Quand les vignes passent au bio
Un nombre croissant de vignerons suisses passent à l’agriculture biologique. Or, une phase de reconversion de trois ans s’avère cruciale.

Se passer de chimie de synthèse pour ses vignes est une option de plus en plus souvent choisie par les vignerons: de 5 hectares en 1985 à 427 hectares en 2015, la vigne bio ( label Bourgeon ) gagne du terrain en Suisse. Depuis 2009, la surface a quasiment doublé (de 285 à 427 hectares). «Les producteurs souhaitent s’affranchir de la chimie de synthèse avec sa panoplie d’angoisses et de résidus dans les produits», assure Dominique Lévite, spécialiste vin au FiBL , organisme bio pour la Suisse.
Cependant, entre l’arrêt de l’épandage de produits chimiques et le label sur la bouteille s’écoule une période de transition de trois ans. Trois années délicates durant lesquelles les viticulteurs appliquent les règles bio sans pouvoir vendre aux prix du bio. Pour les aider dans leur démarche, plusieurs initiatives ont été mises en place. «Il existe un label Bourgeon Reconversion dès la deuxième année, et une série d’aides fédérales et cantonales», détaille Dominique Lévite.
Des soutiens que salue Gilles Besse, viticulteur à Vétroz (VS) avec Jean-René Germanier: «Nous allons bénéficier cette année du label Reconversion Bio, à la suite d’un accord avec notre distributeur. Quant aux aides, elles ne compensent pas 100% du surcoût de la production en bio mais allègent les charges.» Ces charges, ce sont notamment des heures de travail supplémentaires dans les vignes. Car le bio exige des passages plus fréquents dans les parcelles que la production conventionnelle.
Des horaires élargis, parfois un besoin de main-d’œuvre accru, voire des dépenses supplémentaires en carburant: «On consomme plus de diesel que l’an passé car on est bien davantage dans nos terres au jour le jour», glisse François de Coulon, du Château d’Eclépens (VD), qui vient d’entamer sa reconversion vers le bio.
«Il est évident que la période de conversion est délicate: on a investi pour 100 000 francs de machines… et en même temps on n’a pas encore les revenus du bio Bourgeon. Il y a cependant des primes à la reconversion dans le canton de Vaud (500 francs par hectare). C’est précieux, sans ça, on n’aurait peut-être pas osé.»
Gilles Besse doit composer avec d’autres facteurs, dont le relief: «Le plus compliqué, c’est dans les coteaux peu accessibles et peu voire pas mécanisables.» Ici, pas d’autre solution que de mobiliser davantage l’humain. Un facteur que reconnaît Dominique Lévite. «Pour les sols, le grand défi, c’est de gérer les plantes qui viennent concurrencer la vigne. Trouver des méthodes, des machines, des couvertures de sol pour limiter le stress hydro-azoté, c’est le challenge majeur.»
Partager les expériences - -
Fort heureusement, face à ces défis, les professionnels du vin peuvent s’épauler. «Nous sommes souvent sollicités et nous formons parfois des groupes en reconversion autour d’un viticulteur bio qui a déjà un sérieux et du succès. Sur le plan de la formation, il existe désormais un cursus à l’école Marcelin à Morges (VD) pour former des viticulteurs en bio, avec patente à la clé. On a 12 étudiants, qui sont déjà tous en activité», confie Dominique Lévite. Gilles Besse abonde en ce sens: «BioValais regroupe tous les gens qui se mettent au bio: trois plateformes régionales ont vu le jour avec des rencontres. On était 60 personnes récemment et il y avait une belle émulation. C’est important, cet échange entre vignerons: tout le monde a intérêt à apprendre des autres et à partager les expériences.»
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