Infidèles et heureux en couple!
Cupidon a tiré ses flèches, ça y est! Les deux tourtereaux passionnément amoureux se jurent fidélité. Mais pour combien de temps? À l’époque de l’hédonisme contemporain consumériste, l’infidélité est fréquente. Elle peut être une solution à la longévité et au bonheur du couple!

Aujourd’hui, l’accès au plaisir se fait par la consommation et la satisfaction immédiate de ses désirs. Cette impatience décourage l’homme des temps post-modernes de penser son salut dans l’effort du travail de la raison. Épicure vivait son plaisir dans la satisfaction des désirs « naturels et nécessaires », comme étancher sa soif par exemple. Il est moins nécessaire en 2021 d’avoir une philosophie de survie (quoique…). Nous sommes en meilleure santé plus longtemps, et le rapport à la souffrance et à la sécurité a évolué. Place à la jouissance et à l’exaltation ! Les désirs se consomment les uns après les autres.
Sous l’effet de la passion amoureuse, la fidélité et l’exclusivité s’invitent d’elles-mêmes dans la construction d’un amour heureux à deux. Aïe ! La désillusion est souvent rapide. Environ 70% des couples vivent une infidélité dans leur vie, à laquelle les femmes goûtent de plus en plus (35%). On parle d’infidélité en cas d’une entorse au contrat de couple, qui n’est d’ailleurs pas toujours que sexuelle. Certains infidèles travaillent trop, sortent trop, ont trop d’amis, consomment trop, etc. Bien souvent, les tromperies restent secrètes. Les plus vertueux auront discuté de leurs envies vagabondes avant le passage à l’acte et les plus sages attendront, peut-être longtemps, la bénédiction de leur partenaire. D’autres couples, mieux accordés, feront le choix délibéré de s’ouvrir à l’échangisme, au libertinage ou au polyamour.
Les raisons à l’infidélité sont nombreuses: disputes à répétition, manque d’attention et d’affection, coup de foudre, besoin de liberté, envie de nouvelles expériences et insatisfaction sexuelle. Alors que le sexe est un pilier de la relation intime, seuls 5% des couples sont bien assortis en termes de fréquence des rapports et de fantaisies sexuelles. La frustration sexuelle est donc de rigueur chez la majorité des couples qui accordent de l'importance à leur bien-être sexuel ! Concéder et supporter les désaccords pèsent de plus en plus lourd, et beaucoup n’acceptent plus le lot de frustrations qui accompagne la vie commune. La grande majorité des couples sont malheureux, mais tous n’empruntent pas le chemin de l’infidélité ! Par ailleurs, il existe aussi tout un tas de mauvaises raisons à l’exclusivité sexuelle : conformité aux normes sociales, angoisse d’abandon, jalousie, peur de bousculer sa vie et celle des enfants, etc.
Coup de foudre ! Trahison impardonnable ! L'infidélité peut mener à la rupture. Pourtant, la séparation n’est pas la règle. Les conséquences font mal ; un vide affectif, une frigidité corporelle ou des troubles sexuels peuvent survenir. La culpabilité existe plus fortement lorsque la trahison est tenue secrète. Cacher permet de protéger le couple, mais lâcher la main de son conjoint et se frayer un chemin dont il n'aura pas connaissance, augmente la taille du jardin secret. Par opposition, ce nouveau désir sexuel et l’admiration de l'amant/e réhaussent l'humeur et redonnent confiance. Le bonheur du partenaire nouvellement comblé peut amener un nouveau souffle à la relation. Ces changements poussent à un repositionnement personnel et relationnel, qui peut porter ses fruits. Le lâcher prise est parfois salvateur, surtout quand le couple était enlisé dans une routine silencieuse ou pleine de reproches. Les nouvelles découvertes pourront être éventuellement partagées et le désir sexuel peut en être vivifié. C’est souvent le cas après les premiers mois qui suivent la découverte de l’infidélité. Goûter à l’herbe du voisin permet d’expérimenter également qu’elle n’y est pas plus verte.

Réparer ou rompre ne sont pas toujours vecteurs de changements positifs. L’infidélité est une sorte de compromis! Pour que les conséquences soient positives, il conviendra de supporter l'élargissement de l’intimité au-delà du couple, faire le deuil de l’exclusivité sexuelle et élaborer une nouvelle "fidélité", c’est-à-dire un nouveau contrat de couple. Il faudra partager la responsabilité de l'infidélité, s'excuser et pardonner, pour repartir sur de nouvelles bases. Enfin, les amants/es s'installeront progressivement dans le quotidien du couple. Les limites sont à discuter ; la fréquence et le nombre de nuits, les excuses aux enfants des absences répétées d'un parent, la gestion du smartphone, etc. Pour ceux qui choisissent la loi du silence: motus et bouche cousue !
L’alter ego et l’amour éternel passionnel exclusif existent certainement… mais la plupart des couples ne vivra pas ce bonheur. Leur relation bat de l'aile et les disputent s'installent. Souffrir n’est plus permis ! À notre époque axée sur la consommation des désirs les plus fous, les compromis demandent des efforts et les insatisfactions deviennent difficilement supportables. L'infidélité est une solution qui comporte ses risques et ses souffrances, mais également son lot de plaisirs. Il s'agit d'un choix! Une aventure dans les bras d’un autre peut ajouter du bonheur à la poursuite de sa route à deux !