L’efficacité douteuse du downsizing
L’efficacité douteuse du downsizing
L’emploi suisse vit des heures sombres. Le groupe Bucherer, les grands magasins Manor, la banque Credit Suisse, le géant du tabac Philip Morris et le voyagiste TUI Suisse font partie des groupes qui ont annoncé des suppressions de postes. Cette liste, conséquence de la crise sanitaire sur l’emploi, est appelée à s’allonger. En effet, lorsque les chiffres sont dans le rouge, le premier réflexe des dirigeants est souvent de licencier une partie du personnel.
A première vue, le downsizing présente des avantages certains: une industrie qui réduit sa masse salariale devrait, en bonne logique, accroître sa profitabilité. En outre, et dans la mesure où elle envoie un signal de bonne gestion aux marchés, le cours de son action devrait progresser. Pourtant, c’est exactement l’inverse qui se produit, si l’on en croit les résultats de 52 études menées aux Etats-Unis et en France. Selon cette méta-analyse*, lorsqu’une entreprise est en mauvaise santé, les marchés voient dans la suppression d’emplois la confirmation de ses difficultés et son cours en bourse décline. A cet élément s’ajoute le fait qu’une saignée a un impact négatif sur la performance financière à court terme.
Autrement dit, les dirigeants qui espèrent améliorer rapidement la rentabilité de leur entreprise en réduisant les effectifs se fourvoient. Le downsizing induit de nombreux coûts cachés – perte de motivation et colère des survivants, destruction des réseaux informels à l’intérieur de l’organisation, diminution de l’innovation – qui, dans la plupart des cas, réduisent à néant les économies générées par les suppressions d’emplois. A méditer…
* «Restructurations et performances de l’entreprise: une méta-analyse», José Allouche, Patrice Laroche et Florent Noël