L’Abbaye royale de Fontevraud
Cet automne, on pose ses valises dans la plus vaste cité monastique d’Europe héritée du Moyen Age. Nichée au cœur du val de Loire, l’Abbaye royale de Fontevraud fait vivre son patrimoine: un restaurant étoilé, un musée, un hôtel et des résidences d’artistes.


UN AUTOMNE ARTISTIQUE
L’Abbaye royale de Fontevraud accueille des artistes en résidence, des concerts, des expositions temporaires – à ne pas rater « Les vitraux d’artistes » – et des installations permanentes. Ainsi, « Mort en été » de Claude Levêque occupe l’ancien dortoir. François Morellet signe pour sa part « Un clin d’œil à saint Benoît ». L’artiste marie un jeu de lumière cosmique avec un trait lumineux fragmenté de néons rouges, référence à l’éclair de Dieu qui illumine saint Benoît dans sa grotte un soir. Ce parcours d’art contemporain se visite jusqu’au 1er novembre. Le mois suivant, le Musée d’art moderne accueillant la collection de Martine et Léon Cligman avec des œuvres de César, Delacroix, Degas ouvrira (enfin) ses portes.

L’IBAR ET LE RESTAURANT
On découvre les vins de la région à l’iBar, construit dans la chapelle du prieuré Saint-Lazare. Ce bar est habillé d’un long monolithe en chêne, une structure moderne de quatre tonnes qui sert de tables. A Fontevraud Le Restaurant, place à l’univers de Thibaut Ruggeri, Bocuse d’or monde 2013, une étoile au guide Michelin depuis 2017. Le chef s’inspire des cycles lunaires. Sa cuisine épurée puise une partie de ses matières premières dans le potager de l’abbaye. Ce dernier pourvoit le restaurant en légumes, miel et fruits. De quoi recevoir en janvier 2020 le prix gastronomie durable avec un « macaron vert » du guide Michelin.

QUELQUES REPÈRES
Tout commence avec Robert d’Arbrissel qui installe ses disciples ici en 1101. En moins d’un siècle, la communauté religieuse devient le symbole de la puissance des Plantagenêt. La nef de l’église abbatiale abrite encore les quatre gisants de cette dynastie: Aliénor d’Aquitaine, qui a contribué à la richesse des lieux avant de s’y retirer jusqu’à sa mort en 1204, Henri II Plantagenêt, leur fils Richard Cœur de Lion, et Isabelle d’Angoulême. Après la Révolution française, les biens sont nationalisés. Napoléon Ier reconvertit l’ancien monastère en un domaine carcéral, et hop, les cellules des moines deviennent celles des prisonniers.

TABULA RASA
Depuis 2014, la maison fines bulles Ackerman et l’Abbaye royale de Fontevraud ont uni leurs savoir-faire pour créer un nouvel espace de création, la Résidence Ackerman. Les frères Chapuisat, venus de Suisse, ont construit l’an dernier « Tabula Rasa » : deux structures monumentales en bois. La première se trouve au cœur des parois rocheuses des caves troglodytiques de la maison de vin, à Saumur. La deuxième se découvre dans le petit bois de l’hôtel de l’abbaye. A voir jusqu’en 2022.

HÔTEL FONTEVRAUD
L’hôtel séduit par son design épuré. Cerise sur le gâteau, les 54 chambres sont aménagées dans l’ancien prieuré inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2000. L’abbaye fermée au public, on poursuit le soir sa balade au cœur du domaine de 14 hectares dans les pas discrets des moniales d’autrefois. Du cloître, on rejoint les jardins centenaires dans un silence apaisant et revigorant.