L’entreprise est politique
Stratégie Le cimentier franco-suisse LafargeHolcim est dans les starting-blocks pour participer à la construction du mur antimigrants que Donald Trump veut ériger entre les Etats-Unis et le Mexique. «Nous ne sommes pas une organisation politique. Nous n’avons pas d’opinion politique», répond le CEO de la multinationale face aux critiques du gouvernement français et des anti-Trump qui l’accusent de manquer d’éthique.
Rappelons une évidence. L’entreprise devient forcément politique par les choix qu’elle fait, qu’elle prenne la voie de la responsabilité sociale et environnementale, ou qu’elle ne repose que sur le modèle du «client et bénéfice d’abord». Dans un contexte de mondialisation effrénée, elle ne peut prétendre que ses activités n’influent pas sur les affaires publiques. Au contraire, proportionnellement à sa taille et sa puissance, elle participe activement à déplacer les pions stratégiques de l’échiquier local ou mondial. Surtout lorsque ses intérêts sont en jeu.
Dans le cas de LafargeHolcim, le groupe a récemment admis, après enquête, qu’il avait indirectement financé des groupes armés en Syrie par l’intermédiaire de son usine implantée en zone de guerre. Ce qui rend d’autant plus absurdes les propos de son CEO. Qu’elle le veuille ou non, l’entreprise prend automatiquement parti lorsqu’elle opère sur un marché délicat, que ce soit dans le cadre d’une élection controversée ou d’un pays en guerre. Et il ne suffit pas à ces multinationales de s’armer de codes déontologiques et d’initiatives sociales pour prouver qu’elles se rangent du «bon côté».