Vins de Bordeaux: les prix baissent
En cette période difficile pour la région viticole française, les professionnels s’organisent pour remonter les ventes: dégustations virtuelles, pression sur les prix, événements...

Château Palmer: «Un cru célèbre pour la douceur de son parfum et le velouté de sa texture», selon le critique Jean-Marc Quarin.
Crédits: Olivier MetzgerDepuis 2018, les vins de Bordeaux connaissent de grosses turbulences avec comme conséquence une chute de leurs ventes d’au moins 10% en 2019. Et 2020 ne s’annonce guère meilleure. En cause, les nouvelles taxes imposées depuis octobre 2019 par les Etats-Unis sur les produits importés (liées au conflit Airbus/Boeing) qui ont entraîné une baisse de 46% du chiffre d’affaires sur ce marché – le 2e à l’exportation – par rapport à 2018. Auxquelles s’ajoutent les incertitudes liées au Brexit et la baisse des ventes en Chine en raison de la concurrence des vins (détaxés) venant d’Australie et du Chili. De plus, en France – premier marché pour le bordeaux –, les habitudes des consommateurs changent, entraînant une baisse de la consommation au niveau national: -20% en cinq ans.
La pandémie de Covid-19 a aggravé les difficultés, mettant presque définitivement les producteurs K.-O, avec des salons annulés, des restaurants et hôtels fermés et des consommateurs confinés chez eux. Sans compter que, sous la contrainte de l’épidémie, l’Union des grands crus (UGC) s’est résolue à annuler sa semaine des primeurs fin mars, manifestation qui attire chaque année à Bordeaux entre 4000 et 6000 distributeurs, importateurs et journalistes du monde entier. La vente en primeur, très spécifique aux grands crus bordelais, concerne moins de 200 vins mais génère 20% du chiffre d’affaires de la filière et plus de la moitié des exportations de vins de Bordeaux, qui dépassent les 2 milliards d’euros.
Découvrir des pépites
Afin de limiter la casse, comme dans beaucoup d’autres secteurs, les producteurs ont su rebondir en organisant une campagne des primeurs, avec des dégustations du millésime 2019, de façon connectée. Durant le confinement, de nombreuses dégustations ont continué à être organisées dans les domaines pour les professionnels. L’e-commerce s’est développé et pourrait même connaître des records cette année.
Last but not least, pour relancer la vente des vins, les prix de la plupart des bordeaux ont baissé de 20 à 30%. «C’est une année intéressante pour l’achat de bordeaux, car les prix se sont adaptés à la conjoncture actuelle», estime le critique Jean-Marc Quarin. Ce dernier organise depuis cinq ans un rendez-vous annuel afin de mettre en avant des «pépites» moins connues que les célèbres grands crus classés. Des «outsiders», c’est-à-dire des vins dont le goût est supérieur à ce que l’étiquette laisse paraître. «Avec la crise actuelle, des regards avisés comme celui de Jean-Marc Quarin permettent à des domaines en déficit de notoriété de continuer à exister», commente Paul Marie Morillon, viticulteur et propriétaire du domaine Château Lafont.
L’événement se veut aussi un espace d’échanges entre les participants et les représentants des Châteaux de Bordeaux. «La Suisse est un marché très important pour nous – le 3e marché européen après la France et le Royaume-Uni», explique Thomas Duroux, directeur général de l’emblématique Château Palmer. «Il s’agit d’un marché exigeant, mais également d’une formidable plateforme pour nous faire accéder à d’autres marchés.» Sans compter que «le vin est l’un des rares produits qui permettent de se retrouver lors de moments heureux ou difficiles, comme on a pu l’observer durant la récente période de confinement», conclut Fabrice Léger, épicurien et cofondateur de l’événement lausannois.

Dégustations à Lausanne
Evénement Les Rencontres de Jean-Marc Quarin, dont Bilan est partenaire, se dérouleront le vendredi 4 septembre de 14 h à 21 h au Lausanne Palace (tarifs 40 fr. online, 50 fr. sur place). Les participants – privés
et professionnels – pourront déguster une trentaine de crus sélectionnés par le critique indépendant. La journée, trois ateliers proposeront des dégustations verticales (tarifs de 60 à 250 fr.). Le Petit-Château à Vully sera l’invité suisse de cette 5e édition.