Suite de notre série 365 jours pour changer le monde, ou comment vous donnez des idées pour agir localement ou globalement pour créer un monde à votre image.
Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous présenter Sébastien Henry, qui a écrit le livre « Ensemble », décrit par son éditeur comme un « petit manuel d’engagement au quotidien ». Le livre, préfacé par Matthieu Ricard, nous parle d’engagement : faut-il être bien soi-même pour pouvoir prendre soin des autres ou prendre soin des autres peut-il aussi être une façon de prendre soi de soi-même ?
Sébastien, comment est né ce livre, avec quelle volonté?
Je me suis aperçu au cours de mes 20 années d’exploration active de notre héritage de sagesse (philosophie occidentale et orientale, traditions des peuples premiers, grandes religions) que celui-ci représentait une très grande richesse – un trésor même - pour les personnes “cablées” pour l’action. Cet héritage a en effet une dimension très pratique, avec de nombreux exercices grâce auxquels nous pouvons trouver un enrichissement pour nous-mêmes, mais aussi nourrir notre engagement pour les autres. Avec ces pratiques, notre engagement prend même selon moi plus de puissance et de rayonnement. J’avais envie avec ce livre de partager ces pratiques, dont certaines sont peu connues, avec le plus grand nombre possible de personnes. Mon intention principale avec ce livre a été de proposer d’être un compagnon de route pour les lecteurs.
Que représente-t-il dans votre parcours de vie?
C’est vraiment une reconnexion profonde avec toute une période de ma vie, de 18 à 28 ans environ, pendant lesquels l’engagement a été très important pour moi. J’ai été actif au sein de plusieurs associations, auprès de détenus, de personnes à la rue, et de jeunes en difficultés. Puis je suis parti en Asie pendant 10 ans, comme manager puis entrepreneur. Ce furent dix années passionnantes mais pendant lesquelles j’ai eu vraiment le sentiment, pris par la vitesse et les soucis de ma carrière, d’avoir négligé ces engagements. Je suis infiniment reconnaissant aux enseignements de sagesse que j’ai fréquentés et mis en pratique au cours de ces 10 ans, car ce sont certainement eux qui m’ont aidé à me reconnecter finalement à cette partie essentielle de moi-même. Depuis plusieurs années, je consacre 50% de mon temps à plusieurs engagements associatifs et c’est une source considérable d’épanouissement, et même de joie.
Vous avez eu l’honneur d’être préfacé par Matthieu Ricard, qu’est-ce que cela représente à vos yeux?
C’est un honneur, car Matthieu, avec qui j’ai eu aussi le grand plaisir d’animer une retraite pour dirigeants, a selon moi atteint un équilibre délicat auquel j’aspire : entre action engagée et contemplation, immersion dans le monde et retrait du monde, fermeté et bienveillance. Tout cela avec un pétillement dans le regard et ce que j’appelle une “petite musique de joie” présente à chaque fois que je l’ai rencontré.
S’engager, cela signifie quoi pour vous?
S’engager consiste pour moi à donner une plus grande priorité dans sa vie à aux personnes autour de nous que nous savons en difficultés ou en souffrance (mais il peut s’agir aussi de notre planète). C’est un élargissement de notre conception de la famille qui se traduit par des actes. Qu’ils soient jugés petits ou grands n’est pas finalement si important. C’est certes un effort, mais c’est aussi très souvent une source de plaisir et même d’épanouissement profond, ce que montre d’ailleurs de nombreux travaux en psychologie. Je le constate aussi régulièrement au fil de mon engagement dans l’accompagnement de personnes en fin de vie depuis deux ans : les personnes qui ont donné une place à l’engagement pour les autres dans leur vie sont, au moment où elles s’apprêtent à mourir, les plus rayonnantes.
Quelle est la place de la méditation dans la voie vers l’engagement?
Elle a été pour moi fondamentale. Comme beaucoup, je suis venu à la méditation, il y a presque 20 ans, parce que je traversais une période difficile dans ma vie. J’exerçais alors un métier qui ne me plaisait pas vraiment dans une entreprise que je qualifierais aujourd’hui de toxique. Au fil des années toutefois, je me suis aperçu que ma pratique était beaucoup plus riche qu’une simple aide à être plus apaisé et moins stressé. J’avais de plus en plus la sensation de revenir à moi-même, plus précisément de me reconnecter à la plus belle partie de moi-même. J’ai alors senti remonter des profondeur une envie d’engagement qui avait été recouverte par l’agitation et la frénésie du monde des affaires. La méditation a aussi nourri mon engagement en portant un autre regard sur les personnes qui sont censées être aidées. Au cours de séances de partage de la méditation organisées par Mindfulness Solidaire [1] , l’association que j’ai co-fondée, j’ai ainsi ressenti des moments très forts d’humanité commune avec des personnes en grande précarité. J’ai pu ainsi enfin mieux voir leur force, leur résilience, leur richesse, que je ne percevais pas quand j’étais trop “occupé” à vouloir les aider. Mon engagement à leurs côtés en est ressorti renforcé. C’est d’ailleurs aussi devenu un engagement à faire en sorte que leur richesse humaine soit mieux connue et partagée.
Souhaitez-vous partager autre chose?
Je rencontre beaucoup de gens qui aimeraient faire un peu plus pour les autres, mais qui se disent qu’il faudrait d’abord qu’ils prennent un peu plus soin d’eux-mêmes dans un premier temps. Je vois bien sûr la pertinence de ce raisonnement : il faut être bien soi-même pour pouvoir prendre soin des autres. Et en même temps, on néglige à mon avis trop souvent un fait essentiel, que soulignent certains travaux scientifiques contemporains : prendre soin des autres peut-être aussi une des meilleures façons de prendre soi de soi-même. Cela invite à s’engager davantage sans trop attendre. En cherchant bien sûr la forme de contribution la plus juste possible, pour soi comme pour les autres.
« Ensemble » de Sébastien Henry [2]
Paru aux Editions Arènes
[1] www.mindfulness-solidaire.org
[2] http://www.arenes.fr/livre/ensemble/
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365 jours pour changer le monde : agir pour soi et pour les autres