Inaugurer la nouvelle plateforme du Bilan par le décès d'une personnalité inconnue du grand public, voilà une idée saugrenue. En même temps, le nom de ma chronique "Dans mon réseau social", fait référence au fait que j'aborde ce qui se passe dans mon réseau social au sens large, ainsi que sur les réseaux sociaux "virtuels" auquel je prends une part active au sens plus restreint (bien que le premier prenne finalement moins de place dans ma vie que le second... quelle ironie!).
Bref, Aaron Schwartz est mort. Aaron qui? Un type avec un cv long comme un jour sans pain (j'en profite pour faire passer des expressions désuètes - pas tout à fait à propos -, ça fera peut-être grimper le référencement de cet article de deux lecteurs égarés), diplômé de Harvard, prônant la culture du libre, d'un web ouvert, opposant aux lois antipiratages, "malgré son jeune âge, ceux qui le connaissaient savent qu’il « a contribué à faire du monde un meilleur endroit »" . Rien que ça. Et pourtant, ce brillant virtuose du code de 26 ans s'est donné la mort. Mais ce n'est pas le plus grave. Figurez-vous que je n'en avais jamais entendu parler.
Bien sûr, il y a les Mark , les Steve et les Bill , connus comme le loup blanc lorsque l'on parle informatique, digitalisation du monde, socialisation du marketing ou marketing de la socialisation; plus proches de nous géographiquement, il y a les Daniel , les Arlette , la vieille garde révoltée de la politique politicienne dont les images en noir-blanc nous font désormais plus sourire que rêver; il y a évidemment les Gaga , les Bieber , les "starcializers", ceux dont on ne sait plus s'ils sont sur Twitter parce qu'ils sont connus ou s'ils sont connus parce qu'ils cartonnent sur Twitter. Eux, on les connaît, ou on connaît quelqu'un qui les connaît, mais qui connaît Aaron Schwartz?
Est-ce que la nouvelle économie, qui n'est plus nouvelle depuis un bail, repose sur le talent d'illustres inconnus? Imaginez la même chose dans l'industrie musicale: que tout un modèle d'affaires repose sur le talent de musiciens dont le nom ne nous dirait rien. Ou que l'économie, la vraie, repose sur des acteurs économiques dont on ignorerait le nom... Tiens, finalement, rien ne se rapproche plus de l'économie, que l'économie. Au moins, quand je me rends sur Facebook ou sur Google , je connais le nom du patron, il dispose d'une bio sur Wikipedia , et bien souvent, il est plus jeune que moi. Quand je veux aller chez mon banquier... ben déjà, je n'ai pas de "banquier" attitré: le menu fretin n'attire pas les égards (sinon, vous imaginez le temps que cela prendrait?). Ensuite, mon "conseiller" (à mon niveau, on se fait conseiller), il n'a pas sa bio sur Wiki, mais au mieux, un profil Facebook avec la photo de son chien en couverture. Et de toute façon, ce n'est pas le vrai patron. Le VRAI patron, il est "opaque", comme on dit chez nous. Quand on le googelise, on ne trouve quasiment rien sur lui, il est important, donc mystérieux, donc forcément TRÈS important.
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La tombe du développeur inconnu