Mirabaud s’associe à Alain Ducasse
La banque privée Mirabaud s’associe au chef le plus étoilé au monde, Alain Ducasse, afin de développer son groupe qui investit dans des manufactures incarnant l’excellence du savoir-faire culinaire et de l’art de vivre français. Interview.
Le chef monégasque aux 20 étoiles Alain Ducasse, fondateur et dirigeant du groupe éponyme, s’est récemment associé à la banque privée genevoise Mirabaud afin de faire évoluer son groupe vers des manufactures et artisans de la gastronomie et de l’art de vivre français.
Alain Ducasse, qui reste majoritaire de son groupe, entend ainsi développer une autre dimension de l’alimentation, à travers des boutiques et des artisans dans l’alimentation et plus uniquement dans des restaurants. Il a ainsi déjà lancé la manufacture de chocolat et la manufacture de café afin de sublimer le goût de ces denrées. Interview de l’homme d’affaires qui détient un empire commercial au niveau mondial, dans plus de 72 emplacements dont 36 restaurants.
Quelles sont les motivations premières de ce partenariat avec la banque Mirabaud ?
Avancer. Il est évident que tout le monde traverse une période difficile. Raison de plus pour ne pas baisser les bras. On justifie trop souvent le fait de ne pas avancer en disant que c’est parce que c’est difficile. Moi, je pense que c’est difficile parce qu’on n’avance pas. Et j’ajoute que les conversations avec Mirabaud Patrimoine Vivant avaient commencé bien avant la pandémie.
Avec un partenaire suisse, est-ce que l’idée est de se développer aussi en Suisse ?
Pourquoi pas ? Aujourd’hui la priorité est de tripler le montant de l’activité « Manufactures » d’ici à cinq ans. Pour cela, nous allons commencer par nous renforcer dans les pays dans lesquels nous sommes déjà présents, c’est-à-dire la France, le Japon et le Royaume Uni. D’autres implantations, dans d’autres pays, suivront.
D’ailleurs, pourquoi est-ce que le groupe n’a jamais ouvert d’établissement en Suisse ?
Il y a beaucoup de pays dans lesquels notre maison n’est pas présente, y compris en Europe. La raison est très simple : l’opportunité ne s’est pas présentée. Autrement dit, nous n’avons pas rencontré de partenaires avec lesquels nous aurions eu envie de nous développer. Pour autant, depuis un an, nous avons noué un partenariat avec une entreprise suisse leader dans le domaine de la formation, Sommet Education. C’est une décision extrêmement importante puisqu’elle va accélérer considérablement notre développement dans le secteur de l’éducation, avec un partenaire qui partage nos valeurs et qui a, lui aussi, énormément d’ambition. C’est ainsi que le tout nouveau Ecole Ducasse Paris Campus verra le jour à Meudon en novembre 2020.
Après le chocolat et le café, quels sont les prochains domaines d’investissement du groupe ?
Compte tenu de nos objectifs, notre développement dans les Manufactures va nous occuper pendant un bon moment. Et puis, nous n’oublions pas le cœur de notre métier, la restauration. Elle reste l’épicentre de notre maison : toute l’expérience accumulée irrigue les autres activités, notamment l’éducation et l’édition. Evidemment, la crise sanitaire que nous traversons complique un peu les choses, mais cette crise ne durera pas éternellement et il est crucial de se tenir prêt pour la suite.
Comment définissez-vous l’art de vivre français ?
Question difficile. Peut-être qu’il faut chercher la réponse dans le regard que les étrangers portent sur cette idée. Ce qu’ils apprécient, je pense, c’est une certaine élégance, un sens de l’harmonie. Cet art de vivre s’exprime dans de nombreux domaines: la restauration, mais aussi la mode, l’artisanat d’art et bien d’autres. C’est un héritage, celui de l’humanisme de la Renaissance, mais c’est aussi un art de vivre qui sait s’exprimer de façon très contemporaine. Il faut cultiver l’art de vivre à la française car nos entreprises réussissent lorsqu’elles lui sont fidèles.
Comment bien se nourrir aujourd’hui ?
Encore une question qui mériterait de longs développements. Pour simplifier beaucoup, je dirais : moins de gras, moins de sucre, moins de sel. Et j’ajouterais: plus de fruits, de légumes et de céréales. Ces préconisations ne sont pas seulement diététiques. Ce sont aussi des changements de comportements qui ont un effet bénéfique pour la planète. Bien se nourrir, c’est à la fois protéger sa santé et protéger la santé de la planète.

- 72 Emplacements
- 36 Restaurants