L’usage simultané de téléphones mobiles, ordinateurs, tablettes et autres appareils serait en train de changer la structure de nos cerveaux, selon une nouvelle étude réalisée par les neuroscientifiques Kep Kee Loh et Dr. Ryota Kanai de l ’Université de Sussex.
Leurs recherches, publiées le 24 septembre dans le journal scientifique PLOS ONE , ont constaté une diminution de la densité de la matière grise du cerveau parmi des personnes qui utilisent habituellement et simultanément plusieurs appareils, comparé à des personnes qui utilisent un seul appareil occasionnellement.
Les scientifiques ont fait passer des examens IRM sur les cerveaux de 75 adultes qui avaient préalablement répondu à un questionnaire concernant leur mode de fonctionnement avec leurs appareils.
Ils ont trouvé que ceux qui fonctionnaient en mode multitâche avaient une moins grande surface de densité de matière grise dans le cortex cingulaire antérieur, une région du cerveau qui joue notamment un rôle au niveau des fonctions cognitives et des émotions – pouvant entraîner un manque d'attention et des dysfonctionnements comme la dépression ou des troubles anxieux.
Le Journal des Sciences souligne que les chercheurs «ne savent pas encore de façon certaine si le multitâche est à l'origine de cette moindre densité en matière grise, ou si les personnes présentant un déficit de matière grise dans le cortex cingulaire antérieur sont plus souvent tentées par les activités multitâches».
Si Kep Kee Loh affirme que leur étude «est la première à révéler un lien entre le multitasking et une diminution de la matière grise», d'autres activités peuvent avoir le même effet. Une étude allemande publiée en août de cette année affirme que «regarder trop de films porno diminue le volume de matière grise dans le lobe droit du cerveau».
Mais inversement, d'autres scientifiques ont déjà démontré que le volume de la matière grise pouvait être augmenté suite à certains entraînements.
Une étude à l'Université College London a montré que les chauffeurs de taxi ont plus de matière grise dans l'hippocampe postérieur (une région du cerveau qui joue un rôle primordial pour la mémorisation et la navigation spatiale) comparativement à des personnes d'âge, d'éducation et d'intelligence similaires.
Une étude allemande publiée par Molecular Psychiatry en décembre 2013- n'en déplaise à certains parents - a démontré que jouer à des jeux vidéo pouvait augmenter le volume de matière grise du cerveau.
Et des scientifiques anglais de l'Université d'Oxford ont démontré que l'acte de jongler avec plusieurs balles améliore les connexions cérébrales et augmente l a densité de la matière grise en plusieurs endroits du cerveau.
En 2008 le journaliste Nicholas Carr avait déclenché un tollé avec son article publié dans The Atlantic intitulé “Is Google making us stupid?” , suivi de son livre en 2010 reprenant le même sujet «The Shallows. What the Internet is doing to our Brains» .
L'argument principal de Carr était que l'Internet pouvait avoir des effets nuisibles sur nos cerveaux, diminuant notre pouvoir de concentration et notre capacité à développer une réflexion profonde.
Très probablement, le multitasking modifie nos cerveaux. L’étude des britanniques sur les cerveaux et les propos de Nicolas Carr résonnent en toute personne qui passe beaucoup de temps sur Internet.
On ne se plonge plus dans un livre comme autrefois, on interrompt sa lecture pour passer à autre chose. Mais nous développons d’autres facultés, même Carr l'admet dans Tecknikart : «Nous devenons plus experts en traitement de fragments d’information, en analyse et en catégorisation de données.»
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Fonctionner en mode multitâche réduit la matière grise du cerveau