Si les deux précédents billets de cette série sur les fonds « evergreen » ont permis de comprendre ce dont il s’agissait et si la Suisse était un terrain favorable , celui-ci met en lumière les limites des fonds traditionnels, présentant l’alternative « evergreen » aux acteurs institutionnels de plus en plus séduits par la notion de durabilité.
L’ « evergreen » en réponse aux limites des fonds traditionnels
Les fonds traditionnels de private equity sont bien établis auprès des caisses de pension suisses et leurs mérites sont largement reconnus par les spécialistes. Toutefois, ils comportent aussi un certain nombre d’inconvénients. En premier lieu, la durée limitée du véhicule de placement oblige le gestionnaire à vendre les participations acquises dans un délai relativement court, ceci même lorsque la société détenue a encore beaucoup de potentiel ou lorsque les marchés financiers sont peu porteurs et commandent des prix de vente peu attractifs. Or, dans les autres classes d’actifs, notamment les actions cotées, c’est plutôt une approche inverse qui fait sens et qui consiste à conserver un bon placement le plus longtemps possible.
En deuxième lieu, le mode de rémunération des gérants de private equity les encourage à privilégier des solutions de vente avec les gains les plus élevés, mais qui peuvent correspondre à des résultats économiques et sociaux des plus contestables, par exemple une vente à des concurrents, un démantèlement de la société, des mesures visant à optimiser la performance à court terme plutôt que le développement à long terme.
Ces deux éléments qui précèdent ont tendance à créer une mauvaise image de l’activité de private equity auprès des investisseurs institutionnels qui accordent de l’importance à la durabilité - et notamment aux aspects écologiques et sociaux - de leurs placements.
Caisses de pension et PME suisses s’accordent sur la notion de durabilité
Les fonds « evergreen » s’intègrent dans cette notion de recherche de rendements à long terme en y intégrant des critères d’investissement durable. Si les caisses de pension suisses s’intéressent à des rendements diversifiés et réguliers sur le long terme, les PME suisses, quant à elles, recherchent de plus en plus des partenaires financiers stables et de proximité, sur le long terme également, sans obligation de revente, afin de renforcer la stabilité actionnariale et le développement durable de la société.
L’exemple des Retraites Populaires est tout à fait significatif pour illustrer cette tendance. Philippe Doffey, directeur général, a récemment mentionné dans la presse qu’ « à l’heure actuelle, il n’existe pas de définition reconnue d’investisseur responsable. Toutefois, les définitions convergent souvent vers deux éléments clés : une vision à long terme, ainsi que l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, communément appelés « ESG » . Nous sommes convaincus que les principes de développement durable auront un impact réel sur les rendements à long terme ».
Nous pensons qu’il ne s’agit là que d’un début de tendance qui s’amplifiera dans la durée. À ce titre, il est pertinent de mentionner le lancement de deux fonds « evergreen » par les fondations de placement du Credit Suisse et de Renaissance respectivement, la deuxième étant dédiée exclusivement au financement des PME suisses non cotées, dans le cadre de successions familiales et de rachats industriels.
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Fonds « evergreen », le private equity version durable
Les fonds « evergreen », en alternative aux fonds traditionnels, intéressent de plus en plus d'acteurs institutionnels séduits par les notions de durabilité.