paysage intérieur
Ariane Monod a cependant dû composeravec les cimaises, qui ont subi bien des choses en quatre décennies.Il lui a fallu trouver des idées pour inclure dans le motif desplinthes, une porte, une sonnette et deux demi colonnes. Tout devaitsembler faire partie de la même composition. Une composition qu'ilest permis d'interpréter comme un paysage, même n'en s'agit pasvraiment d'un. Ou alors d'un paysage intérieur, ne se rapportant quevaguement à la vision d'une nature réelle. «Les vaguesapparaissent ainsi, les ressacs, la tourmente, le vent, les retombéesaquatiques qui semblent des appels au large de l'inconnu, del'indicible et de l'imaginaire marin autant que céleste», écritJoseph Farine dans son texte de présentation.
Et après? Pas de regrets? Apparemmentnon. Ariane Monod partira vers d'autres aventures, quand elle nedonnera pas ses œuvres, pérennes celles-ci, sur plaquesmétalliques. L'idée d'éphémère, qui angoisse tant les artistescontemporains, ne l'effraie pas. L'«Esquisse murale» constitue aussi un spectacle. Autrement dit une chose se détruisantà mesure qu'elle avance. Un feu d'artifice. A découvrir jusqu'au 5octobre. Alors dépêchez-vous!
Pratique
«Ariane Monod, Esquisse murale»,galerie Andata Ritorno, 37, rue du Stand, Genève, jusqu'au 5octobre. Tél. 078 882 84 39, site www.andataritornolab.ch Ouvert du mercredi au samedi de 14h à 18h ou sur rendez-vous.
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Ariane Monod recouvre au fusain la galerie genevoise Andata Ritorno
L'artiste a travaillé les deux mois d'été pour tracer une fresque au fusain qui recouvre deux murs de la première salle et la totalité de la seconde. A découvrir avant destruction.