
C’est la dernière minute. L’exposition se termine aujourd'hui. Samedi 7 novembre. Il vous faut en plus prendre rendez-vous, en envoyant un message sous andata.ritorno@gmail.com ou en passant un coup de fil. Vous le savez comme moi. Les prescriptions sanitaires se montrent plus strictes à Genève qu’ailleurs dans le pays. La proximité immédiate de la France, sans doute. Notre canton (que toute la Suisse brocarde) reste bien le seul à regarder d’un œil indulgent ce qui se passe du côté de Paris.
Il vaut pourtant la peine de visiter «Lamé, Déshabiller l’âme» à andata.ritorno. Une galerie comme toutes les autres. L’endroit, qui fêtera ses quarante ans d’existence l’année prochaine, n’a quasi rien à voir avec le commerce. Il s’agit d’un lieu d’expérimentation, à la manière des Kunsthallen. Avec une politique d’ouverture large, ce qui n’est pas toujours le cas de ces dernières. Joseph Farine, qui en forme à la fois l’âme et le corps, vu qu’il travaille seul, multiplie les propositions diverses. Lamé, pseudonyme choisie par une artiste russe installée en Suisse, peut ainsi suivre avec ses grands portraits réalistes une présentation minimale. Elle eut été suivie par des terres cuites de grand format signées Jean-Marie Borgeaud si la pandémie n’était pas revenue faire des siennes. Jean-Marie, dont on se souvient de la présentation de statues céramiques chez Lionel Latham ou à l’Ariana, attendra sagement 2021.
Toile lacérée
«Déshabiller l’âme» résulte d’une commande. Joseph Farine développe comme ça des projets qui rempliront son loft au rez-de-chaussée du 37, rue du Stand. Il y a une seule des toiles expressionnistes que Lamé produit ordinairement dans la petite salle. Pour le galeriste, l’unique se révèle plus fort que le tir groupé avec ce genre de peinture. Le grand espace, avec sa colonne au milieu, abrite lui d’immenses portraits de poètes. On sait à quel point l’homme apprécie les grands auteurs, au sens large. «Déshabiller l’âme» comprend ainsi l’effigie enfumée de Serge Gainsbourg et une autre, lacérée pour de bon, représentant Léo Ferré. «Un geste fort» correspondant à la violence de l’auteur-compositeur-interprète.
Le reste apparaît plus classique, même si Baudelaire est entouré de figures, tracées au trait de pinceau, du genre «paradis artificiels». Maiakowski se retrouve en gros plan. Lorca se projette dans la campagne espagnole. Artaud s’est dédoublé, le vieillard précoce qu’il était devenu cohabitant avec son image de jeunesse. Surprise. Dans le corridor abritant «Etant donné» (Joseph Farine est aussi un inconditionnel de Marcel Duchamp!), l’œuvre entrevue à travers un judas représente… Farine lui-même. J’avoue ne pas l’avoir reconnu tout de suite dans ce portrait héroïsé. Le Genevois y ressemble à un Gary Cooper buriné qui serait aussi poète.
Décollage en 2021
Et pour la suite? Eh bien pas de Borgeaud! Mais le galeriste trouvant triste de laisser un vide a offert andata.ritorno à Caroline Morel. Elle y accomplira une résidence. Il s’agit d’une calligraphe, plus proche des pays arabes que de la lointaine Chine. Sa production sera montrée dès le 6 décembre. Le lieu se visitera alors sur rendez-vous et en ligne, le galeriste devant par la force des choses se mettre à la page. Ce qui n’est pas mauvais pour une calligraphe, après tout, la page… Si tout va bien, il y aura une soirée poétique avec les deux André, Borer et Velter, le 18 décembre à 19 heures 30. Ensuite, andata bouclera pour Noël, qui reste théoriquement une fête. Réouverture le 14 janvier avec «Flugzeug» d’Antoine Martin. L’année pourra ainsi décoller fort!
Pratique
«Lamé, Déshabillez-moi», andata.ritorno, 37, rue du Stand, Genève, jusqu’au 7 novembre. Tél. 078 882 84 39, site www.andataritorno.ch Sur rendez-vous.
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Andata.ritorno s'offre à Genève un moment de poésie avec des portraits signés Lamé
L'artiste russe montre Artaud, Gainsbourg ou Lorca. Une calligraphe lui succédera en résidence. Joseph Farine refuse de se laisser abattre par un semi-confinement.