Avant, on disait que pour réussir il fallait coucher . Aujourd’hui, pour réussir, il faut poster. Poster plusieurs fois par jour, poster tous les jours, faire savoir que l’on poste, poster que l’on poste, poster tout seul, avec des gens, sur des murs, sur des profils, de jour comme de nuit, vérifier ses posts, corriger ses posts , optimiser son postage, apprendre aux autres à poster…
Avant, il y avait la promotion canapé . Aujourd’hui, il y a la promotion WC . Jamais ce lieu n’a été aussi sacré et consacré que depuis l’apparition des médias mobiles, de la consultation permanente, du télé personal branding , et du Wi-fi dans les petits coins. Pour un peu, on serait plus efficace dans l’isoloir qu’au bureau, enfin libre de s’adonner à notre travers digital sans le regard inquisiteur du collègue de droite, de la plante de gauche, enfin seul, loin des contraintes de l’Open space.
Avant, quand on utilisait le travail d’un autre à son profit personnel, on était un plagiaire , un opportuniste, un traître. Aujourd’hui, on est curateur . Non seulement ce n’est pas mal vu, mais cela fait même de celui qui partage le travail d’un autre un bénéficiaire valorisé par sa communauté, un type avisé, curieux, un type 2.0.
Avant, si on était au travail, on était au travail, et à la maison, eh bien… à la maison. Aujourd’hui, au travail, on voit tous nos amis, et on sait ce qu’ils font, où et ce qu’ils vont manger. Et à la maison, on s’inquiète de savoir ce qui se passe au travail, quelle tâche nous attend le lendemain et qui nous a fixé rendez-vous. Au moins, il y a égalité : on ramène autant de maison au travail que de travail à la maison.
Avant, quand on faisait de la pub, on espérait que les gens nous avaient vus, même si on ne savait pas toujours ce que ça pouvait bien rapporter. Du coup, on ne se posait pas trop de questions. Aujourd’hui, quand on communique, on sait qui nous a vus, quand, où et s’il a aimé, à quel point, avec qui, etc. Du coup, on se pose beaucoup de questions, même les mauvaises.
Avant, quand on écrivait des trucs, personne ne le savait et ça motivait peu de gens à le faire. Aujourd’hui, comme quand on écrit, ça se sait, tout le monde écrit . Et ça motive moins à écrire, puisque c’est à la portée de tout le monde.
Alors, dans un monde où on poste plus vite que son ombre et dans tous les sens, où les toilettes sont devenues l’antichambre de la Culture, de l’information et des interactions, où le plagiat est devenu une compétence, où nous avons plus d’écrans que d’enfants et où il y a plus de gens qui écrivent que de gens qui ont des choses à dire, j’aimerais bien savoir où se situe le fameux ROI? Peut-être au pied d'un arc-en-ciel ?
Puisque Prométhée a eu droit à son supplice pour avoir donné le feu aux hommes, qui payera pour nous avoir donné le Smartphone ?
*Tous ceux qui prendront l'iPhone périront par l’iPhone.
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Omnes enim qui acceperint iPhonum, iPhono peribunt.*