Pour la 6 ème année consécutive, la Suisse est en 2016 en tête du Global Innovation Index, grâce notamment aux articles publiés par les chercheurs de l’EPFL et de l’EPFZ, et aux investissements massifs en R&D des multinationales installées sur son sol. En Septembre dernier, lors de sa publication, le résultat de ce classement a été accueilli avec un enthousiasme blasé, beaucoup de confiance en soi, et surtout aucune remise en question.
Pourquoi remettre en question ce classement, me direz-vous ? Parce que tout d’abord, comme tout classement, il est imparfait et ne prend en compte que certains critères, en laissant d’autres sur le bord de la route. Parce qu’ensuite, ce classement est co-publié par le WIPO (World Intellectual Property Organization), qui a tout intérêt à ce que l’objet même de son existence, à savoir les patentes, ait un poids considérable dans le classement, en oubliant que l’innovation a une définition bien plus large. Et parce qu’enfin, ce classement présente la réalité de l’innovation Suisse de façon biaisée.
Avec des multinationales qui pèsent pour 70% dans les dépenses de R&D du pays, autant dire que la très vaste majorité des entreprises du pays n’a pas sa part du gâteau dans ce domaine. Les très nombreuses PMEs et TPEs qui font le tissu économique du pays ne rêvent même pas de pouvoir se permettre des investissements en R&D. Elles aimeraient innover, mais on leur répète qu’innovation égale R&D, alors forcément…
Quid des nombreuses startups soutenues par des dispositifs fédéraux ou cantonaux ? Seules sont soutenues celles qui ont de la R&D au cœur de leur projet, comme si l’innovation venait uniquement de la high-tech ou de la med-tech. Et dès qu’elles prennent leur envol, elles doivent aller se poser assez rapidement à l’étranger, souvent aux USA, puisque l’aversion au risque des investisseurs locaux les force à aller chercher des fonds ailleurs. Bien souvent, elles ne sont même pas passées par la case du rendez-vous bancaire, sachant pertinemment que serait peine perdue, n’ayant pas d’actifs physiques à mettre dans la balance.
Que faire pour que la Suisse soit véritablement innovante ? Encourager le développement d’une culture qui favorise l’expérimentation et accepte les échecs, encourager une plus grande diversité des projets et des porteurs de projets, encourager fiscalement l’investissement dans des projets novateurs, etc. La liste est longue et non exhaustive. On commence quand ?
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La Suisse n’est peut-être pas le pays le plus innovant, après tout