SMOKING
Du fumoir au tapis rouge

Dans les maisons de l’« upper class » victorienne, les hommes se rendaient après le dîner au fumoir, sorte de boudoir masculin où l’on se retrouvait entre mâles de bonne famille pour la dégustation du tabac. Le nez des coquettes étant délicats et les hommes galants, ils enfilaient une veste courte qu’ils retiraient en sortant pour éviter à ces dames les odeurs de fumée. L’irrévérencieux et éphémère roi Edouard VIII mis fin à cette pratique distinguée en gardant cette veste durant le dîner pour recevoir ses invités. Une nouvelle mode décrispant les dîners chics était lancée. La mode passe mais le style reste. Le port du smoking se généralise ainsi dans les casinos, principalement à Monte Carlo. Symbole de la classe désinvolte, il traverse l’atlantique. Les américains l’adoptent et le nomment « Tuxedo » en référence au Tuxedo Park Country Club de New York où le smoking fit une première apparition publique fracassante sur le nouveau continent. Retravaillé, il prend la forme qu’on lui connaît aujourd’hui sous les ciseaux des tailleurs et devient la tenue de cocktail et des grandes occasions de prédilection.
De l’art du bon dress code
Avec son image de strass et de paillettes qui lui colle à l’étiquette, le smoking est dans l’esprit collectif un vêtement extrêmement habillé. Hors, il est strictement réservé aux cocktails, aux casinos et aux soirées dont le dress code spécifie « black tie ». Il ne se porte jamais de jour, uniquement après le coucher du soleil. Le frac (appelé aussi habit ou queue de pie), est la tenue la plus habillée et formelle du dressing masculin. C’est celle-ci que vous devrez revêtir si vous recevez une invitation comportant l’indication « white tie » même si de nos jours peu de monde en a l’occasion de le porter. Viennent ensuite le complet trois pièces, le smoking et, finalement, le costume de ville. Hé non, le mariage de votre meilleur ami ne pourra malheureusement pas vous servir de prétexte pour jouer les James Bond si vous tenez à respecter le protocole. Ryan Gosling au festival de Cannes 2011 en smoking bleu Salvatore Ferragamo
James Bond, égérie incontestée du smoking
Car en matière de smoking, James Bond est LA référence. Il confère et fait perdurer à ce vêtement cette aura de chic formel assaisonné d’une pointe de décontraction et d’impertinence. Le mythe cinématographique avance au même pas que le mythe vestimentaire. Cette pièce si codifiée, si stricte, pourrait sembler ne laisser que peu de place à la réinterprétation. Et pourtant, toutes les grandes maisons de couture proposent des smokings dans leurs collections. L’exercice ne le rend que plus exclusif. Le vrai luxe se reconnaît dans le détail. Chaque styliste ajoute, modifie subtilement les lignes en y apposant sa griffe tout en conservant le design primaire. Cette saison, le nœud papillon reprend ses lettres de noblesse dans l’armoire de l’homme au quotidien. Et tandis que l’uniforme moderne jeans/chemise se pare d’une distinction très 50’s, le smoking prend lui aussi le chemin de la nostalgie. Le veston et la chemise à plastron se colorent pour une note résolument rétro. Brioni, accessoirement fournisseurs de Monsieur Bond depuis Pierce Brosnan, ose les couleurs fortes, en association ou en total look, mais dans des coupes classiques. Chez Tom Ford le scandaleux, le veston est de couleur vive, en velours de surcroît, et rehaussé d’un nœud papillon très large. La maison Dior Homme présente, elle, une version revisitée tout en sobriété avec des ensembles bleu foncé sur chemise et nœud papillon blancs. Chez Burberry, le veston est très cintré et le nœud étroit est droit pour une allure longiligne moderne et branchée. L’excentrique Jean Paul Gaultier propose quant à lui un concept « James Blonde », sorte de croisement détonnant entre Sean Connery et Claudia Schiffer.
Si vous devez en acquérir un, optez pour la tenue classique. Un smoking est donc composé d’un veston court noir, droit ou croisé, aux revers de satin ou de soie. Le pantalon à galon de soie sur les côtés est noir également. La chemise est forcément blanche, idéalement à col cassé, bien que le col simple semble entrer dans les mœurs. Le nœud papillon, est incontournable mais à géométrie variable selon la mode, la tendance et les goûts. La règle d’or est qu’il ne dépasse pas la distance entre vos yeux. La ceinture drapée en satin, reste historique du gilet qui faisait partie de l’habit. Elle fait partie intégrante de la panoplie dans le pays de l’oncle Sam mais il est encore mal vu de la porter sur le vieux continent. Attention aux chaussures, cette tenue d’apparat ne souffre aucune négligence en matière d’élégance. Choisissez des souliers de cuir noir ultra glacé, voir même, idéalement vernis. Pourvu que ça brille ! De simple veste anti-odeur à véritable muse de designers renommés, le smoking ne cesse de fasciner par son destin exceptionnel. Parce que si le pyjama de Hugh Efner avait suivi le même destin que le smoking, il se pourrait bien, messieurs, que ce soit votre plus beau peignoir que vous sortirez lors des grandes occasions. James Blonde, défilé automne/Hiver 2011 de Jean-Paul Gaultier
Crédits photos: Dr
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