Il en va de la vie professionnelle comme d’un bon vieux film sur la mafia : pour réussir, tout est affaire de clan, de connexions, de réseau. Un tissu de relations partageant les mêmes valeurs, souvent plutôt le même gâteau, à des fins tout à fait individuelles cependant. Car même si tous mangent au même râtelier, le but ultime est quand même d’avoir la plus grosse part.
Audiard a écrit « c’est autrement plus coton d’écouler la marchandise que de la faucher… Faut des connaissances, des relations… Voler, c’est juste un réflexe ». Et dans le business surtout, chacun tente d’écouler sa propre marchandise, le plus simple étant de ne pas essayer de le faire dans son coin, seul. Seul, on n’est rien. Puisque dans le monde merveilleux du travail, nous formons des « teams » solidaires, soit autour d’un projet, soit autour d’une entreprise, d’un chef de projet, d’un mouvement, faire cavalier seul n’est pas une option.
Dans les entreprises, vous retrouvez ainsi des équipes invisibles, liées par leur nationalité ou leurs intérêts, ainsi que des équipes totalement assumées, liées par un corps de métier : l’IT défend l’IT, les RH, les RH, la com, la com, etc. Peu importe que l’intérêt général dépasse celui du clan, il n’est guère que ce sacré Coppola pour avoir su nous faire croire à un Don Corleone oeuvrant dans l’intérêt de toutes les familles, de l’entreprise au sens large. Quel que soit le pouvoir de la famille, celui-ci s’inscrit dans une dynamique aux paramètres qui vont bien au-delà de ce que l’on peut en percevoir et le rendent irrémédiablement fragile sans l’appui des autres familles.
Dans le monde du digital aussi, il existe des clans, des familles. Ces entités se sont créées dans le cadre de formations dédiées, de mandats communs, de conférences ou autres événements réunissant références établies et dauphins aux dents qui rayent le parquet (mélange d’expressions très illustratives, non ?). La digital connection ne faisant pas exception, elle a vu s’écrouler certaines figures (parties en retraite forcée), d’autres poignardées dans le dos par ceux-là même qu’elles avaient cooptés, des lieutenants promus trop rapidement au rang de capitaines, et, comme dans tout bon film, des parasites venus d’autres horizons ayant senti juste à temps le potentiel du trafic numérique.
Personnellement, j’aime bien Don Corleone, mais mon préféré, c’est Tom Hagen. Il fait partie de la famille, sans être jamais envisagé comme l’héritier. Fils adoptif du Parrain, il modère, observe, négocie et conseille la famille. Acceptant la rétrogradation, la seule chose qui lui importe est de pouvoir continuer à apporter une valeur ajoutée, quelle que soit sa fonction officielle. De vous à moi, le pouvoir suprême ne reste jamais bien longtemps dans les mêmes mains : il attise bien trop de convoitise ; la meilleure place c’est encore celle à côté, un peu en dessous, en bas, là, à gauche. Non, encore un peu plus bas. On n’y dérange personne et personne ne songe à y aller. Pourtant, on y entend tout...
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