Maserati, la résurrection du trident
Intégrée au groupe Fiat depuis 1993, l’entreprise affiche aujourd’hui une santé resplendissante avec un carnet débordant de commandes, reflet d’une gamme renouvelée et bien pensée. Miracle à l’italienne ?
Pas vraiment. Plutôt le reflet de l’engagement successif de deux figures emblématiques du monde automobile, Giovanni Agnelli et Sergio Marchionne. Le premier sauva en son temps Maserati en reprenant l’entreprise au bord du désastre économique, le second lui donnant dernièrement un cap clair et les moyens de ses ambitions.
Passer de la rareté artisanale à l’industrie du luxe, voilà résumé le principal défi auquel la marque italienne devait répondre. En d’autres termes, augmenter drastiquement le volume de véhicules produits afin de prétendre à une rentabilité élevée, tout en préservant l’image haut de gamme et sportive héritée d’un glorieux passé.
Concrètement, cela s’est traduit par l’annonce d’un objectif chiffré de 50 000 unités par an en 2015, alors même que la production n’était que de 7000 véhicules en 2012. Les nouvelles Ghibli et Quattroporte devraient à terme assurer la moitié des ventes, le prochain modèle SUV Levante comblant à lui seul les 50% restants.
De quoi permettre à la marque d’entrer dans la cour des constructeurs réussissant à conjuguer avec talent le prestige d’une production initialement de niche – comme celle de Porsche, avec à l’origine pour seule proposition la 911 – et les désormais inévitables, rentabilité oblige, modèles plus accessibles.
La Suisse représente pour tous les constructeurs de voitures haut de gamme un important marché. Avec sa topographie accidentée et son climat rude, notre pays constitue le royaume des véhicules à transmission intégrale. Les nouveaux modèles de la gamme Maserati – Ghibli et Quattroporte – disposent désormais d’une version 4x4 à même de séduire la clientèle helvétique.
Le système Q4 bénéficie d’une régulation automatique de la puissance entre les roues avant et arrière, en fonction des conditions d’adhérence. Testé en conditions hivernales, ce choix technique concilie habilement sécurité et sportivité. Tant qu’aucune perte de motricité n’est détectée, la puissance est adressée prioritairement aux roues arrière.
Si les conditions évoluent, le système module imperceptiblement la répartition, de la manière la plus efficace qui soit. Les limites de la physique dépassées, le conducteur aventureux ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.
Si Maserati a bien failli connaître plusieurs sorties de route au cours de sa longue histoire, la marque semble désormais prête à affronter l’avenir avec de solides atouts. De quoi donner la réplique à Sergio Marchionne, qui déclarait il y a quelques années : « Je crois beaucoup au futur de Maserati. Mais Maserati doit me montrer qu’elle y croit aussi. » Réponse claire de la bergère au bouillonnant berger.