L’objectif de la série de trois billets proposés dans cette chronique ces prochains mois est d’expliquer comment se décline de manière concrète ces intentions dans les investissements de Private Equity, soit dans les entreprises investies par des fonds de Private Equity. Ces billets s’inspirent en grande partie d’une collaboration entre l’Université de Zurich et la Fondation Renaissance qui a abouti à un outil d’évaluation ESG adapté spécifiquement aux PME suisses non cotées. Ce type d’outil compense graduellement le manque de reportings extra-financiers et sociétaux qui caractérise les entreprises non cotées investies par des fonds de Private Equity.
Situation en Suisse
En Suisse, les démarches concrètes en faveur de l’investissement durable des PME sont encore à leurs prémices, bien qu’une prise de conscience soit sur le point de s’étendre. En effet, la majorité d’entre elles n’entreprend aucune démarche, voire très peu. Pour les autres, certaines ont déjà pris conscience de son importance, sans pour autant avoir défini un plan d’actions concret, alors que d’autres montrent déjà une certaine réactivité. À ce jour, celles qui affichent une proactivité, comprenant la mise en place et un suivi d’un véritable bilan ESG et des mesures d’amélioration du bilan, font partie de la minorité.
La partie la plus intéressante à ce stade représente les entreprises qui ont déjà fait preuve de réactivité car de plus en plus de PME doivent se soumettre à des évaluations initiées par leurs clients qui sont souvent des grandes sociétés cotées, déjà elles-mêmes soumises aux normes ESG. À titre d’exemple, nous pourrions prendre le cas d’un fournisseur de l’industrie horlogère à qui les grandes marques horlogères imposent régulièrement des audits ESG de leur production. D’autres accordent déjà une grande importance aux critères ESG au moment-même de sélectionner leur fournisseur. Globalement, on observe un changement de comportement des clients, qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales. Les clients sont renseignés et sensibles à ce que les produits et services qu’ils achètent soient éthiquement et écologiquement responsables.
Une réflexion similaire peut être menée par rapport au recrutement de jeunes talents. Les générations dites Y et Z ont un rapport au travail bien différent de leurs prédécesseurs. En effet, selon l’Etude Deloitte Millenial Survey 2020 , « Le travail de demain conjugue engagement sociétal et environnemental de l’entreprise, et transformation des modes de travail. » Les PME doivent s’adapter pour recruter et fidéliser leurs collaborateurs. Des exemples concrets au sein de PME illustrent une prise de conscience : formation continue, plan de prévoyance attractif, participation à des actions sociales et culturelles, engagement pour une mobilité douce.
Dans le domaine environnemental (E) particulièrement, l’augmentation des obligations légales indique qu’une transition est en marche. Certaines PME ont déjà identifié, voire mis en œuvre, des solutions d’adaptation comme par exemple, la pose de panneaux solaires, l’optimisation des modes de transports et des processus de production.
En 2019, l’Association Swiss Export et A.T. Kearney ont réalisé une étude sur les perspectives des PME suisses en matière de développement durable et sur le rôle que jouent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance . 81% des entreprises ayant participé au sondage ont répondu que ces critères ont pris de l’importance, voire une grande importance, au cours des deux dernières années : une tendance qui se confirme aujourd’hui. 43% des entreprises ont partagé avoir déjà pris en compte les directives ESG dans leurs processus, 21% envisagent de le faire et 53% vérifient déjà le positionnement de leurs fournisseurs. L’étude qualifie l’ESG comme une tâche d’avenir pour les PME suisses.
Situer sa PME en termes d’ESG
Dans ce contexte, comment situer sa PME en termes d’ESG ? En premier lieu, il est primordial que l'ESG devienne une notion concrète pour une PME. Pour ce faire, il faut décliner l'ESG en termes de critères concrets, compréhensibles et mesurables pour les PME. Voici une courte sélection d’exemples, parmi tant d’autres critères :
Critères Environnementaux : diminution de la consommation d’énergie et émission de CO2, gestion des déchets, éco-mobilité, etc.
Critères Sociaux : politique de recrutement, égalité salariale, conditions de travail, formation continue, absentéisme, rotation des employés, etc.
Critères de Gouvernance : code de conduite pour les employés, séparation entre les rôles de directeur général et président, participation des collaborateurs au capital, transparence, lutte contre la fraude et la corruption, etc.
En guise d’introduction, il est toujours intéressant de s’inspirer des bons exemples et d’écouter ses parties prenantes et surtout d’échanger avec d’autres PME qui se positionnent comme précurseur en la matière. Se renseigner et lire la presse permet déjà de se situer. Ensuite, rien ne sert de courir sans savoir où l’on va : il faut adopter une approche structurée en se fixant des objectifs concrets, et définir un programme adapté à son entreprise, son marché et son environnement. La première étape consiste à réaliser un état des lieux et procéder à une auto-évaluation. Une fois le cadre posé, les collaborateurs doivent être impliqués ; il s’agit d’une démarche qui se partage à l’interne, pour être vécue pleinement par chaque collaborateur. Enfin, réaliser un reporting des actions entreprises permettra de mesurer le chemin parcouru et d’en analyser les résultats. Il s’agit là d’un fil rouge résumé bien entendu, mais les grandes lignes y sont dressées, permettant déjà une première prise de conscience.
Se pencher sur ces réflexions offre d’excellentes opportunités pour les entreprises, à condition que l’intention de changement soit bien réelle. En effet, le greenwashing étant malheureusement monnaie courante et à des fins purement marketing, il est primordial que ces démarches soient guidées par une véritable volonté, partagée conjointement par la direction et les collaborateurs, dans le but de faire avancer l’entreprise en faveur du développement durable.
Dans le prochain billet, nous aborderons les outils permettant d’évaluer le bilan ESG d’une entreprise, au travers d’un cas concret auquel vous vous identifierez certainement.
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Vers une prise de conscience des PME suisses en matière d’ESG ?
Les gestionnaires de fonds de Private Equity, ou capital-investissement, intègrent de plus en plus les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur stratégie. Par contre, cette notion d’ESG reste encore trop souvent une notion abstraite, se limitant à des déclarations d’intention formalisées, parfois à travers la signature de charte d’investissement durable. -