Postfossil, manger au futur simple
Le collectif, basé à Zürich, crée un design responsable qui bouscule nos comportements routiniers. Une approche qui se démarque par son ouverture, son intégrité et une légère ironie, Swiss understatement oblige.

Raffinement estétique et préoccupation écologique ? Tout à fait, car le design participe à l’évolution de nos habitudes alimentaires. C’est sur la base d’une constante réflexion écologique que le collectif Postfossil voit le jour en 2007. Sortis de l’école de design industriel de Aarau, plusieurs designers se réunissent pour créer un laboratoire d’idées. Née dans une époque de dépendance aux technologies liées aux énergies fossiles et d’épuisement de ressources naturelles, cette prometteuse formation de designers alémaniques réfléchit aux modes de vie de l’ère post pétrolière. Si être designer permet d’influencer nos modes de vie, la responsabilité n’est pas un aspect mais la case de départ. Leur approche ne se limite pas à prôner un design expérimental associant matériaux alternatifs et méthodes de production écologique. Leurs créations visent à créer de nouveaux gestes et réflexes chez le consommateur.
LA CUISINE, LIEU DE RENCONTRE
Le printemps passé, leurs idées ont illuminé le showroom Ventura Lambrate lors du Salon du Meuble de Milan grâce au projet Trattoria Utopia, traduisible par « idéal de convivialité ». Si la trattoria évoque l’absence de prétention, elle se manifeste dans des objets ingénieux aux formes simples. Les cônes en porcelaine de Christine Birkhoven, dont la blancheur éblouissante extérieure contraste finement avec les couleurs intérieures, rappellent la forme des cornets à frites mais contiennent des légumes. Puis de l’imagination de Thomas Walde naissent des fourchettes autour de la notion de temps. Une série invite à la lenteur de la dégustation avec une procession de fourchettes en enfilade croissante, l’autre synthétise une forme idéale, et artisanale, pour le take away. Selon l’étude Food Styles publiée par le Zukunfs Institut, le prêt-à-manger connaîtra en effet une évolution gustative et nutritive.
Sculptures i-coniques de Christine Birkhoven.
PSYCHOGASTRONOMIE
Aujourd’hui notre alimentation fait référence à des traditions culinaires très différentes. Thomas s’est plongé dans l’histoire des ustensils de cuisine et a découvert que leur utilisation est étroitement liée aux différences culturelles. Ainsi, dans la cuisine asiatique par exemple, les couteaux sont utilisés pour la cuisine mais ils ne font pas partie de l’appareillage de table. Ces pièces, réalisées de façon artisanale, au lieu de favoriser uniquement l’ergonomie ou la facilité d’emploi habituelle, ont été dessinées pour s’imposer dans notre vie en créant de nouvelles habitudes. Si la cuillère un poil plus large nous arrache un sourire, les fourchettes aux dents arrondies et serpentines nous permettront difficilement de consommer de la viande. Florian Hauswirth nous présente deux récipients, un pour le vin et l’autre pour l’eau, qui nous font penser à une grande bouteille coupée en deux et nous incitent indirectement à boire de l’eau du robinet plutôt que celle conditionnée. Le concept de dualité et complémentarité revient dans son Double Facette, une série d’objets pour la table qui, en mariant céramique et bois, nous invite au plaisir des papilles et au plaisir tactile des contenants.
Changer notre paysage quotidien signifie aussi renforcer le dialogue entre utilisateur et objets car c’est précisément l’expérience qui nous lie aux objets. Ces créations résonnent donc comme des visions d’un futur proche. Dans un domaine si essentiel au quotidien que celui de se nourrir, elles nous taquinent tout en flattant notre besoin esthétique. Avec des projets qui parlent d’utopie et de chance, avec le bac à fruits Trèfle, ou avec la toupie Save our souls, on peut bien dire que ces designers sont porteurs d’avenir.
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