C’est un enjeu stratégique majeur pour l’avenir de notre pays
La récente annonce faite par la Confédération de confier le stockage de ses données en nuage à Amazon, IBM, Microsoft, Oracle et Alibaba, quatre entreprises américaines et une chinoise, a suscité de vives réactions, mais a eu le mérite de faire émerger auprès d’un plus large public un véritable enjeu stratégique pour l’avenir de notre pays. La pandémie a, de plus, mis en exergue l’importance de la transformation numérique de l’Europe pour garantir le bien-être social et économique de ses citoyens par des technologies de pointe socialement responsables et durables.
Si le débat sur la souveraineté technologique arrive à point nommé, le sens précis des termes «souveraineté» et «autonomie» dans le domaine des nouvelles technologies reste sujet à interprétation. C’est assurément au niveau européen qu’il s’agira d’appréhender cette question, afin de donner une envergure suffisante à des innovations technologiques déclinables dans de nombreux domaines et d’éviter que la discussion ne s’enlise dans des discours protectionnistes. Pour clarifier le débat, il est nécessaire d’aborder rapidement deux éléments indissociables: la protection de la «sphère privée» et la sécurité.
La vie privée est un concept avec une forte composante culturelle. Construites au fil des siècles, sa valorisation et sa protection varient en fonction des pays. Il en résulte des pratiques et des normes en matière de confidentialité numérique qui forcent les entreprises technologiques à constamment se conformer. Face aux différents blocs géographiques et culturels, l’Europe peut et doit privilégier sa conception de la vie privée. Il lui faut promouvoir des solutions technologiques respectueuses de ces principes.
La société californienne Zoom illustre bien cette problématique. Début 2020, elle signalait qu’environ 30% de ses employés travaillaient dans une filiale en Chine. En avril de la même année, Citizen Lab, un institut qui étudie les menaces numériques pesant sur la société civile, a averti du risque de pressions politiques liées à la concentration d’une grande partie de sa recherche et développement dans l’Empire du Milieu. Nous nous devons d’être conscients qu’un des produits les plus largement utilisés actuellement pour communiquer émane d’une société nord-américaine qui réalise une partie de son développement en Chine.
L’Europe et la Suisse doivent s’assurer que les contrats conclus soient attribués autant que possible à des sociétés locales, soucieuses non seulement du respect des lois suisses et européennes, mais également de nos codes sociaux. Des entreprises suisses comme Infomaniak, Proton, Threema ou Tresorit proposent déjà d’excellentes solutions de communication et de stockage alternatives aux géantes nord-américaines ou chinoises en adéquation avec notre conception de la sphère privée.
Garante de nos démocraties
Les cyberattaques sont classées parmi les plus grands risques pour les secteurs public et privé. La cybersécurité est un autre aspect qu’il s’agit d’encadrer. En 2019 déjà, environ 90% des organisations dans le monde subissaient des tentatives d’attaques informatiques. Alors que les cyberattaques comportant des demandes de rançon ne cessent d’augmenter, il est clair que les motivations ne sont pas uniquement financières. Aujourd’hui, au moins 10% des attaques de hackers sont des tentatives d’espionnage et il est fort probable que les guerres à venir se dérouleront avant tout dans un contexte numérique.
Il est encore temps de favoriser l’essor d’une économie digitale européenne respectueuse de nos valeurs démocratiques. En tant que citoyens suisses et européens, nous devons nous demander si nous souhaitons dépendre de technologies étrangères pour protéger nos démocraties à l’avenir.
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Protégeons notre sphère privée numérique