Il ne le fera pas, bien sûr. Mais François Hollande devrait démissionner. En réalité, il a fait la moitié du chemin en disant qu’il lierait sa candidature à un deuxième mandat aux résultats de son action, en particulier contre le chômage. Le verdict, presque à mi-parcours du quinquennat, est assez limpide.
Mais le président rondouillard ne bronchera pas, protégé qu’il est dans l’armure institutionnelle mal ajustée que Charles de Gaulle avait taillée pour lui-même. Le général était parti. Lui restera.
Le bizarre régime corrigé et instable de la V e République le lui permet : même désavoué dans les urnes et avec une majorité contraire à l’Assemblée, le président peut se maintenir à l’Elysée, dépouillé d’à peu près tous ses pouvoirs. C’est déjà arrivé deux fois.
Mais François Hollande, naturellement, ne prendra pas le risque d’une nouvelle défaite assurée en organisant des élections législatives avant terme.
Et pourtant, le désaveu qu’il vient de subir est cinglant, bien pire que celui dont de Gaulle avait tiré les conséquences en 1969, en démissionnant. Il porte massivement la responsabilité du triomphe – «européen», si on ose dire – du Front national, désormais la première formation politique de France. Il a livré son pays, nouvel homme malade de l’Europe, à la femme qui vomit tant l’Union européenne qu’elle en est malade.
Est-ce l’homme qui fait l’Histoire, ou l’Histoire fait-elle l’homme ? D’Hérodote à Hannah Arendt, en passant par Marx, les philosophes n’ont pas épuisé cette question au long cours. Mais il arrive qu’en des épisodes circonscrits apparaisse clairement le rôle primordial des individus.
Voyez l’Italie. Qui pourrait ignorer le rôle décisif du premier ministre Matteo Renzi, de son projet, de son engagement, de sa détermination et de son allant dans l’éclatante victoire de son parti aux élections européennes ? Et qui pourrait ne pas voir que l’inconsistance du Français a conduit le sien à la déroute ?
Un souvenir personnel. J’avais rencontré François Hollande au début de son ambition. Il sortait de l’ENA et venait de chausser des pantoufles à la Cour des comptes. Dans le parti socialiste, il avait créé un groupe baptisé «transcourants», et je voulais qu’il m’explique son idée. J’avais eu l’impression que, n’ayant pas de projet, il voulait se faire le porte-parole de ceux, parfois contradictoires, des autres.
En 2012, pour convaincre les Français de l’élire, il a promis d’étrangler la finance, d’augmenter massivement l’effectif des fonctionnaires (enseignants) et d’alourdir l’impôt pour payer la facture. Moins de deux ans plus tard, il a annoncé un allégement de la pression fiscale, des coupes sévères dans les dépenses publiques, et il est allé jusqu’en Californie pour prier les financiers, pas encore étranglés, d’investir leur argent en France.
Et ce ne sont que les inconséquences les plus voyantes. Les Français ont fini par les voir.
Gifflé, le président allait-il s’expliquer, consentir à un peu d’autocritique ? Il a convoqué la télévision pour déclarer que «l’Europe est devenue illisible»…
Ceux qui, depuis longtemps, refusent de lire l’évangile polyglotte et veulent fermer une fois pour toute le grand livre de l’Union européenne ont dû bien rire. Ils ont le vent en poupe et le rouge au Front. Face au brouillard hollandais, Marine Le Pen et ses phalanges déroulent leur progamme parfaitement cohérent. Retour au franc. Repli sur l’agriculture hexagonale. Rétablissement et fermeture des frontières pour repousser les Roms et les autres. Protectionnisme «intelligent». Et pour le reste, comme le dit le lieutenant Florian Philippot, écoutons l’avisé Christoph Blocher.
Derrière la petit joueuse de flûte bleu marine, la procession est de plus en plus longue. Où va-t-elle ? Ô France !
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François Hollande devrait partir