Eh bien oui! C'est à nouveau le Japon.Arata Isozaki a remporté le mardi 5 mai le Prix Pritzkerd'architecture. A 87 ans, l'homme rejoint ainsi, au cercle desarchitectes nippons récompensés, soit Kenzo Tange (1989), Fumihiku Maki(1993), Tadao Ando (1995), le tandem Kazuyo Sojima-Ruyue Nishisawa(2010), Tojo Ito (2013) et Shigeru Ban (2014). Seuls les Etats-Unispeuvent se targuer d'avoir fait mieux, avec un lauréat de plus. LaSuisse a remporté la victoire (après tout nous sommes là dans unediscipline, comme le ski ou l'aviron) deux fois grâce aux Herzog etDeMeuron et à Peter Zumthor. Il en faut pour tout le monde.
Isozaki n'est pas chez nous le plusconnu du lot dans la mesure où il n'a rien bâti dans les paysfrancophones, avec le lot de polémiques que suscitent toujours les«archistars». L'homme est né en 1931 à Oito, une petite villesituée sur l'île de Kyushu. Sa première vision raisonnée del'architecture est le néant. En 1945, quand il a 14 ans, le Japondes cités est pratiquement détruit par les bombes. Il faut tout refaire. Notez que Tokyo avait déjà dû passer par cet exerciceaprès le tremblement de terre de 1923. En 1954, Isozaki passe sondiplôme. C'est un élève de Kenzo Tange. Fondé en 1979, le Pritzeren arrive fatalement à sa seconde génération.
Un citoyen du monde
L'homme, qui a fondé son bureau en1963, se veut un citoyen du monde. Dans ce but, il a énormémentvoyagé. L'art qu'il pratique, comme l'a souligné Tom Pritzker, seveut international. Reste à savoir si c'est un bien ou si la choseparticipe de l'anonymat actuel de la Planète. Toujours est-il queparmi la centaine de bâtiments importants ponctuant sa carrière, ily a des choses partout. Elle vont de Pékin à Los Angeles, du Turinà Barcelone et de Milan à Berlin. Il s'agit en général de grosmachins. Isozaki ne donne pas dans l'architecture modeste prônéepar les deux dernières Biennales du genre organisées à Venise(2016 et 2018). Avec lui, on serait plutôt dans le spectaculaire,comme dans l'édifice conçu pour Disney World en Floride.

Au fil des décennies, Isokazi qui(comme les Herzog et DeMeuron) revendique de ne pas avoir de stylepropre, a changé son optique. Au départ, il a donné dans le«brutalisme» du tout béton, à qui certains retrouvent aujourd'huiun charme auquel je reste imperméable. Puis il a viré aupost-modernisme, qui en forme d'une certaine manière le contraire.Difficile, dans ces conditions, de reconnaître la patte du maîtrecontrairement à celle d'un Richard Meier ou d'un Mario Botta.
Le Pritzker s'est souvent vu qualifiéde «Nobel de l'architecture». D'une certaine manière, c'est sansdoute vrai. Ses choix, collectifs, apparaissent tout aussidiscutables (1). Pensez qu'il y a là Jean Nouvel ou Otto Frei. PlusShigeru Ban, dont la toute récente boule ronde en verre de l'IleSeguin, à Paris, m'est apparue comme une sainte horreur... Géré parla Fondation Hyatt, le prix n'en apparaît pas moins caractéristiqued'une époque qui a vu la spectaculaire remontée de l'architecture,un temps déléguée aux simples ingénieurs. Il coïncide avec lefameux «geste architectural», dont on nous bassine aujourd'hui lesoreilles.
Un bâtiment ancien célèbre accueillepar principe la remise de la récompense. Pour Isozaki, ce serait(conditionnel) le château de Versailles, qui a déjà servi à lamanifestation pour Tadao Ando. On pourrait du coup accorder unPritzker posthume à Mansart!
(1) Une seule femme au palmarès. C'est bien sûr Zaha Hadid.
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Arata Isozaki donne au Japon son septième Prix Pritzker d'architecture
A 87 ans, l'homme a beaucoup bâti de Los Angeles à Pékin. Sa carrière a commencé par le tout-béton "brutaliste". L'homme a ensuite donné dans le post-modernisme.