Les managers d’aujourd’hui savent compter, trier, séparer, coordonner, surveiller, écarter, parfois prévoir. Ils savent faire tout cela et ils le font bien. Pourtant tout cela n’est pas simple à réaliser par manque de moyens, d’incompréhension, d’incertitude, de coups tordus, d’alliances impossibles et de mauvaise foi. Ils ne sont ni méchants, ni bienveillants, quelques fois inattentifs ou émotifs mais toujours dans l'immédiateté.
Quand ils sont presque en haut de l’échelle, là où les chemins pour arriver au sommet sont les plus étroits, on les nomme "Barons".
Un territoire bien délimité est donné aux barons fraîchement nommés, des moyens leur sont mis à leur disposition, des règles doivent être suivies, des contrôles sont subis. Au-dessus d’eux, un Seigneur et un Prince leur imposent leurs décisions et attendent qu’ils les mettent en œuvre. C’est simple et a le mérite de bien fonctionner. Si le Seigneur et le Prince se trompent et persistent dans leurs erreurs, alors la vie des Barons devient intenable. Tout ce qu’ils vont mettre en œuvre sera voué à l’échec. Bien sûr, "ON" va leur reprocher d’avoir mal communiqué, de ne pas avoir d'entregent ni de charisme, d’être faibles, obstinés et opportunistes, mais sans avoir le droit de baisser les bras et le devoir d’adhérer sans sourciller à des demandes les plus extravagantes les unes que les autres.
Le "on" est générique bien sûr. Il s’applique à l’entourage du Seigneur et du Prince, mais aussi aux parties prenantes : collaborateurs, collègues, clients, traîtres et félons, femme (ou mari…), enfants qui exigent de lui des comportements irréprochables en toutes circonstances.
Au stade de ce blog, il faut bien faire la différence entre un Seigneur et un Prince. Le seigneur est un terme générique. Il peut bien entendu s’appliquer à une personne, mais aussi à une famille, un conseil d’administration, une société d’investissement, une holding. La caractéristique principale du Seigneur est qu’il est inaccessible aux Barons.
Un prince, peut avoir différents noms tels que directeur général, CEO, ou même Dieu. Il est, lui, très présent. Parfois trop.
Mais comment devenir Baron ?
Pour acquérir une baronnie, il faut un fait d’armes, c’est-à-dire un ensemble de circonstances qui va construire un lien de confiance. Pour définir un fait d’armes, il faudrait définir ce qui n’est pas un fait d’armes. Par exemple conquérir un client important doit se faire selon des règles non explicites. Ainsi une victoire qui n’aurait pas tenu compte des forces en présence (capacité de production, promesses impossibles à tenir…) ou claironnée avec exubérance, aura moins d’effet qu’une progression constante et discrète qui aura tenu compte du contexte. Il ne s’agit pas de parler d’humilité, qu’il faut laisser aux moines cisterciens, mais de discrétion c’est-à-dire d’une capacité à s’intégrer dans un contexte où une victoire est une mise à disposition de moyens déployés par un ensemble de mercenaires à la solde du Prince. L’incompréhension de ce qui précède conduit irrémédiablement à la mise à l’écart des candidats possible à l’accession à la baronnie.
Une fois bien identifiés et bien en place les Barons vont devoir gérer en bon père de famille et parfois avec bienveillance ce qu’on leur a confié. Un baron est très difficile à trouver, beaucoup plus que l’on peut le croire, on les appelle souvent des leaders, parce qu'ils ont compris comment le système fonctionne et comment en tirer profit.
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Le système médiéval fonctionne, pourquoi vouloir le changer ?
Les organisations ont-elles vraiment évolué depuis l'époque médiévale ? J'en doute, mais aucun autre système organisationnel n'est venu remplacer les seigneuries, les principautés et les baronnies. A quoi bon du reste puisqu'elles fonctionnent, même si les fonctions transversales restent un casse-tête pour tous ceux qui y sont confrontés.