Pour une fois, ma chronique de la semaine fait écho à celle de la semaine précédente . En effet, alors que je condamnais Google et consorts jeudi dernier d’archiver tous nos faits d’armes sans distinction de pertinence ou de potentiel de gêne occasionnée, un événement semble venir prouver que je me trompais. Mea culpa.
Depuis 15 jours, tous les services de renseignements scrutent leurs écrans et données satellitaires, tandis que les experts de tous horizons analysent conversations et mécaniques, que les gouvernements se transmettent les biographies de plus de 200 personnes, que des millions d’internautes donnent leur avis ou envoient d’éventuels indices, voire participent activement à des recherches.
Or, l’aiguille dans la meule de foin que toute la technologie et la bonne volonté disponibles tentent de retrouver n’est pas une aiguille, pas même un enfant ou une voiture, non : il s’agit d’un Boeing 777 et de ses 239 passagers, équipage compris. Rien de moins qu’un engin de 70 mètres de long sur 60 mètres d’envergure (ailes comprises). Evidemment, au moment où l’engin disparaissait des radars, la logique prenait le dessus : il s’était forcément écrasé. Car le propre d’un radar, c’est bien de détecter les avions, et ce que le radar ne détecte pas est forcément inexistant. Détournement ou erreur humaine, voire défaillance, le 777 avait fini sa course dans l’eau, hypothèse confirmée par deux trucs blancs et flous relayés sur tous les médias et présentés comme les restes de l’appareil. Ouf, la réponse tombait au bout de 24 heures, prévisible, presque rassurante.
Sauf que, depuis, de nouveaux éléments ont rendu la première version non valable. Pas de traces de l’appareil, des émetteurs volontairement désactivés, un étrange « Good night », des téléphones continuant de sonner, des passeports volés , Courtney Love faisant des schémas , tous les éléments sont rassemblés pour laisser libre cours à l’imagination et aux scénarios les plus audacieux allant d’un mème du Triangle des Bermudes à un éventuel atterrissage volontaire loin des yeux des satellites, le tout alimentant les conversations en ligne et dans la vraie vie et même Wikipédia …
Force est de constater que, quelle que soit la réalité, un avion et 239 personnes ont disparu depuis plus de 10 jours. Disparu pour de vrai, au sens Copperfieldien du terme, nous ramenant forcément à la finitude de nos outils de géolocalisation permanente et au pied de nez aux moyens mis en œuvre par de nombreux pays.
Or, pendant ce temps-là, la Crimée, elle, a disparu de l’Ukraine sous les yeux de tout le monde. Sauf que tout le monde sait où elle se trouve désormais, et que là aussi, nous sommes ramenés à la finitude de notre compréhension du monde… Quant au réel pouvoir de nos révoltes digitales et de nos « grandes puissances »...
*A l'impossible nul n'est tenu
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Impossibilia nulla tenetur.*