Cela devait arriver. Il y avait le précédent afghan, autrement dit la destruction des Bouddhas de Bayam et le saccage du musée de Kaboul en 2001. Tombouctou a beaucoup souffert en 2012-2013. On pouvait imaginer qu les djihadistes aujourd'hui au pouvoir dans une partie de l'Irak et de la Syrie allaient s'attaquer au patrimoine archéologique. Il s'agit selon eux de détruire des idoles (1). Des œuvres d'art inestimables de Mossoul ont donc été anéanties vendredi, comme par hasard sous l’œil d'une caméra. Internet est aujourd'hui devenu le complice de tout. On finira même par se demander s'il n'incite pas à commettre le pire.
Les indignations ont bien sûr fusé. Le président français s'est aussi bien exprimé que certaines autorités religieuses libanaises ou égyptiennes, terrorisées par une possible contagion du feu. La presse francophone s'est diversement exprimée. Notons à ce propos, même s'il est parfois difficile de l'admettre, que «Le Figaro» semble le seul quotidien national à avoir fait de l'événement sa manchette. Aucun hasard à cela. Le journal reste le dernier à conserver une grande part à la culture classique. Il flirte aussi souvent avec une droite de plus en plus dure.
La difficile position de l'Unesco
Parmi les protestation, il faut bien sûr signaler celle d'Irina Bokova, à la tête de l'Unesco. Elle veut s'adresser à la Cour pénale internationale. Pourquoi pas? N'empêche que la Bulgare dirige une organisation internationale minée de l'intérieur comme de l'extérieur. Il semble loin, le temps où l'Unesco pouvait sauver les temples pharaoniques des eaux montante du Nil. Si les archéologues se laissent parfois engoncer par le politiquement correct, l'Unesco manque aujourd'hui non seulement d'argent pour agir. Il répond aussi à des idéologies, dont la principale est de laisser à tout prix les objets culturels là où ils sont nés. En Afghanistan, donc, et maintenant au Moyen Orient. Les objets lui importent moins que les principes.
Que faut-il faire, alors que les djihadistes menacent Nimroud, inscrite sur la liste du «patrimoine de l'humanité» de l'Unesco? Personne n'en sait trop rien. Il y a ceux qui préconisent de cacher les œuvres, ce qui semble difficile à partir d'un certaine taille. Il existe des va-t-en guerre. On ne compte plus les défaitistes, assurant que chaque initiative (et même son contraire) profite en réalité aux extrémistes. Il faut en plus demeurer moral, alors qu'on finit par se dire, suivant la tournure que pendront les affaires militaires, que le pillage du Musé de Bagdad aura sauvé certaines pièces de la disparition définitive. Elle ne reste pour l'instant que provisoire.
Réactions encore possibles
Un élément positif, cependant. Il y a des réactions. On peut ici se les permettre. Il devient en effet difficile de reprocher aux Chinois leur anéantissement en quelques années du centre historique de Pékin. Ce serait offenser un trop important partenaire commercial. Et je n'ai lu qu'un seul article s'indignant de démolitions opérées à La Mecque. Des objets pourtant islamiques y seraient allègrement bazardés pour bâti des palais princiers et des supermarchés. Il semblerait même que le 90 pour-cent des objets anciens dignes d'intérêt aient ainsi été sacrifiés... disons au progrès.
(1) Tout n'est cependant pas pulvérisé. Un rapport de l'Unesco, l'automne dernier, indiquait que certains vestiges étaient en fait débités par les djihadistes. Ils les revendraient ces fragments à des trafiquants, afin d'alimenter leurs caisses terriblement vides.
Photo (DR): Une statue assyrienne détruite, ou plutôt débitée en tranches. Le vandalisme actuel a plusieurs visages.
Texte intercalaire
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ARCHÉOLOGIE/Les djihadistes frappent en Irak. Et après?